Propageons la rage par la grève générale!

CONSTAT

Cela fait des mois que la colère s’exprime dans la rue, sur les rond-points. Les experts parlent de contestation de la « périphérie », comme si un lieu d’habitation, détaché de toute considéra-tion sociale, suffisait à expliquer les galères du quotidien.Aux cris de colère des gilets jaunes s’ajoutent la rage des lycéen·ne·s subissant une sélection brutale avec ParcourSup, celles des personnels de l’éducation nationale, des hôpitaux, des précaires, des retraité·e·s et tou·te·s celles et ceux n’arrivant pas à joindre les deux bouts en fin de mois. Et puis il y a celles et ceux que l’on n’entend pas, que l’État ne voudrait pas voir, les centaines de morts au travail chaque année, les mort·e·s aux frontières…La rage se propage, et avec elle la conscience de plus en plus aiguë de la lutte de classes qui se joue et d’une révolution qu’il reste à faire…Et pendant ce temps les groupuscules fascistes se fraient des chemins sur les boulevards pour propager leurs idées de haine. Ils gangrènent le mouvement populaire pour la justice sociale.

 

LES COUPS Á VENIR

Mais l’État persiste, dans sa logique libérale, à entretenir le patronat, faire des cadeaux aux plus riches (en supprimant par exemple l’ISF) et démanteler les systèmes de sécurité sociale basée sur le principe de solidarité et de répartition. Le système actuel des retraites va être remplacé par un système à point individualisé qui reniera ces principes.Ainsi, après la suppression des cotisations au pro-fit de la seule CSG, il s’attaque à l’assurance chô-mage en culpabilisant et broyant les plus pauvres. L’impôt est par la même occasion moins progres-sif et ne permet plus de redistribuer les richesses.Le gouvernement veut accélérer les processus en cours de rationalisation et de déshumanisa-tion des services publics. La justice, l’éducation, la santé sont de moins en moins au service de l’intérêt général et doivent d’obéir à des logiques de rentabilité. La dégradation de ces services pénalise automatiquement les plus précaires.Les populations précaires sont stigmatisées et de plus en plus surveillées. Pôle emploi voit ses effectifs de contrôle des chômeurs augmentés et les possibilités de sanctions facilités.Au contraire, les plus riches et les entreprises voient les institutions qui les contrôlent s’affai-blir. Les services luttant contre la fraude fiscale, ou encore vérifiant le respect des normes de production (cf. affaire Lactalis) vont voir leurs effectifs réduits.

LA REPONSE REPRESSIVE

Dans la séquence de gronde que nous vivons, l’État n’a qu’une seule peur, celle de la contagion. Le seul remède qu’il administre, c’est le mépris et la force. Il fait appel à tout l’appareil répressif en sa possession et lâche ses chiens sans muse-lière. Depuis le début du mouvement des gilets jaunes, on dénombre des centaines de mutilé·e·s, 18 éborgné·e·s, 4 mains arrachées, un millier de condamné·e·s. Rappelons que quand les f lics tirent au LBD 40 et mutilent, il ne s’agit pas de bavure. Quand ils tuent en toute impunité, il ne s’agit pas de bavure. Il s’agit bien de maintien de l’ordre, l’ordre capitaliste et colonial. L’état d’urgence permanent dans lequel nous sommes plongé·e·s, c’est la guerre sociale. Nous n’y ferons face qu’uni·e·s, déterminé·e·s et solidaires.

NOS ARMES

La CNT, organisation syndicale révolutionnaire, ne se satisfera jamais des miettes concédées par la classe du capital : nous voulons la réappropria-tion des moyens de production et le contrôle de celle-ci. Á ces fins, notre arme la plus efficace aujourd’hui, c’est la grève générale, le blocage de l’économie.Ne tombons pas dans le piège du rituel de la manifestation du samedi. Bloquons l’écono-mie par tous les moyens possibles, dans l’élan du mouvement des gilets jaunes, inventons de nouvelles formes de lutte pour nous rencontrer, en affirmant nos valeurs.Nous ne souhaitons pas un hypothétique « réfé-rendum d’initiative citoyenne », leurre démocra-tique tant que l’organisation sociale reste aux mains du grand capital.Ni les réformes d’un capitalisme « humanisé », ni l’illusion d’un progrès technologique salva-teur avec robots travailleurs et salaire garanti, ni la consommation « éthique », ni l’écologie des comportements individuels, ni le retour commu-nautaire à l’agriculture artisanale, ne sont sus-ceptibles d’arracher notre futur au sort funeste que lui réserve les guignols en costard qui pré-tendent nous gouverner. Pour sauver notre peau, il faut déposséder les possédants, prendre le pouvoir aux puissants, organiser le travail et la répartition des biens et services par et pour nous-mêmes. La CNT défend le principe même du « à chacun·e selon ses moyens, pour chacun·e selon ses besoins », comme outils émancipateur et anticapitaliste.

La CNT revendique immédiatement:

le partage du travail et la réduction massive du temps de travail

la baisse de l’âge de la retraite à taux plein

l’augmentation des salaires et des minima sociaux

la titularisation de tou·te·s les précaires dans la fonction publique et du secteur privé

l’égalité salariale entre les femmes et les hommes

la fin des « exonérations » de cotisations sociales qui asphyxient les caisses de la sécu et bénéficient au patronat (qui n’embauche pas pour autant)

le retour d’un code du travail qui contraigne les patrons à respecter les salarié·e·s

l’interdiction totale du LBD 40, des GLI F4, le désarmement de la police et la dissolution des BAC

l’amnistie de tou·te·s les militant·e·s du mouvement social

La régularisation de tou.te.s les sans-papier.e.s