Communiqué de presse

Le 11 novembre, 150 policiers, dont beaucoup appartenaient aux brigades antiterroristes, envahissaient un village de Corrèze pour arrêter neuf personnes, soupçonnées d’avoir provoqué des dégradations de lignes de chemins de fer SNCF. Suite à une garde à vue de 96 heures cinq d’entre elles ont été placées en détention provisoire. Julien Coupat, considéré par le procureur comme le « chef d’une structure à vocation terroriste », risque 20 ans de réclusion criminelle. Les quatre autres personnes soupçonnées « d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » risquent jusqu’à dix ans de réclusion criminelle.

Que peut justifier un tel déchaînement policier et judiciaire alors que le procureur de Paris a lui même indiqué ne pas disposer de suffisamment d’éléments pour les incriminer dans les dégradations. Nous ne connaissons pas les dessous de cette affaire. Par contre nous gardons à l’esprit que le mensonge ou le choix d’un bouc émissaire permettant de diviser et de semer la terreur est une arme privilégiée du pouvoir. Il s’agit aujourd’hui de l’ultra gauche et des anarcho- autonomes, ainsi dénommés par la ministre de l’intérieur.

Plus largement, le flou volontairement entretenu dans cette affaire autour du terme de terrorisme vise à criminaliser les moindres tentatives de contestation du système capitaliste. Les manifestations jugées violentes, le sabotage devenu acte de terrorisme, ce sont les moyens de lutte historique du mouvement ouvrier qui sont directement attaqués.

Nous sommes nombreux à avoir participé aux différents mouvements sociaux avec les étudiants contre le CPE, avec les lycéens contre les réformes Fillon, ou avec les sans-papiers contre les politiques migratoires indignes. Les souvenirs qui nous en restent sont surtout ceux d’une terrible répression qui n’a d’autres visées que de nous contraindre à ne plus lutter collectivement.

Nous n’oublions pas d’où vient réellement la terreur. Nous sommes nombreux à être particulièrement horrifiés des rafles que subissent régulièrement les sans-papiers, de la généralisation des fichiers et des systèmes de contrôle. De la crise financière orchestrée par les banques avec la complicité des Etats qui, elle, risque à n’en pas douter de mettre des millions de vie en jeu.

Malgré ces politiques répressives nous continuerons à être nombreux à combattre l’injustice sociale. Le comité de soutien qui s’est créé à Tarnac suite aux évènements ne dit pas autre chose. C’est pourquoi nous réclamons la libération immédiate des cinq personnes inculpées et l’arrêt des poursuites judiciaires pour toutes les personnes mises en examen.

Syndicat CNT santé-social et collectivités territoriales de la région parisienne

Paris, le 20 novembre 2008