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Tu veux pas du CPE ? Tu vas adorer les stages !

mercredi 24 mai 2006

Le gouvernement, bras armé du Medef, n’en finit pas d’organiser la précarité généralisée. N’ayant pu mener à bien la mise en place du CPE, il se rattrape comme il peut. Au-delà du maintien du CNE, il est bien décidé à mettre en œuvre cette loi inique qu’est celle dite de « l’égalité des chances ». Et d’instituer avec sa « charte des stages étudiants en entreprise » une sorte de légalisation de l’esclavage !

Dans la presse et plus largement dans l’ensemble des médias, on connaît bien cette armée de réserve industrielle, taillable et corvéable à merci que sont les stagiaires. Auparavant, on les voyait surgir l’été, histoire de suppléer aux départs en vacances. Mais désormais, c’est toute l’année que l’on voit fleurir ces « jeunes qui n’en veulent » ou plutôt bien forcés d’en vouloir.

Oubliez le minot affecté à la machine à café et à la photocopieuse (encore que ce genre de petites attentions semblent toujours bienvenues) : les stagiaires dans le monde de la presse et des médias exercent une réelle activité professionnelle. A peine entrés dans le monde du travail et déjà exploités. Pourquoi se priver, d’ailleurs ? Cette main-d’œuvre a l’immense avantage d’être GRATUITE ! Et côté productivité, il n’y a rien de mieux qu’un jeune qui est là pour faire ses preuves et qui se satisfait de cette rémunération ô combien symbolique qui consiste à voir son nom en bas d’un article ou à la fin d’un générique.

Les radios et télés, publiques comme privées, les magazines, l’ensemble des journaux, nationaux ou locaux, se régalent d’avance. Une convention signée, et le tour est joué ! Si une rémunération a minima peut exister pour les sortants d’écoles de journalisme souhaitant usiner dans les journaux régionaux, pour les autres c’est la soupe aux cailloux. Avec parfois même une sélection drastique, la même que l’on doit d’habitude subir avant une embauche. Sauf que, bien souvent, il n’y a pas d’embauche à la clé.
Ce que promet un stage ? Un avenir couleur précarité, avec, à la clé, d’autres stages, parce qu’il faut persévérer. Peut-être un jour y aura-t-il une pige à la clé. Et, pourquoi pas, après bien d’autres preuves d’une efficacité non rémunérée, une collaboration plus ou moins régulière. Un CDD ? On ose à peine l’évoquer, tant il est devenu rare. Et le CDI, on n’y pense même plus. Car pourquoi embaucher quand on dispose d’une main-d’œuvre gratuite.

Le SIPM-CNT dénonce donc la charte scandaleuse signée par le Medef et les organisations étudiantes de droite, instaurant une rémunération pour les stages de plus de trois mois... sans définir de montant minimal de rémunération !

Notre syndicat déplore par ailleurs l’étrange cécité dont semblent souffrir les médias lorsqu’ils abordent la question des stages et des stagiaires. Se régalant des happenings et des masques blancs de ces précaires osant donner de la voix faute d’avoir des droits, ils n’évoquent jamais ces entreprises de presse et autres grosses boîtes audiovisuelles qui usent et abusent de ceux qui veulent passer par cette nouvelle antichambre du monde du travail.

Nous demandons donc :
 l’arrêt des stages gratuits
 une rémunération au moins égale au minimum conventionnel de chaque branche de métier
 le droit aux mêmes avantages que l’ensemble des salariés pour les stagiaires. Dont celui de se syndiquer
 Une véritable prise en considération du rôle formateur d’un stage. Avec, à cet effet, désignation d’un référent volontaire au sein de l’entreprise, dont une partie du temps de travail, négociée et définie avec le stagiaire, est attribuée à la formation et à son suivi
 la priorité donnée aux stagiaires en cas d’embauche

Nous appelons tous les stagiaires à relever la tête. Nous devons refuser cette situation sociale et économique discriminante et faisant de chacun des parias. N’hésitons pas à pointer du doigt les entreprises ayant recours à cette forme d’emploi pour fonctionner. N’hésitons pas à dénoncer ce sous-contrat qu’est le stage, par l’information de tous, mais aussi par des actions fortes à l’encontre de la force de production que nous représentons.