En ces temps de rentrée scolaire, nous avons souhaité discuter avec quelques militant·es des syndicats de l’éducation de la CNT. Statuts, hiérarchie, enfants à la rue, tri des élèves… les sujets ne manquent pas pour essayer de dresser un état de l’éducation.
Pour cet entretien, c’est la question des différents statuts que l’on peut rencontrer parmi les professionnel·les des écoles, collèges et lycées, que nous avons abordée avec Fernand, prof dans l’agglomération grenobloise.
Déjà parus :
• Les statuts des professionnel·les de l’éducation, un chaudron au milles ingrédients
• À propos de hiérarchie : « Nous pensons notre travail, nous savons ce qu’on a à faire et nous savons que l’efficacité est plus dans la gestion directe et l’autogestion que dans des solutions hiérarchiques. »
• À propos des “enfants sans toit” : « Un ou une enfant ne peut pas apprendre quoi que ce soit si ses besoins fondamentaux ne sont pas couverts. »
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Les statuts des professionnel·les de l’éducation, un chaudron au milles ingrédients
Salut, t’es prof de l’éducation nationale et l’objectif de cet entretien est que tu nous fasses un topo sur les statuts professionnels qu’on rencontre à l’école.
Ce qui n’est pas une mince affaire ! Et puis il faut préciser que je suis professeur des écoles et que je ne m’avancerais donc pas trop sur ce qu’il se passe en collège et lycée. C’est pas ma partie et il y a des collègues de la CNT qui sauront beaucoup mieux que moi répondre pour ce qui les concerne.
On va donc se cantonner au professeur des écoles comme tu dis. Mais comme je ne travaille pas dans l’éducation, que je n’ai pas d’enfant et que le temps où j’étais encore entre vos mains commence à faire loin, peux-tu préciser ce que veut dire “professeur des écoles” ?
Jusqu’au Bac, tu as deux groupes d’enseignement : la primaire et le secondaire. La primaire, c’est le regroupement de la maternelle avec ses trois sections – petite, moyenne et grande – et de l’élémentaire qui regroupe les classes de CP, CE1, CE2, CM1 et CM2.
Et après tu passes dans le secondaire qui regroupe le collège et le lycée.
En mettant de côté l’aspect pédagogique, qu’est-ce qui différencie ces deux “types d’écoles” ?
Dans le primaire, tu as des écoles comme tu dis, alors que les collèges et les lycées sont des établissements. Écoles et établissements n’ont pas du tout la même organisation hiérarchique. C’est un point très important qui a des répercussions à peur près sur tous les aspects de la vie des profs et par ricochet sur le travail qu’on est en capacité de proposer pour les élèves.
Il y a aussi que les murs des écoles appartiennent aux communes (les mairies), les collèges au département et les lycées à la région. Ça implique pas mal de choses sur l’entretien mais ça implique aussi des choses du point de vue des différents statuts pour les personnes qui y travaillent.
Commençons par aborder le sujet des profs et donc principalement au primaire.
Prof, c’est un terme générique. En primaire, avant on disait les instituteurs et les institutrices, maintenant on dit les professeurs des écoles, et souvent, en tout cas en maternelle, les enfants nous appellent maître et maîtresse. Tout ça c’est pareil. Les professeurs des écoles travaillent donc essentiellement dans le primaire, mais tu peux aussi avoir d’autres missions : on peut travailler en prison, dans le spécialisé, dans les classes de Segpa au collège, à l’hôpital auprès des enfants malades et beaucoup d’autres. Mais globalement, on travaille dans les écoles primaires que ce soit dans le public ou dans le privé sous contrat dont les profils et formations sont vaguement similaires.
Et pour devenir prof, tu fais quoi comme études ?
La formation change tout le temps pour accéder au boulot de prof. Mais en gros pour être prof fonctionnaire – parce que tous les profs ne sont pas fonctionnaires – on passe un concours de la fonction publique. En ce moment, en primaire et en secondaire, la voie “normale” c’est de passer un master, donc Bac +5, et d’obtenir un concours de la fonction publique.
Mais depuis de très nombreuses années il y a aussi des profs qui ne sont pas fonctionnaires. Ce sont des contractuels ou des vacataires. Ces profs sont embauchés sans concours mais sur diplôme et en passant un petit entretien – ou pas d’ailleurs, ça dépend de l’état d’esprit du ministère et des besoins en terme de personnels.
« Il y a aussi des profs qui ne sont pas fonctionnaires. Ce sont des contractuels ou des vacataires.
»
On reviendra à cette histoire de “contractuel”, mais commençons par rester sur la voie dite normale, celle du statut de fonctionnaire.
Dans cette voie, il y a une hiérarchie dans les profs. Il y a les professeurs des écoles, dont je suis, et les certifiés qui sont statutairement égaux et grosso modo sur la même grille indiciaire qui fixe les salaires. Les “certifiés” ce sont des profs du secondaire non agrégés.
Et après il y a les agrégés. Ce sont les profs qui ont passé le concours de l’agrégation, plus difficile que le concours de base si tu veux. Ils sont mieux payés et ont normalement un volet de leurs horaires qui est destiné à la recherche. Même si c’est pas toujours vrai. On peut dire que ce sont des profs qui font moins d’heures et qui sont mieux payés. C’est un peu l’aristocratie des profs. Tu n’as pas d’agrégés en primaire, ils enseignent uniquement en collège et lycée.
Pour essayer d’être tout à fait clair puisqu’on est entre nous n’est-ce pas – en France, parmi l’ensemble des profs fonctionnaires, un professeur des écoles, c’est un des profs les moins bien payés et qui travaillent le plus en terme de nombre d’heures. Après il y a les certifiés du collège, puis ceux du lycée, et enfin les agrégés.
Donc quand on dit “les profs”, c’est très difficile de faire un paquet avec ça parce que oui, il y a des profs qui assurent 15 h de cours par semaine et qui gagnent 4000 balles par mois (les agrégés fin de carrière), et puis il y a aussi des profs qui travaillent 50h entre les cours et leur préparation et qui gagnent moins de 2000 balles (les instits particulièrement en début de carrière par exemple). On pourra te dire que ce n’est pas totalement vrai ce que je te dis là, parce qu’en fait il y a des calculs de compensation de temps de ci et de ça, pour justifier toute cette disparité. Mais moi je te dis quand même que c’est ça la réalité du terrain. Donc il y a de tout avec de grandes disparités dans cette profession.
Il y a donc une différence entre les profs du secondaire, entre certifiés et agrégés, mais il y a aussi une différence entre profs du primaire et du secondaire.
Il y a une différence de boulot parce qu’on ne travaille pas dans des institutions qui sont comparables entre une école, et un collège ou lycée. On n’a pas la même quantité d’heures. Et on n’a pas des enfants du même âge. Et donc oui, il y a de grosses différences dans la nature du travail. Et il se fait qu’à ancienneté égale, il y a à peu près 15% de différence de salaire entre un prof du primaire et du secondaire. Je parle des certifiés, pas des agrégés, et ces 15% sont souvent liés aux primes que peuvent toucher les profs du secondaires et qu’on n’a pas en primaire.
« Il y a dans une école autant de statuts, de fonctionnements et de disparités que tu pourras imaginer.
»
Pour rester encore sur le cas des profs, tu as parlé de “contractuels”.
Oui. Jusqu’ici je te parlais de profs qui sont fonctionnaires. On est fonctionnaires, on ne relève pas du code du travail qui est à l’intention du privé, on relève du droit public, du droit administratif du public.
Mais tu as des personnes qui travaillent pour l’État et qui sont embauchées sous contrat de droit public. C’est-à-dire qu’elles relèvent à peu près du même droit que nous les fonctionnaires mais qu’elles ont un contrat avec une échéance de fin. Donc un contrat précaire qu’on pourrait rapprocher d’un CDD. Une fois le contrat fini, c’est au libre choix de la hiérarchie de reconduire ou non ce contrat. S’applique pour ces personnes qui travaillent pour l’État toute la violence de la précarité : tu as toujours l’épée de Damoclès au-dessus de toi. Tu peux très bien ne pas être renouvelé d’une année sur l’autre.
Et puis tu as aussi des personnes qui sont embauchées, au service de l’État, sous contrat privé.
Il y a dans une école autant de statuts, de fonctionnements et de disparités que tu pourras imaginer. Nos différents métiers, nos différentes activités ne sont pas régies pour toutes et tous de la même manière et ne sont pas payés de la même manière. C’est-à-dire qu’on n’est pas du tout “à travail égal, salaire égal”.
Mais globalement et parce qu’il n’est pas question de mentir sur la noirceur du tableau, dans le primaire, les profs sont des fonctionnaires à 97 %. Mais dans le secondaire, des profs qui ne sont pas fonctionnaires, il y en a plein ! Tu as maintenant une multitude de cas qui font qu’on atteint les 9% de profs qui ne sont pas fonctionnaires. Ça fait vraiment beaucoup, on ne peut plus parler de marginalité à ce niveau là.
Mais sur cette voie, je ne vais pas aller plus loin, il y a plein de profs du secondaire à la CNT qui pourront mieux que moi détailler tout ça.
« Les fonctionnaires sont payés à la mission, les contractuels à la tâche. Et ça c’est une différence très importante.
»
On peut peut-être alors passer à une cartographie des intervenantes et intervenants qui participent au fonctionnement d’une classe de primaire.
Juste avant, j’aimerais ajouter un point sur ces histoires de profs contractuels, parce que ça soulève une chose importante de mon point de vue.
Il y a donc de plus en plus de profs, dans le secondaire, qui sont embauchés avec un contrat de droit public, des “contractuels”. Et dans cette histoire de contrat, outre le fait que tu n’as pas un travail assuré, qu’il faut renouveler ce contrat généralement tous les ans, que ceci et cela, que tu es précaire, etc., il y a aussi un point fondamental : c’est que tu es payé à la tâche.
Nous, prof fonctionnaire, on n’est pas payé à la tâche. On est payé pour une mission. Et ce n’est pas du tout pareil, c’est important de le comprendre. Tous les profs fonctionnaires sont “cadre A de la fonction publique”, c’est-à-dire qu’on a un travail à exécuter mais surtout à concevoir. Ça veut dire qu’on a la liberté d’adapter nos méthodes à nos élèves, ce qu’on défend souvent sous le nom de “liberté pédagogique”. Le fait d’être “cadre A”, sur le plan statutaire, signifie qu’il nous est reconnu la capacité d’organiser nous même notre travail.
C’est-à-dire qu’on a une mission, avec des objectifs, et qu’on ne peut pas nous imposer la manière d’atteindre ces objectifs, on ne peut pas nous imposer les méthodes. Parce qu’on est censé avoir – et qu’on a ! – la formation nécessaire pour choisir les méthodes adaptées aux contextes et aux élèves. Et ça c’est fondamental dans la définition de notre métier et bien sûr dans son intérêt.
En revanche, les contractuels de l’éducation nationale font le même travail que nous mais en étant beaucoup plus précaires dans leurs conditions de travail puisqu’ils peuvent être “non reconduits”, c’est-à-dire l’équivalent d’être licenciés. Ce qui ne peut pas être la cas pour un prof fonctionnaire ou alors pour le mettre à pied – c’est le terme dans le public pour dire “être viré” –, il faut que le rectorat prouve qu’il n’a pas rempli ses missions, ce qui ne peut donc pas être, statutairement, en lien avec la méthode. Alors officiellement, le prof contractuel a la même liberté pédagogique que nous mais vu ce que je viens de te dire, tu comprends bien que sa liberté pédagogique est plus contrainte parce qu’il a cette “menace” du licenciement. Et ça c’est fondamental, c’est un ver dans le fruit, et une vraie saleté de ver encore, un qui peut faire pourrir toute le panier.
« On a une mission, avec des objectifs mais on ne peut pas nous imposer la manière de les atteindre.
»
Effectivement. Et on développe ce sujet dans un autre entretien autour de la notion des hiérarchies dans l’école. Mais si nous en revenions à mon histoire de cartographie.
Revenons y alors. Et pour commencer, il faut avoir conscience que l’État est le plus gros employeur de travailleurs et travailleuses précaires de France. Parce que toutes les personnes qui travaillent pour l’État ne sont pas fonctionnaires, loin de là ! On l’a vu pour les professeurs mais pour les autres professions qui permettent à l’éducation nationale de fonctionner, c’est pire !
Et je te propose de rester dans le cadre d’une classe de primaire.
Oui, même s’il ne faut pas oublier que celles et ceux qui travaillent à ce que les élèves soient accueillis dans l’éducation nationale, c’est bien plus large que les personnes qui sont présentes dans les écoles. Il ne faut pas oublier toutes les autres personnes qui travaillent dans l’administratif ou autres et qui sont elles et eux aussi indispensables à ce que la “machine éducation” fonctionne.
Disons que je vais m’en tenir aux deux métiers principaux que tu retrouves, en plus des profs, dans une classe : les AESH et les ATSEM.
Donc commençons pas cet acronyme d’AESH.
Les AESH, ce sont les accompagnants d’élèves en situation de handicap. Ces personnes aident les enfants qui sont donc en situation de handicap et qui sont accueillis dans l’école publique de leur quartier comme tous les autres élèves suite à la loi de 2005 sur l’école inclusive. Et puisque ces enfants vont à la même école que les autres et que néanmoins il faut qu’ils puissent avoir une aide particulière, alors il y a des gens qui s’en occupent et ce sont les AESH.
Pendant longtemps, très longtemps, les contrats des AESH étaient des contrats de droit privé très précaires, genre « contrat d’insertion ». Et maintenant ce sont des personnes qui sont en contrat de droit public avec le rectorat.
Le rectorat ?
Le rectorat, tu en as un par académie et c’est le ministère, le gouvernement. C’est le préfet de l’éducation si tu veux, et même ce sont des sur-préfets par rapport aux préfets de département puisqu’une académie regroupe plusieurs départements. Le rectorat de Grenoble par exemple englobe 5 départements. Le recteur est nommé directement par le ministère, c’est la “voix du ministre”, la voix politique si tu veux.
Et signer un contrat avec le rectorat, c’est un peu moins précaire qu’avec une commune, en terne de sécurité de l’emploi. Il y a un renouvellement de 3 ans de ton contrat, ce qui est donc très précaire, mais après, automatiquement, tu passes en CDI. Mais ces contrats publics restent particulièrement précaires au niveau salarial et il y en a beaucoup dans les écoles.
C’est-à-dire qu’une ou un AESH est payé, en général, autour de 800 ou 900 €. Ça dépend de sa quantité horaire, une quantité généralement imposée et qui ne te permet pas de faire 35h dans la semaine. Et quand on vient dire à l’employeur qu’on ne peut pas vivre avec seulement un salaire d’AESH, il nous répond qu’on doit prendre deux travails. C’est-à-dire que le travail de l’AESH n’est pas perçu comme étant un vrai travail. Les AESH ne sont pas, à leurs yeux, de vraies travailleuses ou travailleurs, au sens d’avoir une reconnaissance et une possibilité de vivre réellement de cette activité et de ce savoir professionnel. Donc par ricochet, tu n’as pas une vraie formation qui y est attachée, alors que le travail qu’ils et elles font est à la fois parfaitement essentiel, salutaire et difficile. Ça devrait absolument être reconnu à la hauteur de l’engagement et de la difficulté que ça représente. Mais on réfléchit plutôt à combler leur service en leur faisant surveiller la cantine par-ci, faire de l’animation par-là, pour réussir à faire en sorte qu’ils atteignent le Smic…
Et d’ailleurs si tu regardes dans l’administration, en catégorie B et C, “en-dessous” de la catégorie A dans la logique administrative, tu as beaucoup de travailleuses et travailleurs qui n’atteignent pas le Smic à la fin du mois et comme ce n’est pas légal, on a créé des primes spéciales pour arriver artificiellement à une paie au niveau du Smic.
« C’est-à-dire que le travail de l’AESH n’est pas perçu comme étant un vrai travail.
»
Passons au ATSEM.
Là on est uniquement dans le cadre des maternelles. Ce sont des personnes souvent très bien formées avec un CAP petite-enfance (minimum), qui interviennent auprès des enfants surtout en petite et moyenne section.
Dans une classe de maternelle tu as souvent deux adultes : un enseignant ou plutôt dans 90% des cas une enseignante, professeure des écoles, et une ATSEM. Ce sont les “agents territoriaux spécialisés en école maternelle”.
Il y a là encore plusieurs statuts possibles le plus courant ce sont des personnes employées par les mairies, généralement des fonctionnaires territoriales, mais qui peuvent aussi être des contractuelles employées par ces mêmes mairies. Par exemple à Grenoble tu as des ATSEM employées au mois et d’autres à l’heure et qui n’ont pas les mêmes statuts et qui ne sont donc pas titulaires, donc pas fonctionnaires. En terme de précarité, avec ça, on est bien.
Et pour la subtilité, le ou la supérieure hiérarchique d’une ATSEM pendant le temps scolaire c’est la directrice de l’école mais en-dehors du temps scolaire, c’est-à-dire hors de la classe pour simplifier, c’est la mairie. L’ATSEM arrive le matin, elle est sous l’autorité de son supérieur hiérarchique qui est la mairie parce qu’elle est en péri-scolaire. Elle garde les enfants jusqu’à ce que ce soit l’heure du début de la classe. La cloche sonne, elle va dans sa classe, elle est sous l’autorité du directeur de l’école. La cloche sonne, elle accompagne les enfants à la cantine, elle est sous l’autorité de la mairie. Elle re-re-sonne, directeur, le soir elle fait du péri-scolaire, elle garde les enfants jusqu’à ce que les parents sortent de l’usine, hop, mairie. Donc tu te rends compte des conflits d’intérêts et d’objectifs entre ces deux hiérarchies.
Et il faut parler des amplitudes horaires de leur travail. Les ATSEM de mon école, sur une amplitude d’en gros 7h30 à 17h, elles ont formellement 30 min de pause dans la journée. Et a priori, parce qu’on a vérifié bien sûr, c’est légal. “L’obligation”, c’est qu’au bout de 6h elles doivent prendre une pause. Dans la logique patronale en vigueur, la grosse amplitude horaire des ATSEM, c’est parce qu’elles ont les vacances scolaires. Elles ont plus de jours de vacances qu’un ou une travailleuse de la fonction publique territoriale d’un autre métier. Les agents de la fonction publique territoriale, c’est-à-dire pour simplifier, embauchés par la mairie, font 1607 heures, comme dans le privé. C’est-à-dire que pour les ATSEM, on condense leur nombre d’heures à la journée pour à la fin de l’année, avec les vacances, être à 1607 heures. Et donc cette logique débouche sur ces horaires de dingue à la journée, mais ça, ça ne semble pas déranger les personnes qui édictent les règles, bien posées le cul dans un fauteuil pour réfléchir à tout ça.
Parce qu’il faut pointer le fait que ce travail est vraiment très difficile. Les ATSEM sont affectées aux tâches les plus pénibles en terme physique. Il faut se baisser, soulever les enfants, les changer, les nettoyer, les coucher, les consoler… Et avec des temps collectifs très pénibles. Par exemple surveiller une salle de cantine avec 100 enfants qui mangent en même temps, c’est pas la même chose qu’une salle de classe avec 20 gamins.
Et une ATSEM en fin de carrière, elle arrive à peu près à 2300€, mais en début de carrière elle est à 1600€. Ce n’est donc pas la pire situation au niveau du salaire mais on ne peut pas dire que ce soit enviable quand tu vois la difficulté du métier. Et en plus, tu as des ATSEM embauchées avec un contrat horaire qui se retrouvent au-dessous du Smic puisqu’on ne leur donne pas 35h de travail par semaine, comme pour les AESH. C’est l’intérêt de l’embauche en contrat horaire, tu bouches les trous et que les travailleuses et les travailleurs se débrouillent pour le reste.
Avant on parlait dans les municipalités qui se disent “de gauche” ou “sociale”, de plan de titularisation. Maintenant on parle de plan de déprécarisation. Nuance ! C’est-à-dire que nos génies du gouvernement au lieu de titulariser, c’est-à-dire de passer d’un contrat de droit public à un statut de fonctionnaire qui est, dans ce panel, le plus intéressant pour les salariés, on les passe en CDI. Ce qui permet de ne pas les titulariser.
« Et pour te dire, avant on parlait dans les municipalités qui se disent “de gauche” ou “sociale”, de plan de titularisation. Maintenant on parle de plan de déprécarisation. Nuance !
»
Avec ça, on commence à avoir une vision des enjeux statutaires, organisationnels et syndicaux dans une école.
Et ça n’est que très parcellaire comme tour du paysage. Mais j’espère que ça donne une vision de la diversité statutaire qu’on rencontre dans une école et qu’on ne soupçonne pas toujours.
Ce sont des subtilités administratives qui peuvent paraître un peu tatillonnes mais qui ont des conséquences très concrètes sur le quotidien du personnel de l’éducation nationale. Notamment sur l’organisation de la hiérarchie, et donc de la manière dont on travaille, dont sont répartis les rôles et les pouvoirs.
Et la hiérarchie à l’école, c’est un gros dossier…
Les syndicats de l’éducation de la CNT rassemblent les professionnel·les de l’éducation – professeur·es, ATSEM, AESH, etc. quelque soient leurs statuts – ainsi que les élèves et étudiant·es.
La fédération des syndicats de l’éducation de la CNT est joignable au 07 82 14 98 31 et fede-educ cnt-f.org et son site est consultable ici.
Vous pouvez retrouver le contact du syndicat de l’éducation le plus proche de chez vous ici.
Cette discussion fait partie d’un dossier consacré au travail des professionnel·les de l’éducation.
Discussions déjà parues dans ce dossier :
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