En ces temps de crise économique, le bouc émissaire « anarchiste », « gauchiste » ou « autonome » a bon dos. On agite le chiffon noir aux yeux de la population pour lui faire oublier les vraies questions : pour lui faire oublier que la SNCF est en passe d’être privatisée et que les transports ferroviaires vont être livrés à la sauvagerie du marché. Que bientôt comme en Angleterre, les accidents de train risquent de se multiplier. Que les conditions de travail des cheminots se dégradent à vitesse TGV. Que tous les rapports depuis des années pointent le manque d’entretien du réseau, conséquence du manque de personnel et des privatisations.
Car, en réalité, le but de ces arrestations surmédiatisées pour lesquelles on fabrique des accusations de façon grossière (on accuse avant même que le jugement n’ait eu lieu et on orchestre un battage médiatique aux allures de procès de Moscou), c’est bien de détourner l’attention de la crise financière qui frappe durement les travailleurs pendant que les banques se débarrassent de leurs actifs pourris.
L’État a toujours besoin d’un nouvel ennemi intérieur pour faire oublier qu’il organise l’accroissement de la précarité et des inégalités. Après les immigrés, les musulmans ou les jeunes de banlieue, une campagne ignoble est menée depuis l’élection de Sarkozy contre les militants anticapitalistes et notamment dits « anarcho-autonomes » auxquels sont appliquées maintenant les mesures antiterroristes depuis la circulaire du 13 juin 2008 du ministère de la « Justice » demandant aux procureurs de transférer tous les faits qui pourraient impliquer ou se rapprocher des modes d’action « anarcho-autonomes » au parquet antiterroriste.
Une circulaire qui stipule également que « c’est aussi à l’occasion de manifestations de soutien à des prisonniers ou d’étrangers en situation irrégulière que ses membres s’expriment, parfois avec violence ». Une manière de faire écho aux propos de l’UMP vis-à-vis de RESF, accusée d’être responsable de l’incendie du CRA de Vincennes en juin dernier…
En outre, nous ne saurions ignorer que toute cette affaire n’est en réalité que le premier coup de la nouvelle Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) créée fin juin en fusionnant la Direction de surveillance du territoire (DST) - les services secrets pour l’intérieur - et les Renseignement généraux (RG), la police politique : une telle réorganisation porte en elle-même l’amalgame « contestation sociale = terrorisme ».
En réalité, avec Edvige, les Tasers, vigipirate, les prélèvements ADN, la rétention de sûreté, le fichier base-élèves, les militants condamnés pour délit d’outrage, le GIGN envoyé contre des grévistes, bref avec le tout-policier et le tout-sécuritaire, c’est bien l’État qui nous terrorise au quotidien. La CNT dénonce cette politique sécuritaire qui consiste à fabriquer des épouvantails afin d’effrayer la population et de la détourner des luttes sociales. La CNT exige le retrait de la circulaire du 13 juin ainsi que de tous les fichiers et de tous les dispositifs qui visent à réprimer et criminaliser ceux qui luttent pour un monde solidaire et sans hiérarchie.