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Hélène Radlinska : aux sources de la pédagogie sociale...

lundi 12 mars 2012, par Greg

Pédagogie sociale : l’expression frappe tout autant par l’évidence de sa simplicité que par l’étonnement et les interrogations qu’elle peut susciter. Elle nous rappelle en premier lieu
que la pédagogie ne se conçoit pas sans
une caractérisation : on parle de pédagogie nouvelle, de pédagogie différenciée, de pédagogie institutionnelle, de pédagogie libertaire, etc.

Par Grégory Chambat,
enseignant en collège,
CNT 78.

Sur les chemins de l’école

Étymologiquement, avant d’être ceux qui pratiquent et pensent l’enseignement, les pédagogues (παιδαγωγός) sont, dans l’Antiquité, les esclaves chargés d’accompagner l’élève sur le chemin de l’école en portant son matériel. Bien que lui-même opprimé et enchaîné, le pédagogue est celui qui conduit ses apprentis sur la voie de l’émancipation, en le dotant des outils nécessaires et en l’allégeant d’une part du fardeau pour faciliter son parcours. La pédagogie nouvelle consisterait donc à emprunter des pistes jusque-là inconnu ; la pédagogie de projet fixerait toute son attention sur le but du voyage, la pédagogie différenciée inviterait l’enseignant à régler son pas sur celui de ses élèves… Et la pédagogie sociale ? Peut-être propose-t-elle de s’attarder et de se concentrer sur le chemin, de le penser et de l’étudier, de faire de ce chemin même le lieu de l’apprentissage, par exemple avec les ateliers de rue pratiqués par les éducateurs [1]… Peut-être s’attache-t-elle également à réfléchir à la nature d’esclave du pédagogue, à ne pas l’ignorer, à l’intégrer dans le processus éducatif pour mieux la dénoncer et la dépasser afin de libérer, dans le même mouvement, le petit maître et son serviteur.

Tentative de définition

Cette notion de pédagogie sociale a été élaborée et popularisée par une pédagogue polonaise, Hélène Radlinska, au sein de l’université populaire Mickiewicz (rapport présenté au II e Congrès pédagogique de Lwow en 1908). C’est là que le terme se forge. Il sera ensuite approfondi à l’École du travail social de l’Université libre polonaise (dans les années 1920-1930). Pour Radlinska, appliquer l’adjectif « social » à la pédagogie invite l’éducateur à mener son action « pour », « avec » et « à travers » le milieu dans lequel il intervient. Radlinska définit la pédagogie sociale comme : « une action consciente, visant la transformation de la vie collective […] au nom d’un idéal et se réalisant dans un contexte social précis, et effectué au moyen des forces individuelles et collectives. » Parallèlement, elle articule cette pédagogie avec sa mise en pratique : le « travail social/communautaire », expression qu’elle utilise de préférence à celle de travail social (ou de travailleur social) pour souligner la cohérence et la continuité entre la finalité (la communauté) et le moyen d’agir (les forces collectives de cette communauté).

Le parcours d’Hélène Radlinska

Pour comprendre les conditions d’émergence de cette notion, il est utile de ­s’arrêter sur le contexte historique et géo­­­­gra­- phique de son apparition et sur le parcours de son initiatrice. Née en 1879, la vie d’Hélène Radlinska coïncide avec les grands moments de l’histoire de la Pologne (pays dont le Père Ubu notait malicieusement qu’« il n’existait nulle part… » [2]). S’y lisent toutes les ambiguïtés et les contradictions qui vont accoucher de ce concept. Élevée dans un milieu privilégié, celui de l’élite artistique et intellectuelle de Varsovie, Hélène, née Rajchman, va consacrer sa vie à l’éducation des plus démunis. L’incroyable aspiration populaire au savoir et à l’instruction, farouchement réprimée par les forces d’occupation, trouve malgré tout à s’exprimer à travers des campagnes clandestines de conférences, des publications bon marché « pour le peuple », la diffusion illégale de périodiques, d’abé­­cédaires, etc. Ces activités éducatives illicites sont coordonnées par un Cercle de l’instruction populaire, fondé par Bleslaw Hirszfeld, l’oncle d’Hélène, avec lequel elle collabore activement. La dimension révolutionnaire de la revendication à l’accès à l’éducation pour tous est mise en avant : Radlinska entend « joindre des réformes éducatives à la nécessité des changements des rapports sociaux » [3]. Mariée à un militant du Parti socialiste polonais, elle participe à la révolution de 1905 [4] et aux différents mouvements sociaux polonais. Les conflits idéologiques se cristallisent aussi autour de la question éducative qui devient un enjeu politique. Au programme conservateur et traditionaliste de la Société de l’instruction populaire, s’oppose un groupe de militants, dont Hélène Radlinska, qui cherchent à renouveler les objectifs et les méthodes d’éducation dans une perspective démocratique pour émanciper le peuple. Cette réflexion, qui recoupe celle des milieux révolutionnaires et/ou pédagogiques d’autres pays, va croiser – du fait de la situation particulière d’une Pologne sous le joug russe et autrichien – la question spécifique de la lutte pour la libération nationale. Et c’est cette problématique liée à la situation polonaise, qui va conduire Radlinska à interroger et dépasser l’une des contradictions propres à toute éducation : la tension entre la transmission/reproduction des traditions et l’émancipation par la rupture avec le passé. Une dimension que met en avant Ewa Marynowicz-Hetka dans le sous-titre de l’une des rares études en français consacrées à Hélène Radlinska (voir bibliographie) : « Travail social : le passé dans le présent et le futur ». La pédagogie sociale, parfois qualifiée par Radlinska elle-même de « pédagogie nationale » se construit non point comme « volonté de transformation de l’âme humaine suivant les idées nationales » mais dans « l’intention de changer les conditions qui freinent le développement de l’homme. » (Radlinska). Il s’agit à la fois d’ouvrir l’aspiration au changement, à la révolution et de s’appuyer, afin de légitimer cette transformation, sur l’histoire, l’héritage et la culture communautaire.

Une pédagogie hors l’école

Autre dimension originale, le fait que l’activité éducative déployée « se réalisait par l’intermédiaire des organisation sociales, en dehors de l’école, car le système scolaire dans les régions sous l’occupation aussi bien russe qu’autrichienne (bien que dans cette dernière l’enseignement du polonais ait été permis) était sous contrôle des pays ennemis » (Kaminski). La pédagogie sociale se détache petità petit de l’institution. Ce trait caractérise également un autre pédagogue, lui aussi polonais et lui aussi inspirateur de la pédagogie sociale : Janusz Korczak [5].

Même après l’indépendance de la Pologne, le parcours de Radlinska la conduit hors du système scolaire. Elle cherche à toucher tous les âges à travers des dispositifs parfois éloignés de l’enseignement traditionnel (travail social, aide, bibliothèques, édition, etc.). Dans le cadre de son travail à l’Union centrale des Cercles agricoles, elle développe un système d’instruction autodidactique en assurant la formation des instructeurs chargés, non pas « d’enseigner […] mais d’éveiller et de suggérer le besoin de s’instruire soi-même et d’animer les milieux dans lesquels l’instructeur déploie son activité » (R. Wroczynski). Elle s’inspire alors des courants innovants étrangers qu’elle découvre en participant à de nombreux congrès pédagogique internationaux.

Radlinska se consacre ensuite, au sein de l’université, à la « formation de professeurs pour les jeunes travailleurs et pour les adultes, d’instructeurs et de bibliothécaires », en développant un enseignement original et alternatif fondé sur la transdisciplinarité et un travail de recherche-action-formation. La Seconde Guerre mondiale la replonge dans la clandestinité, jusqu’à l’insurrection de Varsovie. En 1946, elle prend en charge la nouvelle chaire de pédagogie sociale avant sa dissolution en 1952.

Une pédagogie engagée

De ce parcours exemplaire et des spécificités du contexte politique polonais, il est possible de faire émerger un certain nombre d’invariants de cette pédagogie sociale. Il s’agit en premier lieu d’une pédagogie militante, inscrite dans un combat social émancipateur, où l’éducateur se met au service d’une cause et d’une communauté. C’est bien une pédagogie de transformation qui établit, dès ses origines, le lien entre éducation et justice sociale. Sa progressive institutionnalisation au sein de l’université polonaise ne fera jamais totalement disparaître cette dimension engagée, « sociale ». En cela, elle s’écarte tout autant du courant « médical » du travail social que du mouvement philanthropique et caritatif d’inspiration religieuse. À l’image du projet d’alpha­bét­isation-conscientisation de Paulo Freire, Radlinska n’entend pas conformer l’individu à son milieu, lui faire accepter le réel tel qu’il est, mais bien l’amener à le transformer. Car il s’agit également d’une pédagogie pour et par les opprimés qui s’est d’abord développée dans les milieux paysans et ouvriers afin de développer une conscience de classe. Ainsi, à l’occasion de son travail avec des jeunes vendeurs de journaux de rue, Radlinska constate qu’ils « demandaient quelque chose de plus que l’enseignement ».

Une pédagogie d’action

Corolaire de cette visée sociale et de cette attention au milieu, la pédagogie sociale est une pédagogie d’action, qualifiée souvent de « pédagogie de l’expérience de vie », une « pédagogie pratique » par opposition à la « pédagogie théorique » : « Les écrits des représentants de cette pédagogie sont des témoignages qui permettent au lecteur de vivre l’esprit de cette pédagogie. Ce sont toujours des histoires qui racontent des actions. » (Hessen) Expérience de vie, la démarche part systématiquement d’une analyse poussée des conditions sociales et du milieu (d’où la nécessité pour les éducateurs sociaux d’une formation pluridisciplinaire aux sciences humaines), condition première d’une « rencontre » avec l’autre et d’une transformation du réel. Parce que le travail social/communautaire attache autant d’attention à la réalisation de son objectif qu’aux moyens de l’atteindre, il agit non seulement « pour » la collectivité mais aussi « avec elle » et « à travers elle ». La solidarité, la communauté, l’intérêt public (« la nation », ajouterait Radlinska) sont en même temps des finalités et des moteurs de l’émancipation. Il s’agit donc moins d’apprendre à apprendre (comme par exemple dans l’Éducation nouvelle que les tenants de la pédagogie sociale critiqueront pour son aveuglement au milieu et aux conditions sociales) que de donner le désir d’apprendre et de trouver en soi – et dans le collectif – les ressources et les outils pour et par la transformation du réel. L’apprenant n’est pas simplement acteur, il devient auteur (voir encadré page précédente).

Où l’on recroise l’esclave pédagogue sur les chemins de l’émancipation

En France, les principes de la pédagogie sociale étaient en germe dans la réflexion éducative d’un Pelloutier ou d’un Albert Thierry, mais également chez Freinet, oscillant entre la promotion d’une école « moderne » et celle d’une éducation « prolétarienne » parfois également qualifiée par lui de « sociale » [6]. On croise l’expression en 1976, sous la plume de Bernard Charlot dans La Mystification pédagogique (éditions Payot) qui renvoie dos-à-dos, pour leur démarche « idéologique », pédagogie nouvelle et pédagogie traditionnelle. Cet ouvrage inspire la création, en 1980, des Groupes de pédagogie et d’animation sociale (GPAS) – toujours actifs aujourd’hui – qui vont entrer en contact avec les pédagogues polonais. Ce mouvement va approfondir la notion de pédagogie sociale qu’il définit comme « une pédagogie de l’expérience : il ne s’agit pas de faire des discours, fussent-ils humanistes, à des enfants mais au contraire de construire pour eux et avec eux des dispositifs qui leur permettent concrètement de voir la réalité dans sa complexité et aussi d’agir à leur échelle, c’est-à-dire là où ils vivent – la pédagogie n’a pas de méthodes spécifiques reproductibles partout. Au contraire, elle est fonction des territoires, de la situation sociale des enfants et de leur famille, de leur histoire, des contextes économiques et culturels singuliers ». « Avec des références permanentes au travail coopératif, à la mutualisation des compétences, au partage des ressources individuelles et collectives, à la formation continue et à la vie associative, les GPAS s’inscrivent naturellement dans la tradition et la filiation de l’éducation populaire. » La pédagogie sociale se démarque alors des mouvements d’éducation populaire en voie d’institutionnalisation, et son apparition au début des années 1980 ne doit probablement rien au hasard.

On retiendra également – et ce dans un contexte de lutte pour l’indépendance qui rappelle celui de la Pologne de Radlinska – l’expérience des Écoles populaires kanakes (EPK) lancée en 1985 par le FLNKS [7] et les syndicalistes de l’USTKE [8] comme alternative radicale à l’école coloniale. « Il est vrai que le système scolaire proposé aux Mélanésiens heurte des repères culturels profonds. Aux notions de communauté, de clan, de tribu, l’école française oppose la notion d’individu, ses ambitions, son intelligence personnelle. À la parole des ancêtres, à la patience, l’école française oppose l’innovation et l’urgence. L’école proposée en Nouvelle-Calédonie est un territoire où s’affrontent deux logiques sociétales. Pour contrer le phénomène d’acculturation que cette école française développe, apparaissent les Écoles Populaires Kanakes (EPK) » [9]. Dans le sillon de l’insurrection de 1984, où Éloi Machoro [10] fut abattu, le mouvement se lance, avec une participation très forte de la population, dans une « révolution pédagogique » [11] originale et élabore une péda­gogie dite « d’alternance » (alternance entre le milieu et sa diversité et l’école), où ceux qui enseignent sont à leur tour « enseignés ». Les cours sont dispensés aux jeunes enfants dans leurs langues maternelles – langues interdites dans les écoles publiques – et en français. Portées par une dynamique de lutte et un investissement des communautés, elles ont en effet su dépasser la seule perpétuation des traditions en mettant en cause les hiérarchies entre les sexes, entre les classes d’âges, entre les dirigeants et les dirigés du mouvement [12].
La pédagogie sociale est également développée par l’association Intermèdes, relayée par un « chantier de pédagogie sociale » au sein de l’Icem-Pédagogie Freinet [13].

Espérons que cette (re)découverte du concept, dans les années 2000 et 2010 (en 2011, Laurent Ott publie aux éditions sociales Pédagogie sociale : une pédagogie pour tous les éducateurs) présage d’une nouvelle dynamique. Le travail et les réflexions de la CNT-Éducation et de sa revue N’Autre école, depuis maintenant dix ans, bien qu’empruntant un autre cheminement plus « syndical », aboutit dans la même période – et sans connaître le concept et les références à Radlinska – à la promotion et à l’expérimentation d’une « Pédagogie socialement critique » (N’Autre école, n° 8/9, hiver 2006). On trouve également dans la littérature sociologique (Duru-Bellat, Les Inégalités sociales à l’école : Genèse et Mythes (2002) des observations et des références allant dans le même sens.

La pédagogie sociale, pour ou contre l’école ?

Du fait de son histoire et ses principes, la pédagogie sociale se développe actuellement hors de l’Éducation nationale. En septembre 2011, Laurent Ott annonce sa démission de l’Éducation nationale pour se consacrer pleinement à son travail au sein de l’association Intermèdes (voir entretien), considérant le système éducatif pétrifié dans ses certitudes. Il est vrai que cette pédagogie et son projet de transformation du milieu s’accommodent mal de l’institution et de ses conservatismes. À moins, peut-être, de mettre aussi l’accent sur le nécessaire engagement social (et syndical) des travailleurs de l’éducation – « pour », « avec » et « à travers » – la communauté éducative.

Dans ou hors de l’école, portée par des enseignants ou des éducateurs, la pédagogie sociale offre un potentiel d’expériences émancipatrices renouvelées [14] qui ancrent l’éducation dans le milieu, non pour le pacifier mais bien pour le transformer. Expériences qui méritent d’être partagées et développées. ■

La pédagogie sociale est une pédagogie globale qui concerne tous les aspects de la vie et qui a pour objectif une transformation sociale. 

– Dans la pédagogie traditionnelle, l’enfant est passif ;

– La pédagogie active est pensée par l’enseignant mais l’enfant est acteur ;

– Dans la pédagogie sociale, l’enfant est auteur.

Freinet se situe dans la pédagogie sociale avec la création de l’École moderne et son idée de transformation. L’enfant est amené à être conscient de lui-même, des autres, du monde.

La pédagogie Freinet c’est la pédagogie sociale à l’école, celle qui fait « entrer » Korczak à l’école. Les points communs entre les deux éducateurs sont en effet frappants :

– l’assembléisme ;

– le travail des enfants producteur de valeur utile à tous ;

– la critique de l’existant pour le modifier ensemble.

(D’après l’atelier pédagogie sociale de l’Icem)

Bibliographie
Sur Hélène Radlinska, nous avons trouvé deux articles, accessibles sur Internet :

Marynowicz-Hetka Ewa, « Travail social, développement du concept. Le passé dans le présent et le futur ».

Wroczynski R., « Héléna Radlinska, son activité et son système pédagogique », Enfance. Tome 17, n° 1, 1964, p. 69-80.

Sur la pédagogie sociale en général et son introduction en France :

Ott Laurent, Pédagogie sociale : une pédagogie pour tous les éducateurs, Chronique Sociale, collection Comprendre la société, 2011, 101 p.

Célestin Freinet, Œuvres pédagogiques, Le Seuil, 1992 (deux tomes).

Janusz Korczak, Les Règles de la vie, pédagogie pour les jeunes et les adultes, Fabert, 2010.

Paulo Freire, Pédagogie de l’autonomie, Eres 2006.

Le site des Groupes de pédagogie et d’animation sociale :

www.gpas.infini.fr Les GPAS ont publié en 1995 une revue, Pédagogie sociale, dont le premier numéro est accessible sur le site de l’Icem : www.icem-pedagogie-freinet.org/node/2677

Le site de l’association Intermèdes – Cultures Robinson : www.assoc.intermedes.free.fr

L’ensemble des compte rendus de l’Atelier pédagogie sociale de l’Icem sont en ligne sur le site de l’Icem.

Site de l’association Traces de Belleville : http://tracesp.free.fr

La revue Lien social a consacré un dossier à la pédagogie sociale dans son numéro 955 (janvier 2010).


[11. Les ateliers de rue sont l’une des activités développées par l’association Intermèdes – Cultures Robinson qui se réfère à la pédagogie sociale. « Cette action, dénommée “Cultures Robinson” se propose de réinvestir pour des activités de convivialité, sociales et éducatives, les espaces délaissés de la ville : espaces publics interstitiels entre bâtiments d’une part et friches péri-urbaines, d’autre part. Cette action est implantée dans le quartier sur de Longjumeau et sa périphérie » (www.assoc.intermedes.free.fr).

[22. Tout au long du xix e siècle, exception faite de la fin de la période napoléonienne avec le duché de Varsovie, la Pologne est partagée entre la Russie, la Prusse (puis l’Allemagne) et l’Autriche (puis l’Autriche-Hongrie). À la suite de la révolution d’Octobre, la France soutient l’indépendance polonaise en vue d’une opposition à la Russie soviétique et à l’Allemagne. La Pologne recouvre son indépendance en novembre 1918 (deuxième République). Le régime évolue vers une forme semi-autoritaire, sous l’influence du maréchal Joszef Pilsudski, qui prend le pouvoir en 1926, tout en conservant des élections libres.

[33. Aleksander Kaminski (1961), cité par Ewa Marynowicz-Hetka, « Travail social, développement du concept. Le passé dans le présent et le futur ».

[44. La Révolution de 1905 enflamme la Pologne secouée par des grèves et des manifestations. Sur les barricades le drapeau polonais côtoie le drapeau rouge, à Lodz la grève est générale. Les enseignants et les lycéens de Varsovie rejoignent les grèves de solidarité exigeant l’usage officiel du polonais dans l’enseignement. Au terme de ce mouvement, Hélène Radlinska et son mari sont déportés en Sibérie.

[55. Voir N’Autre école, n° 22, relecture pédagogique, « Janusz Korczak, l’autre insurection de Varsovie ».

[66. « Freinet, quant à lui, en tant que pédagogue, ne recherche pas seulement une pédagogie mieux en harmonie avec les besoins des enfants et le développement de leurs possibilités, mais une pédagogie d’action, de transformations personnelle et sociale. Il ne s’agit pas de trouver la pédagogie le plus performante, ni même la plus adaptée (qui produirait de « la réussite scolaire ») ; mais il faut, au contraire, créer les conditions d’une réappropriation de la pédagogie elle-même par ceux qui en sont les auteurs ; enfants, enseignants et parents. Cette ambition dépasse l’école et, de fait, la pédagogie Freinet est une pédagogie qui déborde l’enfant, la classe et l’école elle-même, en débouchant sur la correspondance, la sortie, l’initiative sociale, etc. » Laurent Ott, « Pour le chantier de pédagogie sociale », sur le site de l’Icem.

[77. Le Front de libération nationale kanak et socialiste, rassemblement de partis politiques de Nouvelle-Calédonie fondé en septembre 1984.

[88. L’Union syndicale des travailleurs kanaks et des exploités, syndicat néo-calédonien fondé en décembre 1981.

[99. Hardouin Magalie, « Programmes scolaires, enseignement et Nouvelle-Calédonie : un enjeu politique majeur pour un territoire en marche vers l’indépendance », in Spirale, n° 42, octobre 2008.

[1010. Éloi Machoro (1945-1985). Instituteur et partisan de l’Indépendance kanake socialiste (IKS). Le 12 janvier 1985, au lendemain d’émeutes à Nouméa, la gendarmerie déclenche une opération pour libérer la maison d’un Européen occupée par des militants indépendantistes. Éloi Machoro et Marcel Nonnaro sont abattus à bout portant par deux tireurs du GIGN. La gendarmerie laisse Machoro agoniser durant de longues heures sans lui porter secours.

[1111. Gauthier Jacques, Les Écoles Populaires Kanak : une révolution pédagogique ? L’Harmattan, 1996.

[1212. Après quelques années, à peine deux ou trois d’entre elles ont perduré, et une seule fonctionne encore sur la Grande Terre, l’école de Canala, pour les enfants de deux à neuf ans.

[1313. « C’est au sein de ce mouvement, qu’un ensemble d’acteurs sociaux, artistes, militants associatifs, étudiants qui ont tous en commun de travailler hors des institutions et dans les espaces publics, a décidé de constituer un “chantier de pédagogie sociale” ouvert à tous. Le chantier de pédagogie sociale regroupe aujourd’hui une trentaine des participants qui ont en commun un grand intérêt pour le travail “hors institution”, “hors cadre”, voire le “travail éducatif de rue”. » (présentation du chantier sur le site de l’Icem).

[1414. Voir la parution prochaine autour de l’association Intermèdes de Pratiques de pédagogie sociale.