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SIPM-CNT

La mutinerie des soutiers chez Ouest-France

vendredi 18 février 2005

Les pigistes de titres d’Ouest-France en grève. Contre le mépris de la direction, contre les salaires de misère, pour leurs droits.

La mutinerie des soutiers chez Ouest-France

Entre les sommes fabuleuses brassées par les magnats de la presse et le sort réservé aux petites mains, les contrastes sont édifiants. Il faudrait quelque 60 millions d’euros à François-Régis Hutin, saint patron d’Ouest-France, le premier quotidien français, pour racheter ces jours-ci les trois quotidiens du pôle Ouest de la Socpresse (Presse-Océan, Le Maine Libre, Le Courrier de l’Ouest). Au même moment, depuis mercredi 16 février, les pigistes d’Infomer, une des filiales du prospère groupe Ouest-France, se lancent dans une grève de soutiers de l’info, payés une misère pour faire tourner les journaux professionnels maritimes de l’empire Ouest France.

L’hebdo Le Marin est réalisé par une équipe de sept journalistes permanents, et quelque 25 pigistes sur tout le littoral, de Marseille à Dunkerque. Ces journalistes tâcherons sont unanimement en grève pour obtenir une revalorisation de leur rémunération, actuellement de 28,27 euros le feuillet de 1500 signes, soit plus de deux fois en dessous des minima admis en presse quotidienne nationale et dans les magazines.
Portées régulièrement depuis 22 mois par les délégués du personnel, les demandes polies n’ont reçu qu’un mépris hautain. Face à la volonté de conciliation, de dialogue, la direction n’a opposé qu’un refus ferme et définitif. Sauf en janvier 2004 : devant l¹insistance de ces traîne-misère, la direction leur concède alors + 3 % d’augmentation. . On est bien loin de rétablir les pertes cumulées dues à la simple inflation du coût de la vie des dernières années. C’est juste l’aumône. Une charité bien dans l’esprit de ce groupe démocrate chrétien, qui affiche un humanisme onctueux à longueurs de colonnes.

Cette fin de non-recevoir permanente passe d’autant plus mal que les pigistes ont au même moment subi directement les aléas d¹une nouvelle maquette de l’hebdo étrennée en décembre dernier. La nouvelle formule a réduit la longueur des articles commandés, et donc les revenus des pigistes. Les tarifs des photos couleur ont même baissé, passant de 80 euros à 35 euros. Modification substantielle du contrat de travail, décidée unilatéralement, cette baisse est d’ailleurs illégale. Pour ces pigistes, la grève a pris la forme d¹une rétention des articles qui leur ont été commandés, papiers qu¹ils ne livrent pas tant que le conflit n’a pas une issue satisfaisante.

La grève s’étend par ailleurs aux autres titres du groupe, L’Ostréiculteur et Produits de la Mer.

Le SIPM-CNT assure son soutien aux grévistes de cette petite part de l’empire Ouest France. En ayant conscience qu’à l’heure où se redessinent fiefs et portefeuilles d’actionnaires, les plus précaires font souvent les frais de ces mouvements de capitaux. Mais les pigistes ne sauraient accepter d’être du menu fretin...