Petit bilan des années Macron

La politique de destruction du service public de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR) est en marche. La section supérieur-recherche du STE 75 avait déjà fait un bref tour d’horizon après la provocation envers le monde de l’ESR qu’avait constitué la nomination de Patrick Hetzel au poste de ministre [1].

Les positions du nouveau ministre sur l’université s’inscrivent dans la continuité des annonces d’Emmanuel Macron sur l’autonomie des universités : de plus en plus calquées sur le modèle du privé, concurrence et inégalités entre établissements, augmentation des frais d’inscription - déjà largement augmentés en 2019 pour les étudiant-es étranger-es -, modulation des services des enseignant.es-chercheur.euses et fin de la référence aux 192h, suppression des services communs...

La situation de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche est pourtant catastrophique. Après 900 millions d’euros de coupes budgétaires en 2024, 400 millions sont déjà annoncés pour 2025. L’université manque cruellement de démocratie, la recherche manque de moyens, les recrutements de titulaires sont toujours à la baisse et les groupes sont de plus en plus surchargés. Un grand nombre d’étudiant.es vit dans une situation de précarité, aggravée par les politiques anti-sociales de l’état. Pourtant, de l’argent, il y en a : dans les caisses du patronat et des actionnaires !

Le management contre l’université

À Marseille, plus récemment, l’Assemblée Générale des personnels et usager·s de l’ESR, dont font partie des membres du Syndicat Éducation Enseignement Supérieur et Recherche des Bouches du Rhône de la CNT, a fait le point sur les récentes offensives du capitalisme dirigées contre Aix-Marseille Université (AMU). Nous retranscrivons ici des extraits de leur communiqué [2].

Aujourd’hui les coupes budgétaires sont utilisées pour justifier des politiques discriminatoires, comme le dispositif gouvernemental raciste et classiste “ Bienvenue en France ”, déjà partiellement appliqué à AMU et que la présidence entend généraliser au point de porter les frais d’inscription des étudiant·es étranger·es, jusqu’à 2850€ en licence et 3879€ en master. Cette politique interdit l’accès au savoir aux non-nationaux, elle plombe l’université en la privant de ses ressources humaines et ouvre la porte à l’augmentation des frais d’inscription pour toustes les étudiant·s. L’argument budgétaire n’est pas recevable, à l’heure où AMU gaspille 470 000€ dans une campagne “ marque employeur ” dans le métro parisien. AMU doit revenir sur cette décision et appliquer la même règle pour toustes.

Les politiques de libéralisation et de privatisation ont déjà démontré qu’elles ne sont pas une solution, comme au Royaume-Uni où l’augmentation des frais d’inscription s’est soldée par des faillites d’universités.

À AMU, ces politiques se déclinent aussi en pratiques managériales délétères : nos formations sont définies comme des “ produits ” et nos étudiant·es comme les supports de “ compétences ” marchandables au bénéfice d’entreprises “ clientes ”. Cette perte de sens du service public détériore un peu plus nos conditions de travail et génère une souffrance désormais endémique. Contre la marchandisation des savoirs, pour un accès libre à l’enseignement et des conditions de travail décentes, notre réponse doit être à la hauteur des attaques.

Perspectives de lutte

Car malgré ce sombre tableau, la volonté de lutter ne s’éteint pas. En ce qui nous concerne, la CNT, implantée dans le secteur de l’enseignement supérieur et la recherche à Bordeaux, Marseille, et en région parisienne, s’est récemment renforcée de la création d’une section syndicale à l’université Paris 8, qui exprime clairement ses objectifs : face à toutes les formes d’oppressions, contre la privatisation des universités et des savoirs, la précarité et la dégradation des conditions d’études et de travail de ses membres, organisons-nous et faisons face ensemble pour une université autogérée, libre et ouvertes à toutes et tous !

[1Cet article ne présente qu’un extrait du communiqué original ; ce dernier, en date du mois d’octobre peut être retrouvé ici.

[2L’intégralité du message, en date du 5 décembre, est à retrouver ici.