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La Bourse des travailleurs
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International
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Édito :
La finance contre les peuples !
Le mois dernier, l’agence de notation
« Standard & Poor’s » dégradait
la note de la France avec la perte du
fameux triple A. Entre autres, l’Autriche, l’Espagne,
l’Italie, le Portugal, la Slovanie et la Slovéquie
faisaient partie de de cette fournée de
recalculés. Comme pour les autres pays,
l’agence de notation pointe un ensemble de réformes
à conduire mettant l’accent sur « l’endettement
public et la rigidité du marché du
travail ». On retrouve là les chevaux de bataille
favoris des dirigeants économiques. Il s’agit, au
nom de la lutte contre la dette et le déficit, d’affaiblir
les services publics et le système de protection
sociale pour ensuite, prétextant de leur
difficultés financières et structurelles soudaines,
les brader à des intérêts privés qui se
voient offrir de juteux nouveaux marchés. Il
s’agit de supprimer toutes formes de protection
des travailleurs pour les forcer à accepter toujours
plus de flexibilité et de misère dans leur
quotidien en s’attaquant notamment au code du
travail.
Nous sommes en train de nous prendre en
pleine figure une sorte de plan d’ajustement
structurel du FMI. Souvenez vous, c’est ce que
subissent les pays pauvres depuis des décennies
: le FMI et la Banque Mondiale leur prêtaient
des sous pour les sortir de leurs
problèmes économiques en les forçant à accomplir
un certain nombre de réformes antisociales
à la sauce libérale et servant les intérêts
des pays riches.
Et donc, là, sous couvert de ne pas s’enfoncer
dans le surendettement et de retrouver des taux
d’intérêt plus faibles pour emprunter, les
agences de notation nous disent ce que nous
devons faire en matière économique. Mais leur
remède tue le malade. Ils se servent de l’augmentation
de déficits publics pour justifier de
nouveaux plans d’austérité. C’est un non sens
économique ! Appliquer un plan d’austérité
c’est comme imposer une diète, voir une saignée
à un corps malade. Avec l’austérité, on
contracte l’activité et ça crée du chômage. Cela
veut dire aussi moins de rentrées fiscales et, au
final, plus de déficit. Ce qui amènera de toute
façon les agences de notation à baisser la note
à nouveau et alors on nous proposera un autre
tour de vis.
Aujourd’hui, le monde de la finance contrôle
l’économie et les agences de notation sont un
de leurs leviers. Mais elles ont le pouvoir que
les gouvernants ont bien voulu leur donner. Ils
se sont eux même volontairement mis la laisse
autour du cou.
La légitimité et le sérieux de ces agences est
plus que limite. D’ailleurs, elles n’en sont pas
à leur coup d’essai. Déjà en 1931, la Grèce
sombrait dans la dictature suite à un coup d’État
militaire après la dégradation de sa note par
Moody’s. Plus près de nous, ces agences
n’avaient pas vu arriver la faillite d’Enron et
cela jusqu’à 4 jours avant la-dite faillite. De
même pour les subprimes, elles n’avaient rien
vu venir. Encore que...
On rejoint là un autre problème de ces agences.
En effet, celles-ci sont payées par les émetteurs
des titres qu’elles notent. Que diriez-vous d’un
guide gourmand financé par les restaurants référencés
dans le guide ? Ainsi en refusant de
bien noter des produits financiers liés aux emprunts
immobiliers (subprimes), une agence de
notation aurait perdu ses clients qui représentent
près de 42 % du chiffre d’affaire pour une
agence comme Moody’s. On voit là un conflit
d’intérêt qui aboutit à une falsification de la réalité
au détriment de millions de gens et pour le
bénéfice d’une minorité de nantis. Quelques individus
décident de la vie de millions d’autres
sans aucune légitimité démocratique et avec
pour seule boussole leur dogme ultra libéral.
La démocratie perd de plus en plus de terrain
face au capital. Celui-ci ne prend même plus le
soin de se travestir en politique pour prendre
le pouvoir. La mise en place du MES (Mécanisme
Européen de Stabilité) dispositif décidé
dans l’opacité est leur dernière trouvaille pour
achever de livrer définitivement les peuples
pieds et point liés à la finance.
La CNT, toujours
en lutte contre le capital et pour la démocratie
directe, sera de toutes les mobilisations,
de tous les combats et les alternatives pour rejeter
leur modèle de société barbare.
Non, la MES n’est pas encore dite !