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La peur de la mémoire : Histoire de la Loi de "réconciliation et concorde"

lundi 17 mars 2008

La peur de la mémoire
Histoire de la Loi de “réconciliation et concorde”
Octavio Alberola Félix Villagrasa

Comme le signalent les auteurs, l’histoire nous enseigne que “s’emparer de la mémoire et de l’oubli est une des principales préoccupations des classes, des groupes, des individus qui ont dominé et dominent les sociétés historiques”. De là que la mémoire institutionnalisée par le Pouvoir soit “celle qui sert toujours mieux les intérêts de la domination”, et que ceux qui dominent aient la prétention de décréter ce qui doit être évoqué et ce qui doit être oublié. Un « oubli » qui permet au Pouvoir de “réélaborer le passé et instituer la mémoire en Histoire” pour convertir l’“amnésie historique institutionnelle” en “amnésie collective”.

Lutter contre cette “amnésie” imposée par la « Transition » et obtenir la réhabilitation de tous ceux qui furent réprimés pour avoir combattu la dictature franquiste fut l’objectif des collectifs qui, à la fin des années quatre-vingt dix, commencèrent à exiger la révision des sentences franquistes. Et il l’a été aussi pour ceux qui, au début de l‘année 2000, commencèrent à chercher et ouvrir les fosses communes dans lesquelles avaient été enterrées anonymement des milliers de personnes fusillées par les militaires factieux pendant la guerre civile.

Dès lors, la récupération de la mémoire historique et la réhabilitation des victimes de la répression franquiste est devenu aussi un objectif pour tous les partis, sauf pour le PP. Mais ce ne fut que le 28 décembre 2007 que la Loi 52/2007, “par laquelle on reconnaît et élargit droits et l’on établit de mesures en faveur de ceux qui subirent persécution ou violence pendant la guerre civile et la dictature”, entra en vigueur.

Mais cette Loi, promulguée par un Gouvernement socialiste, fut finalement le résultat d’un compromis minime (entre le PSOE et IU-ICV), et elle n’a satisfait pratiquement personne : ni ceux qui luttèrent pour elle ni ceux qui ne la voulaient pas. De plus, comme elle maintient la scandaleuse honte d’une Démocratie qui n’ose pas réhabiliter juridiquement les victimes de la répression franquiste, l’insatisfaction des collectifs de victimes et de mémoire historique est profonde. De là qu’ERC et même IU-ICV aient l’intention d’essayer de l’améliorer au cours de la prochaine Législature pour que les victimes du franquisme ne soient pas obligées de se conformer à une “réhabilitation” uniquement morale.

Pour cette timide “réhabilitation”, il a fallu attendre plus de 30 ans après la mort de Franco. La rédaction du texte de Loi a tardé presque trois autres années, étant l’objet de transactions tendues et obscures entre le PSOE et les autres partis. Pourquoi cette Loi a été tant tardive et pourquoi aussi timide ? Pourquoi le PSOE se laissa impressionner et finit par céder aux pressions du PP, qui dès le début y est opposé au nom de la « réconciliation » et de la « concorde » ?

Dans Miedo a la memoria, aux Éditions Flor del Viento, Octavio Alberola et Félix Villagrasa nous apportent une abondante et précise information pour répondre à de telles questions.

Editorial Flor del Viento
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E-mail : flordelviento@octaedro.com

Octavio Alberola Suriñach
Né à Alaior, Illes Balears, en 1928, actuellement il réside à Perpignan. Il arriva au Mexique avec ses parents en 1939. Il réalisa des études d’ingénierie et de philosophie à l’Université Nationale Autonome de Mexico (UNAM). Militant des Jeunesses Libertaires et de la CNT espagnole au Mexique et aussi du “Mouvement Espagnol 1959”. En 1962, il intégre l’organisme clandestin “Defensa Interior” (DI) constitué par le Mouvement Libertaire Espagnol depuis le congrès de la CNT de 1961. Entre 1978 –1982, il étudie à l’Ecole d’Hautes Études en Sciences Sociales (EHSS) de Paris et il obtient le diplôme d’Histoire et cinéma. Il est l’auteur, avec Ariane Gransac, du livre L’anarchisme espagnol et l’action révolutionnaire : 1961-1975 (1975, Christian Bourgois Éditeur). En 1989, Commissaire de l’exposition iconographique : “La révolution française, la péninsule ibérique et l’Amérique Latine". En 1992, Commissaire de l’exposition iconographique "Cinq siècles de mémoire et d’oubli : les Européens et l’Amérique Latine (1492-1992)". Communications à plusieurs Congrès célébrés en Espagne sur l’Opposition au franquisme et actuellement membre du “Grupo pro revisión del proceso Granado-Delgado” qui, depuis 1998, exige l’annulation des sentences franquistes.

Fèlix Villagrasa i Hernàndez

Né à Barcelone en 1964, actuellement il réside à Lavern (Alt Penedès). Il est docteur en Histoire contemporaine de l’Université de Barcelone et membre du Grup d’Estudis d’Història Cultural i dels Intel•lectuals (GEHCI), dirigé par le Dr. Jordi Casassas. Il a publié divers articles dans la revue Cercles, porte-voix de ce groupe et auteur de textes commme L’últim càtar (en collaboration avec Francesc F. Maestra, 1998), “Ernst Jünger, un segle per a la reflexió i la polèmica” (L’Avenç, décembre 1999) et Una història de Ràdio PICA. 25 anys a contrapèl (2006). Il a aussi participé aux oeuvres collectives L’Escola d’enginyers de Terrassa. Cent anys d’història (2004) et L’Ateneu i Barcelona. Un segle i mig d’acció cultural (2006). Il a contribué avec divers textes au Diccionario Biográfico Español de la Real Academia de la Historia et il a été réalisateur de programmes de caractère culturel à Ràdio PICA de Barcelone.