Sécu : l’Etat et les patrons nous volent, débarrassons-nous d’eux !
Si le mouvement pour la défense de retraites de l’automne 2010 s’est soldé par un échec, il a réactualisé de nombreuses pratiques de lutte qu’il faudra amplifier si nous voulons gagner les prochains conflits sociaux. Ainsi l’unité à la base, dans de nombreuses villes malgré les divergences syndicales, les travailleurs-euses ont su privilégier leurs intérêts et développer une mobilisation commune, alors que depuis plusieurs années, l’heure était au repli sur soi et à la lutte catégorielle, pendant ce mouvement des actions ont réuni des travailleurs-seuses de différents corps de métier et industrie. De même on a vu se développer des assemblées générales souveraines et des pratiques d’action directe, c’est-à-dire l’action collective décidée à la base sans attendre le feu vert des dirigeants syndicaux et sans déléguer à des représentants qui négocient à notre place. Des tentatives de bloquer l’économie (raffineries, centre de traitement des ordures, etc.) ont été menées car comment penser sérieusement que les grèves peuvent se résumer à des défilés dans la rue, encadrés par les forces de l’ordre. Nos droits, nos acquis sociaux ont été obtenus par des luttes très dures en utilisant le seul moyen à disposition des travailleurs-euses : la grève et le blocage de la production sur les lieux de travail. Les bureaucraties syndicales ont freiné ces initiatives de peur de perdre le contrôle sur le mouvement et ont privilégié des journées de grève et d’action qui ont manqué d’efficacité et ont finalement épuisé les grévistes. De nombreux travailleurs-euses ont hésité à se mettre en mouvement, n’ayant pas conscience de leur force et de leur capacité à bloquer l’économie. Pourtant seule la lutte permet de sortir de l’oppression patronale et de l’individualisme qui nous enferment, seule la grève reconductible autogérée nous permet de prendre le pouvoir sur la lutte et aussi de reprendre le pouvoir sur nos vies. Soyons sûr-e-s de notre force car c’est bien nous qui travaillons et produisons les richesses : isolé-e-s nous ne pouvons rien, unie-s (du privé comme du public, avec ou sanspapiers, précaires ou non) nous pouvons tout !
Après avoir "sauvé les retraites" en les vendant au privé et en réduisant les pensions de la majorité la moins riche de la population, le gouvernement et le patronat entreprennent maintenant de "sauver la sécurité sociale"... au profit des assureurs. L’enfumage s’appelle "grand chantier sur la prise en charge de la dépendance", présenté comme une "avancée sociale", par la création d’une nouvelle branche de la sécurité sociale : le 5e risque (la dépendance). Les 4 "risques sociaux" (maladie, accidents du travail, retraites, CAF) que couvre actuellement la sécu comprennent déjà la dépendance qui relève de l’assurance maladie comme les affections longue durée. Il n’y aurait plus d’argent dans les caisses de la sécu et il faudrait financer ce 5e risque "autrement" c’est à dire en appelant les assureurs vautours à la rescousse. Après avoir patiemment creusé le "trou de la sécu" à grand coup d’exonérations de cotisations sociales pour le patronat (plus de 20 Mards d’€ par an depuis 15 ans), il faudrait maintenant trouver les 22 Mards (bientôt 30) que coûte la dépendance tous les ans. Les personnes en situation de dépendance se situent à la charnière entre les structures sanitaires (hôpitaux, traitements médicaux, médecine à domicile...) et les structures sociales (aides à domicile, ...). Ces dépenses sont actuellement couvertes par la sécurité sociale et par les départements (Aide personnalisée d’autonomie...).
Le financement de la sécurité sociale (par cotisation) est le plus égalitaire mais il ne profite pas aux financiers, ni aux assureurs. Le financement des départements en charge des structures sociales se fait par l’impôt. Il a la préférence du patronat car ce ne sont pas des « charges sociales » (terme patronal pour désigner les cotisations sociales qui sont une part de nos salaires et qui nous appartiennent). L’objectif du patronat (et de l’UMP) c’est de mettre la main sur la manne financière que représentent les cotisations de sécurité sociale (plus de 550 milliards d’€ par an ! Plus que le budget de l’État.) afin d’ en disposer pour la spéculation financière en la ramenant dans le giron de l’assurance privée. Ainsi Sarkozy propose comme « pistes » pour le financement de la dépendance le recours à ces assureurs qui ont déjà, selon lui, « une expérience certaine dans la gestion de ce type de risques, et ce depuis de nombreuses années ». C’est donc dans ce cadre que les « commissions de travail » gouvernementales doivent dégager des « propositions » pour l’élaboration de la loi de finance de la sécurité sociale de l’automne 2011. Il est facile de prédire les propositions dont vont accoucher ces commissions fantoches. On peut les lire dans les positions du groupe de travail « santé » du Medef : il faut créer et favoriser une souscription obligatoire à une assurance privée pour les travailleurs-euses de plus de 50 ans. En parallèle la logique financière (Loi Bachelot, reclassement infirmier, fermetures des structures, réductions des effectifs…) contrôle de plus en plus la politique de gestion de notre système de santé. Nos hôpitaux, nos maternités, nos centres IVG… sont asphyxiés par des agences régionales de santé et des dirigeants qui ne cessent de flatter l’intérêt des grands groupes financiers. Ça signifie pour les usager.e.s : éloignement des structures, manque de temps/de places pour l’accueil et l’écoute des malades ainsi que des familles, augmentation du coût des soins. Tout est fait pour que les usager.e.s se tournent vers des structures de soins privées, réservées encore une fois aux classes les plus aisées, surtout si on ajoute les franchises médicales, les déremboursements, les dépassements d’honoraires… A nous de savoir si nous voulons laisser brader notre système de santé au profit de ces charognards ou si nous voulons le défendre et l’étendre pour que la santé devienne vraiment un droit universel. Nous en avons les moyens car c’est nous qui produisons les richesses, il nous faut maintenant trouver la volonté de refuser qu’elles soient accaparées par cette caste parasite qui prétend nous gouverner.
Nos revendications sur la protection sociale :
- Refus de l’étatisation de la sécu, c’est-à-dire de sa gestion par l’état
et de son financement par l’impôt.
Aucune exonération de cotisation patronale et remboursement des dettes
de l’état et des entreprises à la sécu, les cotisations sociales (Sécu,
UNEDIC) font parties de notre salaire, salaire socialisé pour permettre à
tous les salarié-e-s d’être protégé-e-s contre le chômage, la maladie et
la vieillesse. Aussi, toute baisse ou exonération des cotisations
patronales, non seulement vide nos caisses de protection sociale mais en
plus participe à la baisse de nos salaires.
Préservation du principe fondateur de la sécu : une solidarité
horizontale entre les travailleurs-seuses « de chacun-e selon ses moyens à
chacun-e selon ses besoins » Autogestion des caisses par les salariés
eux-mêmes (exclusion du patronat et refus du paritarisme) grâce à des
élections directes de leurs représentants (sur des mandats précis,
révocables à tout moment). Abolition des ordonnances de 1967.
Création d’un régime unique avec une harmonisation vers le haut pour
mettre fin au corporatisme et aux inégalités entre les régimes.
Réduction massive du temps de travail, travailler tous, moins et
autrement (augmenter le nombre de salarié-e sachant que 1% de masse
salariale = 3 milliards d’€ supplémentaires de cotisation pour la sécu).
Le chômage est une aberration de la société capitaliste. Alors que les
progrès techniques pourraient nous permettre de vivre tous mieux, on en
arrive à ce paradoxe : d’un côté des chômeurs-seuses qui crèvent de ne pas pouvoir travailler, de l’autre des travailleurs-seuses qui crèvent de bosser trop.
Il est clair que cette baisse du temps de travail doit se faire sans
baisse de salaire et sans flexibilité.