Un syndicalisme autogestionnaire et sans permanent

Accueil > Boîtes en lutte > Solidarité > Relay H : le système Hachette

Coordination nationale des caissiers-vendeurs des RELAY-RELAIS H syndiqués et non-syndiqués.

Relay H : le système Hachette

vendredi 2 juillet 2004

Lettre ouverte de la coordination à laquelle participent nos camarades du SCIAL-CNT (Syndicat du commerce). A faire circuler chez les kiosquiers et ailleurs.

Nous demandons à toutes et à tous de la reproduire et de la proposer pour affichage à vos kiosquiers de presse habituels (la situation est la même aussi en province...).

Contact : le lelienrougegris@yahoo.fr

Hachette, un quasi-monopole

Tout d’abord ,croyez bien que nous sommes pleinement conscients des conditions de travail extrêmement contraignantes qui sont les vôtres. A travers de nombreux articles de la presse écrite, tous les français commencent à en avoir conscience. Nous avons même entendu des kiosquiers parler de suicide de certains d’entre eux dus à leurs conditions de travail actuelles pour des rémunérations-commissions les plus basses d’Europe, surtout rapportées au nombre réel d’heures travaillées.

C’est à juste titre que vous vous en prenez à RELAY, notamment en ce que rien ne justifie que les RELAY (c’est-à-dire HACHETTE DISTRIBUTION SERVICE par sa filiale RELAIS H SNC) perçoivent des commissions nettement supérieures aux vôtres. Nous savons tous que HACHETTE-LAGARDERE qui détient de nombreux titres de presse, détient aussi de 80 à 85% de la distribution en gros de la presse en France par son contrôle de fait des coopératives de distribution NMPP et SAEM-TP et un monopole de fait (conforme au droit national et communautaire ?) de la distribution au numéro de la presse dans les zones de transport (SNCF, RATP, hôpitaux, aéroports) faisant ainsi la pluie et le beau temps et pouvant même pousser tout concurrent indépendant à la faillite, notamment en surchargeant sa trésorerie et en l’inondant de stocks invendables.

Bien que d’après la règle française, les publications restent la propriété de l’éditeur jusqu’à leur achat final par le lecteur, il ne sera pas non plus difficile de faire admettre au grand public qu’en plus du monopole de l’installation des kiosques et de leur régie publicitaire , contrôlées là encore par une filiale commune de HACHETTE et des NMPP, ces deux entités économiques ,qui ne roulent que pour LAGARDERE, vous créditent à leur seule discrétion les "invendus" d’un stock que vous avez de fait été contraint d’acheter préalablement. Elles ont donc tout intérêt à vous inonder de stocks superflus (25% des titres ne vendent pas un seul exemplaire au numéro en six mois et ne vivent que de la pub !) et de tirer de ces soldes crédits-débits de substantiels fonds de roulement financiers et boursiers. Et ce n’est certainement pas dans vos commissions que ces bénéfices passent !

Et bien sûr, tout cela avec l’imparable argument de "garantir ainsi la pluralité de la presse", sacro-saint principe intangible tant que celle-ci ne fait preuve d’aucune irrévérence à l’égard d’HACHETTE, comme par exemple parler de la décision du 14 Février 2003 du conseil de la concurrence, confirmée depuis, condamnant les NMPP à 600.000 euros d’amende (ainsi qu’à réformer leurs barèmes de commissions) pour avoir abusé de leur position dominante au profit d’HACHETTE (actionnaire à 49%), en appliquant à une société concurrente, TUXEDO, des barèmes de commission propres à l’éliminer des aéroports parisiens où cette société vendait aussi de la presse, et cela au seul profit de la filiale d’HACHETTE : l’enseigne RELAY...

Les agents, entre salariés ou « chefs d’entreprises » ?

MAIS,

croyez-vous pour autant que la condition des "agents" exploitant les kiosques de presse RELAY-RELAIS H soit meilleure que la vôtre ? Jugez-en plutôt :
 les "agents" sont tenus de déférer à toutes les instructions qui leur sont données par l’"autorité concédante " (sic) (RATP, SNCF, etc.).celle-ci, après avoir accepté l’installation définitive d’un agent peut, à tout moment, exiger le départ de celui-ci, ce qui entraînerait la rupture immédiate de son contrat d’engagement (le même traitement s’applique aussi aux vendeurEs des RELAY d’après HACHETTE).
 HACHETTE demeure propriétaire des marchandises en stock et des espèces provenant de la vente. HACHETTE Peut faire établir à tout moment par ses représentants des inventaires - rappelons que les agents n’ont aucune comptabilité propre (bilan annuel, etc...) et se contentent de déclarer journellement à HACHETTE le produit des ventes. Ils n’ont que 15 jours pour accepter ou contester un résultat d’inventaire sur lequel ils n’ont aucun contrôle. Or la démarque (vol, erreur comptable, etc.) est imputée à 70% sur une prime de risque épargnée par l’agent, aux prix de vente des produits fixés par HACHETTE (et non au prix d’achat de gros des produits par HACHETTE à ses fournisseurs !) ne garantissant contractuellement aux agents qu’un salaire minimum égal au SMIC.
 en garantie des marchandises qu’il détient, l’agent doit verser un cautionnement (les publicités de recrutement des agents prétendent, elles, le contraire !)
 en cas d’absence ou de maladie (congés payés, jambe cassée, arrêt cardiaque, etc.) et bien que salariés, les agents sont tenus de présenter eux-mêmes leur remplaçant, leur propre responsabilité (pécuniaire) restant entière.
 une clause de non-concurrence interdit littéralement à un ancien agent, même licencié économique, de continuer son métier dans un rayon de 3 kilomètres de son ancien RELAY et ce durant 3 ans...
 Et, cerise sur le gâteau : Les héritiers de l’agent seront conjointement et solidairement tenus, au cas où celui-ci viendrait à décéder, des obligations résultant, pour les agents, de leur contrat avec HACHETTE !

Nous vous passons d’autres dispositions du contrat des agents du même tonneau, mais un peu moins caricaturales... Pour le reste, eh bien vous vous en doutez, le constat sur nos conditions de travail quotidiennes est sensiblement le même que le vôtre. IL n’y a aucune raison que le système HACHETTE-NMPP épargne plus les RELAY , bien au contraire !

Et si la condition d’agent peut continuer à paraître à certains d’entre vous comme le paradis au vu de vos conditions de travail, sachez aussi qu’un récent jugement du conseil de prud’hommes de Nanterre vient de rappeler à HACHETTE-LAGARDERE que les exploitants des kiosques RELAY-RELAIS H n’étaient pas corvéables à merci en accordant à une ancienne exploitante d’un RELAY à ROISSY la modique somme de 5000 euros au titre d’heures supplémentaires impayées. Dur pour HACHETTE qui présente ses agents RELAY tour à tour comme de simples salariés ou comme de "véritables chefs d’entreprise" suivant les tribunaux devant lesquels ils sont assignés...

Les caissiers-vendeurs, smicards à vie

NEANMOINS,

La précarité organisée par HACHETTE et les NMPP aussi bien autour de votre travail que de celui des agents RELAY pour mieux mettre la distribution de presse à sa botte ne lui suffit toutefois pas. Le système ne serait pas parfait si, sur environ 3000 salariés travaillant dans les RELAY dont environ un millier d’agent, 2000 d’entre eux, nous, les caissiers-vendeurs, n’étions pas dépourvus de tout droit social et syndical.

Car, officiellement, NOUS NE SOMMES PAS SALARIES D’HACHETTE, mais salariés des agents dont nous avons parlé ci-dessus. Exclusivement rémunérés sur la base du SMIC A VIE, corvéables dimanches et jours fériés, sans convention collective, en réalité rémunérés par la "Participation aux frais de vente", délicat euphémisme employé par HACHETTE pour désigner nos salaires versés sur les comptes personnels des agents et gérer ainsi l’emploi dans les RELAY ; voilà notre lot !

HACHETTE s’appuie exclusivement sur le pouvoir disciplinaire qu’il délègue aux agents pour justifier de cette situation ahurissante où QUAND UN CLIENT DEMANDE UN RENSEIGNEMENT A UN VENDEUR HABILLE AUX COULEURS DE RELAY, IL NE PARLE PAS A UN SALARIE DE RELAY !

Pis encore, un vendeur ayant passé 10 ou 15 Ans dans les RELAY, ayant remplacé des agents, ayant une compétence professionnelle égale à celle des agents, doit démissionner et renoncer à toute ancienneté pour passer agent et cela en application d’un statut particulier des agents de HACHETTE découlant d’une loi du 21 MARS 1941 édictée par le seul Maréchal PETAIN, sans le moindre débat parlementaire (et pour cause !) et inchangée depuis ! ! !

Vous le voyez, le discount social pratiqué par HACHETTE ne trouvera son aboutissement que le jour où, directement ou via les NMPP, votre statut sera identique à celui des agents, celui de vos vendeurs au nôtre, et où HACHETTE obtiendra la mainmise sur la totalité de la distribution de l’écrit en France. Alors, à qui profite les corporatismes ? ENTAMONS LE DEBAT !

COORDINATION NATIONALE DES CAISSIERS-VENDEURS RELAY/RELAY H


Sur Hachette, voir aussi, relativement à sa situation monopolistique et à la récente vente de Editis à Waendel Investissement : http://www.acrimed.org/article1655.html