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Quelles pratiques en vie de classe ? Questionnaire

jeudi 27 mai 2010, par Greg

En 1999, suite au rapport sur « Le collège de l’an 2000 » et la consultation sur la vie lycéenne,
deux notes au BO préconisent l’inscription d’une heure de vie de classe dans l’emploi du temps des élèves, au collège comme au lycée. Dix ans plus tard, nous avons voulu interroger
nos collègues sur le sens de ce dispositif en leur proposant de répondre à un questionnaire.

Le cadre institutionnel

Dès 1986, se pose la question de l’heure de vie de classe ; ce sont les prémisses et l’on parle d’heure de vie scolaire qui se réalise d’une manière officieuse sur la base du volontariat et/ou du bénévolat. L’heure de vie de classe va naître et être institutionnalisée (voir texte du 10 juillet 1999 de Ségolène Royal, alors ministre des affaires scolaires) suite à la montée de la violence. Elle correspond également aux besoins d’échanges et d’informations tant sur la prévention des conduites à risques que sur l’orientation.

L’heure de vie de classe (HVC) est obligatoirement intégrée à l’emploi du temps des élèves, depuis la rentrée 2002, à hauteur de 10 heures/an et peut-être déclinée sur l’année d’une manière souple (1 heure / quinzaine ; 2 heures / mois…).

C’est le professeur principal, en tant que coordonnateur de l’équipe, qui a la charge d’organiser le déroulement de cette heure : il peut donc prévoir l’intervention de différentes personnes. Il n’est en revanche pas tenu d’animer à lui seul et de façon systématique l’HVC. L’HVC est une heure inscrite à l’emploi du temps des élèves, et aucun texte n’impose à quiconque de la prendre en charge de façon spécifique.

L’HVC n’est pas mentionnée dans les textes qui définissent le rôle du professeur principal, elle ne fait pas partie des missions couvertes par l’ISOE, elle n’est donc pas rémunérée par ce biais. Elle n’est rétribuée d’aucune autre manière puisqu’elle ne fait pas partie du service des enseignants. Elle ne peut pas non plus être mise à l’emploi du temps des enseignants en HSA. Elle ne peut donc être payée qu’en HSE, sur la base du rapport de forces ou de l’accord passé avec le chef d’établissement.

L’organisation de n’autre enquête

Le questionnaire proposé par le comité de rédaction a été distribué dans les casiers des professeurs de deux établissements de la banlieue parisienne (Mantes et 93). Faute de temps, nous n’avons pu étendre sa diffusion, malgré tout, une vingtaine de collègues ont répondu. Un panel limité donc, mais assez significatif à l’échelle des établissements concernés. Plus qu’une vision globale de l’heure de vie de classe, on lira donc ici une étude de la façon dont elle est mise en œuvre au niveau d’un établissement.

La démarche, quelque peu improvisée il est vrai, entendait également amorcer des discussions entre collègues, en proposant, à travers certaines questions ou certaines des réponses proposées, d’avancer des pistes de réflexion. Une autre manière, finalement, de militer, syndicalement et pédagogiquement, dans nos établissements. En tout cas, une expérience à renouveler sur d’autres thèmes et dans d’autres numéros de la revue. ■

 De manière quelque peu étonnante, 30 % des questionnaires ont été remplis par des collègues n’assurant pas les heures de vie de classe. Si l’on rentre dans les détails, on s’aperçoit qu’une partie d’entre eux en a organisées dans le passé, mais surtout qu’une part non négligeable de collègues refuse de les assurer tant qu’elles ne seront pas rémunérées. Intéressant aussi, le très faible pourcentage « d’invités », qui laisse entendre que la pratique de co-animation est faiblement répandue.

 Les réponses sont ici relativement tranchées. Dans la plupart des classes, l’heure de vie de classe n’est pas institutionnalisée comme un rituel, à un rythme défini, mais apparaît lorsque le besoin s’en fait sentir. Autrement, elle correspond au rythme prescrit par l’institution (une heure par quinzaine ou 10 heures par an).
À la différence des conseils coopératifs, le plus souvent hebdomadaires, l’heure de vie de classe, en collège, n’est pas vécue comme un moment intégré à l’emploi du temps.

 Difficile d’extrapoler à partir des quelques résultats recueillis. L’heure de vie de classe est-elle plus adaptée à certains à certains niveaux (ici les 6e et les 4e) ou est-ce simplement le hasard de la répartition des services des collègues qui ont accepté de répondre ?

 Quels contenus pour ces heures « sans programme » ? Sans surprise, le rôle administratif est mis en avant, mais il n’arrive pas en tête : les relations entre élèves, les règles de vie au sein de l’établissement font jeu égal, alors que la discussion sur les règles de vie dans la classe domine très largement. Alors, l’heure de vie de classe, instance disciplinaire ? En partie, sûrement. Mais les discussions sur le fonctionnement de la classe, la vie en collectif, le vécu quotidien… peuvent aussi permettre une appropriation émancipatrice qui n’est pas sans intérêt.
En revanche, quotidien des élèves dans leur quartier et discussion sur l’actualité hors collège sont totalement délaissés. Si l’intitulé « vie de classe » n’interdit nullement d’aller voir au-delà des murs des salles de cours pour parler de ce qui se passe dans l’établissement, la prise en compte du quotidien des élèves en dehors de l’école ne semble pas être entrée dans les mœurs. Une démarche qu’il conviendrait certainement de renforcer et d’explorer.

 Une organisation qui reste des plus traditionnelles. Pour 70 % des réponses, ces heures sont considérées comme des cours, laissant, au mieux, une part plus importante aux interventions des élèves – idée renforcée parle nombre important de réponses conjointes en 1) et 2). Distribution de la parole par les élèves eux-mêmes, instauration d’un secrétaire de séance, etc. restent des choix très marginaux.

 Cette question visait à savoir si les séances étaient considérées comme de véritables « réunions ». Faire un compte rendu écrit, c’est accorder ce statut à la séance, c’est aussi conférer une importance et un poids aux discussions… Les résultats se passent donc de commentaires.

 De manière encore plus explicite que la question précédente, on constate ici le manque de statut de ces séances pour les participants. Si elles ne servent pas à prendre de décisions, on peut alors s’interroger sur leur intérêt et leur efficacité… Lorsque des décisions sont prises, c’est à plus de 70 % sous la forme d’un vote.

 À quoi tout cela sert-il ? L’ordre des réponses semble montrer que cela sert d’abord à… l’administration ! (2 premières réponses), puis vient le groupe classe (3e et 4e positions ex aequo). Une hiérarchie assez cohérente avec les choix précédents. Bien qu’assez souvent cité, l’intérêt de ces séances pour l’individu, arrive en dernière position.
À noter le bon « score » du rôle d’apprentissage à la démocratie et au débat.

 Comment l’instauration de ces heures est-elle vécue par les enseignants ? L’objectif initial du ministère (voir encadré page précédente) ne semble pas plébiscité. Au regard d’effets peu concluants sur l’ambiance générale des établissements ? Reste, à égalité, une volonté d’accompagner les élèves dans leur travail et leur quotidien.

 Visiblement la question a dérouté. C’est le plus fort taux de non réponse et celle qui a suscité le plus de commentaires : «  ??? », « Je ne pense pas faire cela de manière démocratique », « une classe n’est pas un lieu démocratique », « trop peu de temps », « problème du poids de la parole des élèves “forts” qui bloquent la parole ».

Les objectifs ministériels

► Permettre la prise de parole des élèves avec un ou plusieurs adultes.

► Aborder des questions qui ne figurent pas dans les cours (société, citoyenneté, vie au collège…)

► Réguler la vie de la classe et prévenir les comportements.

► Éduquer au respect des autres et savoir donner des arguments.

► Élaboration de charte du collège, de la classe ; travailler sur le règlement intérieur.

► Distribuer des documents administratifs et régler ce type de problèmes.

► Travailler sur la connaissance de soi et des autres, s’auto évaluer.

► Monter des projets de classe en responsabilisant les élèves.

► Former les délégués et les préparer au conseil de classe.

(source : http://cpe.paris.iufm.fr/)


Cadre général :

Un collège pour tous et pour chacun : « Mieux vivre dans la Maison-collège », B.O. supplément au n° 23 du 10 juin 1999,

Réforme des lycées : classes de seconde générale et technologique - rentrée 1999 (III – Autres dispositions nouvelles de la réforme), B.O. n° 21 du 27 mai 1999.

Préparation de la rentrée 2001 en lycée professionnel (III - Développer la dimension éducative de la formation et en particulier l’apprentissage de la citoyenneté), B.O. n° 23 du 7 juin 2001.

arrêtés du 14/1/02 et du 6 juillet 2004 sur l’organisation des enseignements ;

Circulaire 93-087 du 21/1/93 (relatif aux missions du professeur principal, B.O n°5 du 4/2/93 ;

Décret n° 93-55 du 15 janvier 1993 relatif aux ISOE.