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Édito et sommaire

mardi 6 juillet 2010, par Greg

Le curé, le flic et le ministre

Faute de palme d’or, les palmes académiques ?! Après « le curé ou le pasteur » plus fort que l’instit pour la « transmission des valeurs » (discours de Sarkozy au palais du Latran en 2007), et depuis décembre dernier, dans la formation des futurs profs reconnaissant « la valeur des diplômes délivrés par les établissements d’enseignement supérieur catholique » (accord France-Vatican) ; après des écoliers de 6 et 10 ans « gardés à vue » dans un commissariat, Xavier Darcos veut installer des « portiques » à l’entrée des collèges et créer des « équipes mobiles d’agents spécialement formées » à la fouille des cartables !
Cette fin d’année scolaire s’achève donc dans le grotesque des mesures sécuritaires et des mensonges : ce serait la criminalité qui serait « responsable de la misère et de l’exclusion » (Le chef de l’État, jeudi 28 mai, palais de l’Élysée).
Cette farce, pas du tout comique, la fédération des travailleurs de l’éducation CNT la dénonce depuis plusieurs mois. La violence, c’est à l’école : les notations, la stigmatisation, la sélection, les filières valorisées et les autres, une école contre le peuple..., où les objectifs sont les bons résultats aux évaluations et « l’employabilité » des futurs étudiants. L’exclusion : l’avalanche des mesures gouvernementales contre l’école publique. De l’école caserne à l’école entreprise !
Pour une autre école, une autre université, à chacun d’entre nous de s’inscrire la résistance contre l’application des mesures Darcos.

Sommaire

 Une année de brèves

 2008|2009 l’an 01 ?

L’heure du bilan pour cette année 2008-2009. Une année initiatique puisque je débutais dans le métier de professeur des écoles et que la section Éduc de la CNT 87 allait profiter de cette année pour faire ses premières armes…

Sous les projecteurs

Une palme d’or pour un film qui a défrayé la chronique bien au-delà des salles des profs, une Journée de la jupe ravivant la guerre scolaire... Quand l’école passe à l’écran, les passions se déchaînent. Faut-il y voir une des motivations à la volonté ministérielle de multiplier les dispositifs de vidéo-surveillance et de filmer en continu ce qui se passe dans nos classes ? Maintenir l’école sous contrôle et lisser les discours... que veulent-ils cacher que nous ne sachions déjà ? Et quand le ministère lance un appel d’offres pour une veille de la contestation sur Internet, il s’agit encore d’écran de contrôle. Nous ouvrons donc ce dossier par une analyse de ce phénomène – analyse qui vient compléter un précédent numéro Écrans / écrits – tant le sujet est loin d’être épuisé et tant l’on constate que l’image que nous renvoient les écrans nous fascine parfois d’avantage que la réalité elle-même...

 Entre les murs - Cachez cet écran que je ne saurais voir...

Un bon film aide à comprendre. On a beaucoup parlé de Entre les murs. La Palme d’Or a fait de cette fiction – prise pour un documentaire – un miroir de toutes les craintes et de tous les partis pris, de toutes
les complaisances aussi. Les réactions ont été très nombreuses 1. Il y a ceux qui n’ont pas voulu se prononcer, restant dans le consensus cannois, et ceux qui ont crié à l’horreur, parce qu’ils ont vu leurs craintes cristallisées à l’écran : « la dictature du social » qui fait hurler Finkelkraut, l’absence de séquences de cours construites et de l’indispensable distance pédagogique pour Philippe Meirieu, en passant par les indignations de nombre de collègues, qui confessent parfois ne pas avoir vu le film.

 La Journée de la jupe - Contre plongée

 Zéro de conduite

 (ré)veille de l’opinion

À l’aide !

« L’aide, comment faire pour qu’ils s’en passent ? »
tel était l’intitulé d’un colloque organisé par
le GFEN et dont les principales contributions furent publiées dans la revue Dialogue.
N’est-ce pas cette question
que les désobéisseurs insoumis
ont également voulu porter sur la place publique ? Pour la première fois depuis
très longtemps, le mouvement social
s’est emparé de la question pédagogique...
à moins que ce ne soit l’inverse.
Si, au moment où nous bouclons ce numéro restrospective, le résultat le plus visible
de ces mouvements est leur répression
par le pouvoir, il est encore bien trop tôt
pour en tirer un bilan définitif.
Une chose est certain :, c’est par le biais
du « soutien », de l’aide personnalisée,
que le gouvernement entend imposer
ses valeurs : la compétition, le chacun-pour-soi qu’ils appellent « liberté », la misère toujours plus encadrée pour les plus faibles.

 Le soutien des inégalités

La mise en place du soutien a entraîné de nombreuses discussions même dans les écoles où le refus et la désobéissance n’ont pas été signifiés. Des enseignants ont déployé
des trésors d’ingéniosité, de générosité pour « remplir leur devoir ». Les désobéisseurs
eux dénoncent le mensonge des réformes réactionnaires, et se rendent compte que
« développer le soutien scolaire est une idée néfaste », comme l’écrit Nestor Romero dans son blog http://www.rue89.com/restez-assis. Nous vous livrons ici des extraits de ses textes.

 Dispositifs d’aide : au secours !

 (r)accompagner le ministre

À l’automne 2008, des associations complémentaires de l’école et divers mouvements pédagogiques voyaient leurs subventions sévèrement amputées par l’État. Au printemps 2009, ils signaient
de nouvelles conventions par objectif (CPO) avec le ministère. Jusqu’où peut-on s’associer
à une politique contraire à ses idéaux ? Que peut-on faire avec un gouvernement qui affirme
que les associations sont nécessaires tout en limitant leurs ressources, qui récupère
ce qui leur reste comme force de proposition pour en faire des prestataires de services ?

 RASED – ERASED

En septembre 2008, le ministre de l’Éducation nationale annonçait la suppression sur trois ans
des Réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté.

 Au commencement étaient les IUFM

Cette année, avec l’annonce de la mastérisation des concours, un mouvement
(plutôt qu’une lutte) s’est développé dans les IUFM. Ce « mouvement » a aussi été l’occasion de revenir sur ce que sont les IUFM, et sur ce que devrait être la formation des enseignants.

 Document Lettre ouverte à mes collègues insepcteurs

En face : le pouvoir

Nous assistons incontestablement
à un tournant sécuritaire du discours scolaire officiel. La fable d’établissements livrés aux gangs et à une incontrôlable racaille, complaisamment relayée
par les médias, sert de prétexte à l’étalage
de mesures visant à renforcer le contrôle
et la répression jusque dans les écoles :
policiers référents, caméras, portiques, équipes mobiles d’intervention...
Qu’importe les nombreuses bavures
de ces derniers mois (intervention de brigades
avec chiens policiers dans des classes de collège ou arrestation à la sortie de l’école de prétendus « voleurs » de bicyclettes), qu’importe la poursuite des expulsions musclées de sans-papiers
et de leurs enfants. L’école de la guerre civile, serait-on tenter de dire en détournant le titre
d’un ouvrage célèbre.
Les élèves, s’ils sont les principales victimes,
ne sont pas les seules cibles. En stigmatisant
les gauchistes et les radicaux qui déstabiliseraient l’école, de la maternelle à l’université,
à la manière de la fantasmatique mouvance anarcho-autonome, Darcos manœuvre
pour isoler les secteurs et les personnels
les plus combatifs afin de mieux sanctionner
et de mieux réprimer. L’actualité de ces derniers mois ne manque pas hélas d’exemples éloquents. Toute tentative de résitance se doit aujourd’hui
de connaître et de dévoiler ce visage du nouvel ordre éducatif – et du vieil ordre social.

 22, v’la la com ! Darcos ou la pédagogie à coup de matraque

Avec un plan media-training de 122 000 euros financé par le contribuable 1, on était en droit d’attendre
de notre ex-ministre une gestion de la communication renouvelée, originale et musclée. Faut dire qu’on partait
de loin : sur le blog de campagne présidentiel de Sarkozy, Darcos s’était spécialisé dans la blague Carambar
(« Comment arrêter un tracteur à quatre bayrous motrices ? »). Depuis, le style s’est affirmé, la stratégie
s’est déroulée, sans véritablement rencontrer d’opposition médiatiquement audible. Tentative de décryptage.

 Note de vie scolaire

 Répression

 Syndicalisme on n’a plus le droit ?

À l’heure où les politiques de démantèlement des services publics s’accélèrent, l’État cherche
inévitablement à émousser les armes de résistance des personnels, syndicalisme et droits syndicaux 1.
Aujourd’hui, ce sont prioritairement les outils d’un syndicalisme de lutte qui sont menacés,
le pouvoir de décision à la base avec les réunions et les heures d’information syndicale (RIS et HIS)
et, bien sûr, le moyen de pression principal des salariés, le droit de grève.

Quels outils pour les luttes ?

 Un hiver, puis un printemps de luttes !

Nancy, une fac de sciences, une fac de lettres... toutes deux en lutte de février à juin. La première
a été bloquée une dizaine de jours, la seconde quelques semaines. Fin juin, tous les étudiants
sont retournés en cours, les examens ont lieu... les dernières AG ne rassemblent plus
que quelques personnes. Mon propos ici n’est pas de faire une analyse de ce long mouvement,
épuisant, mais d’une part de décrire les formes alternatives qu’a pris notre lutte pendant ces quelques mois, d’autre part de dénoncer les formes de répression inédites utilisées à Nancy 1 à notre encontre...

 Guadeloupe ; retour sur une grève générale

 Collectif AED statut discount pour école low-cost

Quand des précaires s’organisent, ça donne le Collectif « assistants d’éducation discount ». Ce collectif
a quelques mois d’existence... et déjà plein de choses à raconter. On sait que le statut d’assistant d’éducation remplace l’ancien statut de surveillant en revoyant toutes les conditions de travail
à la baisse : embauche en CDD, temps de travail annualisé, service hebdomadaire allongé, Smic horaire…

 Document - Les tribulations d’une EVS

 Il faudra bien savoir commencer une grève

Ces six derniers mois ont été une course en avant pour construire un mouvement capable d’empêcher les réformes visant à détruire le système éducatif de la maternelle à l’université. Cette construction s’est faite en plusieurs étapes et avec l’implication de personnes d’horizons très divers. Il n’en reste pas moins que les victoires sont maigres, voire inexistantes, au vu des nouvelles avancées du ministre.

Convergences des luttes

 Parents dans la lutte

Pour être représentant de parents d’élèves, il faut se décider à participer à une élection, et se retrouver, contre ses principes les plus élémentaires, délégué à l’année, sans avoir à rendre de comptes à personne.

 Sous la plage, l’université

Chaque nouvelle lutte nous surprend. Pourtant toutes sont un pas de plus pour faire changer cette société qui exploite les inégalités des un-e-s face aux autres. La grève universitaire de cette année a été une surprise pour tous et toutes : jamais les facs ne sont arrêtées aussi longtemps, nous nous sommes retrouvés ensemble profs, étudiants et personnels Biatoss à gueuler dans les AG, nous avons vu nos plus vieux profs sortir de leurs labos pour aller battre le pavé.... Et pourtant, et pourtant... Nous n´avons rien « obtenu », et l´on peine à trouver les restes de ces longs mois de lutte dans les universités aujourd´hui.

 Convergences

« Le pouvoir a souvent contrôlé le savoir afin de contrôler le pouvoir du savoir ». Ainsi, les promoteurs de l’École, « fille et servante du capitalisme » comme la qualifiait Célestin Freinet ont su trier, sélectionner, tout en construisant un modèle, l’école de la République, et un mythe, celui de l’égalité des chances. De Jules Ferry à Xavier Darcos, même projet : l’État s’est donné le droit d’éduquer... pour le meilleur des mondes ?

Revues, livres, bochures, sites, littérature jeunesse...