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Salut Maryvonne !

mercredi 9 janvier 2013, par Greg

Maryvonne Menez-Hallez est décédée le 3 janvier 2013, épuisée par un cancer. Maryvonne avait l’art de débusquer et de mettre en mouvement les bonnes volontés, d’ignorer obstacles et barrières pour tracer « le chemin qui se fait en marchant » ; toujours en quête de ce qui nous tient debout, de ce qui fait avancer, de ce qui ouvre l’horizon, de ce qui agrandit la vie, elle a donné ses derniers avis sur la revue la dernière semaine de décembre. Elle a préparé sa mort, sans peur, pour que l’hopital ne la lui vole pas. Car son combat pour l’éducation et l’accès au savoir était une part importante certes, mais non le tout de ses aspirations à un monde beau, juste et libre.
Le Comité de rédaction lui rend hommage ici

La revue N’Autre école, une bonne dizaine d’années, n’était-ce pas un voeu non formulé de Maryvonne : une éducation autre, mais sur la même planète, avec les mêmes élèves, que cette fadeur insensée qui est celle des lycées et collèges ordinaires ? Pas vraiment une utopie, une altertopie, où les minuscules étincelles que nous arrivons parfois à faire naitre puissent allumer des feux, ceux de l’interrogation et de la rencontre.

Car le savoir, c’était cela, pour elle : la rencontre non pas improbable mais à la fois libre et calculée, consciente, de la danse et des maths, de la philo et de la physique, de la pédagogie et du concept. Faire se rencontrer les mondes mentaux que nous construisons, les personnes, les tentatives ; se poser des questions, ou plutôt , la question qui fait avancer. Car si Maryvonne était, hautement, une intellectuelle, elle était loin des contorsions mondaines faites pour briller.

Dans un collège-lycée parisien assez gris, elle a fait pétiller les intelligences, elle a surpris, elle s’est faite détester … ça lui était bien égal. Elle avait ce sourire taoïste, et gai et triste, sans prétention au détachement des ermites, sans la raideur des petits soldats.
A ses collègues profs de maths, parfois un peu calfeutrés, elle a comme formatrice montré qu’il y avait d’autres mondes derrière les portes.

Avec Déclic, et quelques autres mais peu nombreux, elle a voulu que sorte de la glu administrative un collège autre, que les élèves puisse faire leur. Avoir la patience du réel sans abandonner la petite flamme.
Dans notre revue, elle lisait les textes, donnait son avis, disait ses désaccords, proposait, proposait encore. Elle faisait attention.
Difficile de mêler souvenirs personnels et vécu collectif : qu’il soit dit qu’il est peu de personnes qui aient vécu dans la grande culture sans mépris pour les autres, sans même en tirer les petits bénéfices personnels au prix desquels on se rétrécit si souvent. Peu qui aient accepté les duretés sans jamais se résigner, qui aient vécu dans le καλονκαγαθον (le bien et le beau), sans doute pas dans l’illusion d’une totale sérénité, mais, nous le savons, dans une forte cohérence, dans une grande énergie.

Le Comité de rédaction