Vu dans les publicités et les décorations de Bagelstein : « L’amour c’est sportif, surtout lorsque l’un des deux n’est pas d’accord » « J’en ai marre de ces gays-là ! » « Il ne faut pas jouer avec le cœur d’une femme mais plutôt avec ses seins, elle en a deux. » « Il existe trois catégories de femmes : les putes, les salopes et les emmerdeuses. » « Donne pouffe en bon état. À peine utilisée. Peu de conversation. » « Il se cogne l’orteil contre sa table basse et s’écrie Allah Akbar ! »

Quatre Rennais-e-s aterré-e-s par la publicité sexiste, homophobe et raciste diffusée par l’enseigne Bagelstein ont pris l’initiative d’aller discuter avec le gérant. La situation a dégénéré  : ce dernier les a accueilli-e-s à coup de menaces verbales et physiques, puis a saisi l’un de ses interlocuteur/trice-s. Ce dernier a tenté de se défendre avant de se retrouver plaqué au sol par le commerçant. Et lorsque ses camarades ont tenté de le dégager, la BAC est intervenue en interpelant les quatre militant-e-s. Sous la pression conjointe de la police et des avocats, tou-te-s les gardé-e-s à vue ont accepté la comparution immédiate. Sans défense de qualité, la justice expéditive a prononcé des peines allant de un à trois mois de prison ferme pour une simple empoignade, et ce alors même que tous les casiers étaient vierges. Le gérant, quant à lui, non-content de n’avoir pas été blessé, a été indemnisé à hauteur de 1100 euros. Le racisme, le sexisme et l’homophobie, en 2016, ça rapporte un bon treizième mois !

Dans le cadre du mouvement social contre la Loi Travail, tout est bon pour faire taire la contestation, et briser physiquement, mentalement et politiquement les personnes qui luttent depuis trois mois. Des violences policières à répétition aux procès politiques aux charges douteuses donnant lieu à des peines démesurées, l’État s’acharne et montre son vrai visage  : celui d’un oppresseur qui, à travers les policier/ère-s, les juges et les procureur-e-s, protège toujours les intérêts des patron-ne-s et enferme, dans le cas présent, des camarades légitimement indigné-e-s par la stratégie de communication abjecte de Bagelstein.

À Strasbourg aussi, où se trouve le siège social de l’entreprise, nous voulons montrer notre soutien aux camarades injustement mis-e-s en prison en nous inscrivant dans la continuité de leur action pour dénoncer la violence du discours de Bagelstein qui, sous couvert de l’humour, contribue à perpétuer et à entretenir le sexisme, l’homophobie et le racisme aujourd’hui. Déconstruire toutes les formes d’oppression est plus qu’une nécessité, c’est un devoir qui s’impose à nous. Lorsque nous luttons contre la Loi Travail qui offre les pleins-pouvoirs aux capitalistes sur les droits bafoués de tou-te-s les salarié-e-s, lorsque nous décrions l’illégitimité d’un gouvernement qui passe en force et donne pour ordre de mutiler, de frapper et d’enfermer les contestataires, lorsque nous faisons appel à la solidarité collective face à la répression policière et judiciaire, ou lorsque nous portons un discours critique contre le sexisme, l’homophobie ou le racisme ordinaire, nous manifestons pour les mêmes objectifs  : mettre à bas ce qu’il y a de pire dans notre société et construire un monde meilleur, sans flics, État, ni patron-ne-s.

Liberté pour tou-te-s les prisonnier/ère-s politiques du mouvement social  ! Abandon des poursuites pour tou-te-s les inculpé-e-s !

Signataires : AL Strasbourg, Le Chant des Sirènes, Convergence des Luttes AntiSpécistes et Humaines, CNT Bas-Rhin, Mouvement Anarchiste Révolutionnaire, NPA Jeunes, Solidaires Alsace, Sud Educ Alsace