Articles avec le tag ‘Richard Prost’

Mémoire ouvrière : extrait du film-documentaire « Au pays d’Usinor »

vendredi 28 septembre 2012

En 1981, le PS arrive au pouvoir. Le mot d’ordre est à la modernisation de l’industrie et les bureaucraties syndicales réformistes accompagnent cette volonté moderniste de l’État. Dans la sidérurgie comme dans d’autres secteurs industriels, cette restructuration produit les mêmes effets : licenciements, intensification du travail, nouvelles techniques de contrôle et de gestion de la main d’œuvre, maladies, accidents du travail, suicides, etc.

Extrait du  film-documentaire  « Au pays d’Usinor » :

Durée : 00:05:01

Le court-métrage de 20 minutes dont est extraite la vidéo ci-dessus raconte un grave accident survenu en 1983 dans l’aciérie d’Usinor-Dunkerque alors que le SLT (syndicat de lutte des travailleurs) avait mis en garde la direction contre la modification des podiums où se trouvent les ouvriers pendant leur travail. « Au pays d’Usinor » a été tourné en 16 milimètres par Richard Prost grâce à l’École Nationale Louis Lumière. La présence de la chanson de Serge Utgé-Royo « Balade aux usines du Nord », écrite spécialement pour le film, lui donne un ton poétique et magique. Le film est sorti en salles en 1984 pendant trois semaines en avant-programme du film d’Arthur Mac Caig « Euskadi Hors d’État ». Mais, dans ces années de gouvernance « socialiste », il n’est pas bon de s’opposer aux bureaucraties syndicales et de parler du SLT. C’est ainsi qu’en 1985 et 1986 le film fut interdit de diffusion au festival « Cinéma et monde ouvrier » de Saint-Nazaire. « Au pays d’Usinor » reste l’un des rares documents témoignant d’une démarche ouvrière autonome et collective au moment où d’autres travailleurs empruntaient des chemins identiques : syndicat démocratique des banques (SDB) à la BNP, comité 79/84 à Longwy, syndicat autogestionnaire des travailleurs (SAT) au centre de tri postal de Lyon, SNPIT à Air-Inter. Aujourd’hui, l’intégration à l’appareil d’État des centrales syndicales majoritaires est achevée et s’illustre dans la série de démobilisations et défaites sciemment orchestrées ces dernières années. Pour autant, l’exigence qu’expriment les travailleurs d’organiser et contrôler leurs luttes par et pour eux-mêmes n’a pas disparu.

A propos du syndicat de lutte des travailleurs d’Usinor-Dunkerque :

Vers la fin des années 1970 à Dunkerque, plus de 10.000 personnes travaillent à « Usinor » (entreprise appartenant aujourd’hui à « ArcelorMittal »). La section CFDT, très combative, représente plusieurs centaines d’adhérents et environ 30 % des voix aux élections professionnelles. Mais les militants qui animent la section ont des problèmes avec la direction de la CFDT. La plupart d’ente eux ne sont pas des « oppositionnels » (tels que se désignaient à l’époque une partie des militants CFDT), mais des syndicalistes actifs sans état d’âme concernant l’orientation et la direction de la CFDT (l’essentiel de leur activité consistant à combattre leur patron, pas à s’épuiser dans des conflits internes). Les problèmes qu’ils rencontrent avec la direction de leur syndicat sont liés à la préparation de la modernisation de l’outil sidérurgique (modernisation qui, quelque temps plus tard, va s’accompagner de divers regroupements, de fusions et de nombreuses pertes d’emplois). La section CFDT aurait pu créer de vraies difficultés à l’actionnaire principal (à savoir l’État français). Alors, un nettoyage préalable s’imposait et la direction de la CFDT s’en fit la complice. Parce qu’une vraie résistance était possible, il fallait détruire, démoraliser et chasser ceux qui étaient en capacité d’organiser cette lutte. Après avoir mis la section d’Usinor-Dunkerque en minorité au sein de la commission exécutive du syndicat métallurgique de Dunkerque (les bureaucraties savent organiser les majorités !), les exclusions sont arrivées. En 1979, plusieurs militants furent jetés de la CFDT comme des malpropres et la direction d’Usinor en profita pour licencier l’un d’entre eux, Frank Flatischler. Les exclus décidèrent alors de rejoindre la CGT mais la quittèrent très vite, n’arrivant pas à y faire entendre leur voix. Dans la foulée, les camarades se constituèrent alors en syndicat autonome : le syndicat de lutte des travailleurs d’Usinor-Dunkerque (SLT). Après moult combats et difficultés, ce nouveau syndicat obtint sa représentativité dans l’entreprise.

> Site officiel du film « Au pays d’Usinor »

> Pour télécharger l’extrait vidéo présenté ci-dessus (environ 16 Mo) :
clic droit sur le lien puis « Enregistrer la cible du lien sous… »

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Libertarias (film sur le mouvement féministe «Mujeres libres» et la guerre d’Espagne)

mardi 12 avril 2011

mujeres-libresEspagne, automne 1936 – Suite à la tentative de coup d’État menée par le général Franco, la guerre entre « nationalistes » et « républicains » oblige Maria, une jeune nonne, à quitter son couvent. Elle se réfugie d’abord dans une maison close. Puis, suite à l’intervention de deux militantes (syndiquées à la CNT et membres de l’organisation féministe « Mujeres libres ») venues fermer ce lieu, elle est recueillie par Pilar, l’une des deux militantes. Peu après, avec un groupe de combattantes composé en majorité d’ouvrières du textile et d’anciennes prostituées, Maria et Pilar rejoignent la colonne Durruti (du nom du militant anarcho-syndicaliste Buenaventura Durruti) et partent pour le front de l’Èbre, près de Saragosse, pour lutter contre l’avancée des troupes franquistes…

« Libertarias » (122 minutes) est un film de fiction à gros budget. Il a été réalisé par Vicente Aranda. Sorti en 1996, il fut un succès d’affluence en Espagne (576 990 entrées). En France, aucun distributeur n’a malheureusement jamais pris le risque de le diffuser en salle. À l’écran : Victoria Abril, Ariadna Gil, Ana Belén, Blanca Apilánez, Laura Mañá, Loles León, et María Pujaltee (des actrices toutes plus épatantes les unes que les autres) ainsi que Jorge Sanz et Miguel Bose (pour ne citer qu’eux).

Malgré la gravité du film, Vicente Aranda n’hésite pas à utiliser l’humour et la légèreté. Sans tomber à aucun moment dans l’hagiographie, il n’hésite pas aussi à mettre en images des épisodes connus comme l’interview de Durruti réalisée le 28 octobre 1936 par Pierre van Paasen pour le « Toronto Daily Star », interview qui s’achève sur le célèbre : « Nous portons dans nos cœurs un monde nouveau ». Si le film prend délibérément parti pour des femmes qui se battent contre le fascisme et pour la révolution sociale sans mettre de côté leur lutte pour l’égalité des sexes, il ne fait pas l’impasse sur les questions qui dérangent : exécutions sommaires de franquistes, machisme de certains militants révolutionnaires, place des femmes sur le front, autonomie des milices ouvrières et stratégie militaire…

Ci-dessous la bande-annonce et un extrait du film.

Bande annonce (en castillan)
Durée : 00:02:12 – Téléchargement : clic droit ici

Extrait (en castillan)
Durée : 00:05:29 – Téléchargement : clic droit ici

 

Deux liens pour en savoir plus sur l’histoire de l’Espagne rouge & noire :

1) « Un autre futur »

Pour comprendre l’histoire de l’anarcho-syndicalisme espagnol, « Un autre futur » – film documentaire de Richard Prost réalisé en 1997 – est une nécessité incontournable. Il regroupe des témoignages, des images d’archives ainsi que des films d’époque provenant du travail réalisé par les professionnels de l’industrie cinématographique membres de la CNT espagnole. Pour la petite histoire, nous sommes un certain nombre, il y a quelques années, à avoir vu Richard Prost réaliser le montage de ce documentaire dans une petite salle du 33 rue des Vignoles (local de la CNT à Paris). Le travail de Richard Prost est aujourd’hui disponible en DVD. Le coffret (contenant 2 DVD) est vendu au prix de 20 euros (sachant que, sur chaque vente, 7 euros sont versés à la souscription « locaux » lancée par l’union régionale des syndicats CNT de la région parisienne pour défendre la pérennité du « 33 » menacé de démolition par la mairie de Paris dans le cadre d’une opération immobilière). Pour commander ce coffret, écrire à : UD CNT 95, Maison des syndicats, 6 rue de la Chapelle, 95310 Saint-Ouen-l’Aumône (avec un chèque à l’ordre de : UDCNT95). Il est disponible également à la permanence de la CNT RP chaque lundi de 14 à 19h au 33 rue des Vignoles, Paris 20°. Pour en visionner quelques extraits, cliquer ici.

2) « Vivre l’utopie »

Film documentaire réalisé en 1997 par Juan Gamero, « Vivre l’utopie » donne la parole à une trentaine de vieux militants libertaires espagnols qui témoignent de l’expérience autogestionnaire menée en Espagne entre 1936 et 1939. Pour en visionner quelques extraits, cliquer ici.

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Libertarias (film sur le mouvement féministe «Mujeres libres» et la guerre d’Espagne)

vendredi 9 avril 2010

mujeres-libresEspagne, automne 1936 – Suite à la tentative de coup d’État menée par le général Franco, la guerre entre « nationalistes » et « républicains » oblige Maria, une jeune nonne, à quitter son couvent. Elle se réfugie d’abord dans une maison close. Puis, suite à l’intervention de deux militantes (syndiquées à la CNT et membres de l’organisation féministe « Mujeres libres ») venues fermer ce lieu, elle est recueillie par Pilar, l’une des deux militantes. Peu après, avec un groupe de combattantes composé en majorité d’ouvrières du textile et d’anciennes prostituées, Maria et Pilar rejoignent la colonne Durruti (du nom du militant anarcho-syndicaliste Buenaventura Durruti) et partent pour le front de l’Èbre, près de Saragosse, pour lutter contre l’avancée des troupes franquistes…

« Libertarias » (122 minutes) est un film de fiction à gros budget. Il a été réalisé par Vicente Aranda. Sorti en 1996, il fut un succès d’affluence en Espagne (576 990 entrées). En France, aucun distributeur n’a malheureusement jamais pris le risque de le diffuser en salle. À l’écran : Victoria Abril, Ariadna Gil, Ana Belén, Blanca Apilánez, Laura Mañá, Loles León, et María Pujaltee (des actrices toutes plus épatantes les unes que les autres) ainsi que Jorge Sanz et Miguel Bose (pour ne citer qu’eux).

Malgré la gravité du film, Vicente Aranda n’hésite pas à utiliser l’humour et la légèreté. Sans tomber à aucun moment dans l’hagiographie, il n’hésite pas aussi à mettre en images des épisodes connus comme l’interview de Durruti réalisée le 28 octobre 1936 par Pierre van Paasen pour le « Toronto Daily Star », interview qui s’achève sur le célèbre : « Nous portons dans nos cœurs un monde nouveau ». Si le film prend délibérément parti pour des femmes qui se battent contre le fascisme et pour la révolution sociale sans mettre de côté leur lutte pour l’égalité des sexes, il ne fait pas l’impasse sur les questions qui dérangent : exécutions sommaires de franquistes, machisme de certains militants révolutionnaires, place des femmes sur le front, autonomie des milices ouvrières et stratégie militaire…

Ci-dessous la bande-annonce et un extrait du film.

Bande annonce (en castillan)
Durée : 00:02:12 – Téléchargement : clic droit ici

Extrait (en castillan)
Durée : 00:05:29 – Téléchargement : clic droit ici

 

Deux liens pour en savoir plus sur l’histoire de l’Espagne rouge & noire :

1) « Un autre futur »

Pour comprendre l’histoire de l’anarcho-syndicalisme espagnol, « Un autre futur » – film documentaire de Richard Prost réalisé en 1997 – est une nécessité incontournable. Il regroupe des témoignages, des images d’archives ainsi que des films d’époque provenant du travail réalisé par les professionnels de l’industrie cinématographique membres de la CNT espagnole. Pour la petite histoire, nous sommes un certain nombre, il y a quelques années, à avoir vu Richard Prost réaliser le montage de ce documentaire dans une petite salle du 33 rue des Vignoles (local de la CNT à Paris). Le travail de Richard Prost est aujourd’hui disponible en DVD. Le coffret (contenant 2 DVD) est vendu au prix de 20 euros (sachant que, sur chaque vente, 7 euros sont versés à la souscription « locaux » lancée par l’union régionale des syndicats CNT de la région parisienne pour défendre la pérennité du « 33 » menacé de démolition par la mairie de Paris dans le cadre d’une opération immobilière). Pour commander ce coffret, écrire à : UD CNT 95, Maison des syndicats, 6 rue de la Chapelle, 95310 Saint-Ouen-l’Aumône (avec un chèque à l’ordre de : UDCNT95). Il est disponible également à la permanence de la CNT RP chaque lundi de 14 à 19h au 33 rue des Vignoles, Paris 20°. Pour en visionner quelques extraits, cliquer ici.

2) « Vivre l’utopie »

Film documentaire réalisé en 1997 par Juan Gamero, « Vivre l’utopie » donne la parole à une trentaine de vieux militants libertaires espagnols qui témoignent de l’expérience autogestionnaire menée en Espagne entre 1936 et 1939. Pour en visionner quelques extraits, cliquer ici.

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