La Confédération nationale du travail (CNT) est solidaire des paysannes et des paysans qui luttent pour un revenu juste, leur permettant de vivre décemment. Nous clamons de concert avec une partie grandissante des agricultrices, des agriculteurs et du prolétariat agricole que nous ne voulons pas subir la dégradation des conditions de production de notre alimentation. Il y a urgence à repenser notre système agricole.
Le gouvernement, et la FNSEA, qui a récupéré et tente de mettre fin au mouvement, laissent l’agriculture française se trouver à la merci des multinationales, du libre-échange et de l’agro-industrie.
Les producteurs et productrices subissent des pressions économiques insoutenables alors que leur travail est vital pour la société. La politique menée par le gouvernement Macron n’a qu’une réalité : éliminer la paysannerie. Elle n’a plus sa place là où les intérêts financiers dominent. Les traités de libre-échange internationaux mettent les classes laborieuses en concurrence. Ils falsifient les réalités économiques, tant sur notre territoire que dans les pays exportateurs, en imposant des méthodes de production au mépris de la santé et de la rémunération des travailleurs et des travailleuses de la terre.
L’agro-industrie n’a qu’un leitmotiv "la recherche de la productivité". Pour elle, le végétal, l’animal, ne sont plus des êtres vivants, mais des "ressources" qu’il faut extraire toujours plus vite, de manière toujours plus rentable, à grands renforts technologiques. La grande distribution ne rémunère pas les producteurs et productrices, elle se gave sur leur travail. C’est elle qui fixe les prix des produits qu’elle achète sans jamais être à la hauteur de leurs coûts de production, se dégageant des marges astronomiques au détriment de celles et ceux qui produisent.
Nous regrettons que les ouvrières et ouvriers agricoles soient encore une fois les oubliées des revendications diffusées médiatiquement. Nous avons un goût amer dans la bouche quand l’une des « victoires » de la FNSEA consiste à avoir l’autorisation de faire travailler les salariés plus que les limites hebdomadaires du Code du Travail ; et une autre est la pérennisation du dispositif d’exonération de cotisations patronales pour les bas salaires, qui condamne les ouvriers et ouvrières agricoles a ne pouvoir obtenir plus que le SMIC.
Contre toute dérive nationaliste, nous n’oublions pas non plus que s’il est facile de voir les concurrents dans les autres pays, les plus riches des agriculteurs français s’enrichissent sur le dos de leurs « confrères », s’accaparent les terres et les institutions du monde agricole.
À l’évidence, il devient vital de rompre avec ce modèle qui privilégie les intérêts des grandes entreprises au détriment des petites productions et de la qualité de la nourriture produite. Il est temps de laisser la place à un modèle agricole à taille humaine, centré sur des pratiques agroécologiques. Un modèle qui permette de produire localement une alimentation saine et de qualité. Un modèle qui garantisse aux agriculteurs et agricultrices un revenu décent, tout en favorisant la préservation de la biodiversité et la prise en compte des spécificités des territoires pour organiser les cultures. Un modèle où la terre est socialisée, où elle n’est pas un capital foncier.
La CNT appelle à rejoindre les paysannes et les paysans et le prolétariat agricole en lutte pour la transformation de notre système agricole.