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Une histoire d’imposture. Les habits neufs du stalinisme

mardi 4 septembre 2012, par Greg

Le 10 septembre 2011, la Place des républicains espagnols à Cahors reçoit la plaque « En hommage aux Guérilleros Espagnols-FFI et autres combattants de la liberté morts pour la France  », autrement dit un hommage aux militants du Parti communiste espagnol et d’autres personnes (sous-entendus ses suiveurs, ses imitateurs). Cette manipulation ou ce révisionnisme léniniste de la mémoire, digne des années 1950-1960, a déclenché la juste réaction d’Ángel et Gladis Carballeira Mombrió, Alain Dobœuf, Amado Marcellán Francitorra et de Francisco Pallarés Aran.

Chacun apporte sa part au rétablissement de la réalité plurielle des maquisards réfugiés espagnols. Amado Marcellán Francitorra démonte les sous-entendus du « morts pour la France  » (p. 20 et suivantes) et le silence sur des aspects moins acceptables de la « vulgate gaullo-communiste de la Libération  »  : combattants juifs émigrés et noms des premiers half-track de la 2 DB à Paris « Guadalajara  », « Teruel  » plus tard les chars « Romilly  », « Montmirail  », etc.

Un rappel du contexte de racket du PCF et du PCE à base d’assassinats et de violence pour imposer leur hégémonie à Toulouse et dans le sud de la France en 1944. On a également la réaction de la CNT et sa lettre au PCE du 12 octobre 1944 (une date symbolique, la découverte de l’Amérique pour les uns, le début du génocide des peuples originaires pour les autres).

Une demande de modification de la plaque polémique (au sens propre, motif de guerre) et une chronologie finissent ce livre bien utile à une époque où les révisionnismes fleurissent.

Frank Mintz, 29.06.12

Une histoire d’imposture. Les habits neufs du stalinisme (ou comment l’apposition d’une plaque sur une place publique de Cahors révèle des tentatives de manipulation mémorielle), Collectif Les autres (Cahors, France), ReDHiC - Recherche et documentation d’histoire sociale, 2012, 237 p., 15 €.

Messages

  • L’histoire du stalinisme dans la Résistance est encore à écrire. "Morts pour la France", s’agissant de rendre hommage à des militants internationalistes (du moins on le suppose...), est dans la droite ligne du "Retroussons nos manches !" ou encore "Il faut savoir terminer une grève".
    Pierre Broué avait initié ce travail en consacrant un petit livre à l’assassinat de résistants trotskystes - dont le militant italien Pietro Tresso - par les staliniens poursuivant l’oeuvre commencée en Espagne puis en France par le Guépéou.
    Aucun révisionnisme léniniste là-dedans - Lénine est mort en 1924 sans avoir jamais sacrifié son internationalisme au patriotisme cocardier. Les mots, les dates et les hommes ne peuvent pas être utilisés à tort et à travers. Ou alors, s’agissant de l’anarchisme, on le stigmatisera dans sa totalité sous prétexte que certains de ses militants se sont vautrés dans l’Union sacrée en 1914 (Jean Grave, James Guillaume...).
    TF.