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Soutenir et contrôler les parents – le dispositif de parentalité / École-parents le merveilleux dialogue de sourds

samedi 22 décembre 2012, par Greg

Parents…

La famille est remplacée par les parents (unis, séparés, biologiques ou non), la séparation des fonctions paternelle et maternelle laisse place à une répartition moins fixée des liens et des tâches d’éducation, la procréation-choix a, dans nos pays et pour presque tous, éliminé les naissances non désirées : nous n’avons pas encore digéré cette révolution anthro­pologique. Mais l’État en a tenu compte, mettant en place des dispositifs innovants dès les années quatre-vingt (soutien à la parentalité : 1999) mais tout en étant chatouillé de pulsions managériales ou sécuritaires ces dernières années. Cet ensemble complexe est présenté pas à pas par Gérard Neyrand, prof de socio à Toulouse.

C’est donc une bonne base pour poursuivre la réflexion sur ce qui nous intéresse le plus : la difficulté des parents des classes populaires, dont la spécificité ne risque souvent d’être prise en compte que sous l’angle du retard ou de la déficience… avant même la mise à l’écart qu’inflige l’école.

Le livre de Jean-Pierre Leroy, École-parents le merveilleux dialogue de sourds, est le produit d’une carrière engagée au service de l’éducation : enseignant du premier degré, l’auteur est passé au collège lors des années qui ont vu sa création ; chef d’établissement puis conseiller général, il s’est assidûment auto-formé et il a fait siens les apports des sciences humaines du dernier demi-siècle. Son écriture, directe, n’a ni le lisse ni l’impersonnel des ouvrages universitaires, et il ne prétend pas à la neutralité, même s’il sait éviter la polémique avec les réacs de tout poil. Il livre dans cet ouvrage un vaste panorama de l’ensemble des questions éducatives, des problèmes de l’adolescence aux rythmes scolaires, de la question de l’hétérogénéité des classes à celle de l’amour maternel.

On retiendra surtout quand, à deux reprises (p. 159-169 et dans la conclusion), il avance des idées personnelles et originales sur cette question de la famille, pour dire d’abord l’ambiguïté de cet intérêt (sur le fond, avec le retour des valeurs familiales, sur les choix politiques, entre valoriser les compétences des parents ou les discipliner), pour affirmer ensuite qu’il faut travailler avec les parents réels « c’est-à-dire l’ensemble des adultes qui tiennent la fonction parentale auprès du jeune ». Il s’oppose à l’excès de pessimisme sur la désaffiliation actuelle, rappelant au passage ce qu’était souvent la famille traditionnelle, et qui conduit à « une idéalisation du passé et une méfiance dans l’avenir ». Il faut dès lors « retrouver un espace de pensée qui permette de construire le social plutôt que d’en subir des évolutions incompréhensibles ». Il souhaiterait qu’à côté de « maisons des parents » comme celle de Romainville soient mises en place des unités de formation et de recherche.

Un complément au livre de Gérard Neyrand, une prolongation de notre numéro 30 sur « famille et école ».

Soutenir et contrôler les parents – le dispositif de parentalité, Gérard Neyrand, Erès, 171 p., 2011, 10 €.

École-parents le merveilleux dialogue de sourds, Jean-Pierre Leroy, L’Harmattan, 289 p., février 2012, 28 €.