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Organisons la riposte syndicale unitaire !

jeudi 21 avril 2011

Ci-dessous, l’édito du bulletin du SIPM-CNT, ça presse, d’avril 2011, disponible en téléchargement à la fin de l’article

Les salariés de la presse et des médias sont depuis quelque temps dans le collimateur… Presque aucun groupe, aucun titre, aucun métier n’y échappe. Entre les plans sociaux et les départs (soi-disant volontaires ou à la retraite) non remplacés, ceux qui restent croulent sous la charge de travail, au détriment de la qualité de l’information.

La crise économique est le prétexte idéal des patrons pour accentuer cette destruction des entreprises de presse et des médias, et pour refuser toute forme d’augmentation de salaire. Avec en toile de fond l’appétit sans cesse croissant des actionnaires, qui ne pensent qu’à augmenter leurs dividendes à court terme.

Et quand ce n’est pas la crise, c’est au nom du progrès et de la rentabilité que le patronat impose de nouveaux logiciels d’automatisation des tâches et la mutualisation des équipes (donc la réduction des effectifs et la destruction des équipes rédactionnelles). Sans oublier la course au numérique, dont l’objectif annoncé est la recherche de publicité (c’est encore à prouver) et l’économie de moyens (y compris en termes de droits d’auteur avec la loi Hadopi). La conséquence est la destruction des acquis sociaux (aucune classification claire pour les salariés de la presse Web, salaires au rabais, suppression des correcteurs, maquettistes, photographes, etc.) et l’uniformisation de l’information.

Un processus qui touche aussi les médias de service public, depuis l’audiovisuel jusqu’à l’AFP en passant par la presse territoriale. Entre réduction des budgets, casse des statuts, non-remplacement des départs en retraite, développement de la précarité et mise sous tutelle du pouvoir politique, l’information de service public est largement mise à mal.

Ces stratégies patronales de course aux profits contre les droits sociaux et la qualité de l’information s’accompagnent d’un développement sans limite de la précarité : rémunération à la pige, intérim, CDD, voire utilisation abusive des Agessa ou des honoraires, tout est bon pour « flexibiliser » et remettre en cause la stabilité de l’emploi, les conditions de travail… et par conséquent les possibilités de mobilisation collective.

Concrètement, les précaires offrent bien des avantages aux patrons de presse. Ces salariés au rabais constituent des variables d’ajustement. Certaines rédactions diminuent autoritairement les tarifs pratiqués, divisés par deux dans certains cas. À prendre ou à laisser.

Jusqu’au protocole d’étape pigiste signé en 2008 par le patronat de la presse et les syndicats CFTC, CFE-CGC et CFDT. Combattu depuis le début par les autres syndicats de la presse (SNJ, SNJ-CGT, FO et bien sûr CNT), il rabaissait encore les droits des journalistes pigistes. Heureusement, sa contestation au niveau juridique a permis d’en atténuer les effets nocifs.

Le 24 mars dernier, la cour d’appel de Paris, si elle n’a pas annulé le protocole d’étape « pigistes », a tout de même rappelé certains droits. En matière électorale, elle confirme l’interdiction de fixer un minimum de revenu pour être électeur ou éligible, ne gardant que la condition du nombre de fiches de paye. Elle indique que les pigistes doivent être comptés dans l’effectif, qu’ils aient ou non une carte de presse. Ils doivent également être inscrits sur le registre unique du personnel, comme tout salarié. En termes d’assurance-maladie, la cour rappelle que la convention collective des journalistes (articles 26 et 42) s’applique malgré le protocole : de fait, l’employeur a l’obligation de maintenir le salaire en cas de maladie, maternité ou accident du travail, et ce sans carence. Enfin, la cour donne la possibilité aux journalistes pigistes qui le souhaitent d’opter pour le calcul de la prime d’ancienneté selon les articles 23 et 24 de la convention collective journalistes. Au final, une première avancée, même si le but reste pour nous l’annulation de ce protocole et la revalorisation des droits des pigistes.

N’est-il pas temps enfin que tous les travailleurs de la presse et des médias s’unissent pour s’affronter ensemble aux patrons et actionnaires qui suivent tous la même logique ? Le SIPM-CNT appelle à construire une riposte syndicale unitaire, en dehors de tout corporatisme et tout sectarisme, pour défendre nos emplois, nos conditions de travail, nos métiers ainsi que la qualité de l’information et sa diversité ! De Mondadori à Prisma en passant par les journalistes pigistes du groupe Le Monde ou les cortèges des manifestations contre la réforme des retraites, la voie de la lutte a été ouverte : suivons-là et amplifions la mobilisation !

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