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Les historiens de garde, William Blanc, Aurore Chéry, Christophe Naudin (essai d’histoire critique)

lundi 20 mai 2013, par Franck

Le titre fait référence au "Chiens de garde" de Nizan (1932) contre la philosophie bourgeoise et aux "Nouveaux chiens de garde" de Serge Halimi (1997) contre les médias bien pensants. C’est donc un essai qui revendique son engagement contre une histoire nationale, catholique et réactionnaire. Néanmoins il s’agit d’un travail très documenté de jeunes historiens critiques qui se proposent de démonter la vulgate propagée par les historiens gardiens de la patrie et de l’ordre.

Le livre démonte d’abord sur le plan scientifique, d’une part les nombreuses bévues historiques et d’autre part, les manipulations que Lorànt Deutsch opère dans son livre Métronome. La vision historique qui le guide est une idéologie de la France chrétienne éternelle, une admiration nostalgique et militante de la royauté contre une France pervertie et avilie par la Révolution : c’est ce que les auteurs appellent, d’après l’expression de Pierre Nora, le roman national, soubassement idéologique de ce discours rétrograde.

L. Deutsch sert ici de façade acceptable et sympathique à un courant d’extrême-droite incarné par Patrick Buisson, ancien patron de Minute, ex-conseiller de Sarkozy et directeur de la chaîne Histoire, avec lequel il a coécrit un livre sur Céline... Les tenants de ce courant, - que ce soit la vieille garde : Jacques Bainville, Sacha Guitry ou la jeune garde : Jean Sévillia, Dimitri Casali, Franck Ferrand voire Stéphane Bern -, sont présentés et leurs travaux analysés.

Le dernier chapitre, "L’histoire est un sport de combat" en référence au film de Pierre Carles sur Bourdieu, veut répondre "au double phénomène qui relève à la fois d’un repli sur le roman national à des fins identitaires et par des stratégies marketing dont le but n’est ni plus ni moins que de transformer des citoyens libres en consommateurs d’image d’Épinal. Il ne s’agit plus d’aiguiser l’esprit critique, de susciter des découvertes puis des analyses, mais de vendre une forme de bien-être nostalgique." Mais les auteurs mettent aussi en garde contre la tentation de revenir à un roman national de gauche et veulent livrer bataille au grand jour. Il faut par ailleurs poursuivre la lecture de ce livre combatif par la visite du site http://www.leshistoriensdegarde.fr/ .On y trouve les preuves et les sources utilisées et une actualisation du thème.

Les historiens de garde : De Laurent Deutsh à Patrick Buisson, la résurgence du roman national, William Blanc, Aurore Chéry, Christophe Naudin, Nicolas Offenstadt (préface), éditions Inculte (Temps réels ; essai), 2013, 253 p., 15,90 €.