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« Penser les choix scolaires », Revue Française de Pédagogie, Recherches en éducation, n° 175

jeudi 9 février 2012, par Greg

Les enquêtes internationales PISA (Programme for International Student Assessment) montrent qu’en France, la relation entre réussite et origine sociale est plus marquée que dans les autres pays développés. Elle est aussi le pays ou l’écart des résultats entre les élèves de statuts « favorisés » et « défavorisés » est le plus important. Cet écart se creuse dès l’entrée en classe préparatoire : les élèves proches de la culture légitime n’ont jamais autant progressé et ceux qui en sont éloignés n’ont jamais autant échoué (Françoise. Œuvrard). Les évaluations nationales font les mêmes constats alarmants, des classes primaires au Lycée, ce qui au passage rend surprenant l’atonie des mondes scolaires français. C’est dans ce contexte attristant d’une école malade que se sont inscrits la suppression de la carte scolaire et l’accroissement des choix dans les trajectoires. Quel premier bilan les chercheurs peuvent-ils dresser de ces réformes ? Le dossier ne laisse pas planer un faux suspens : la libéralisation de l’offre scolaire n’est pas de nature à réduire les inégalités sociales au sein de l’école. Il est même probable qu’elle les accroisse.

Ugo Palheta livre un article éclairant sur l’Enseignement professionnel et les classes populaires. Tentant de répondre à la question : « comment s’orientent les élèves orientés ? », il défend la thèse d’une diversité des pratiques et des représentations populaires que le regard sociologique tend souvent à homogénéiser. Le choix d’orientation en filière professionnelle s’opèrerait entre deux possibilités : renoncer à l’idéal scolaire en s’engageant dans des filières symboliquement disqualifiées (BTP par exemple) mais « payantes » en termes d’emplois ou continuer à jouer le jeu scolaire dans des filières « sous-générales », qui offrent des perspectives d’emplois minces et mal définies, mais qui maintiennent une identité sociale dépendante des verdicts scolaires (secrétariat, vente…).

Choukri Ben Ayed s’intéresse à l’ensemble des élèves qui ont fait le choix de quitter ou d’éviter leur établissement de secteur et éclaire ainsi une autre disparité. Les élèves de milieux populaires sont les plus exposés aux pratiques de changements d’établissement et réussissent moins bien que les élèves de mêmes milieux, scolarisés dans leur établissement de quartier.

Si la notion de « choix » est utilisée avec prudence, parfois avec guillemets, elle n’est pas abordée de front. On peut le regretter car il plane parfois dans certains articles du dossier l’ombre d’une question épistémologique non résolue. Marianne Blanchard et Joanie Cayouette-Remblière le soulignent du reste dans l’introduction du dossier : la question du choix interroge la sociologie et les sciences de l’éducation dans la mesure où elle engage les représentations de l’individu et de son autonomie face aux structures sociales. Est-ce que l’élève ou les familles, particulièrement des milieux populaires, choisissent quand ils croient choisir ? Et, question symétrique, est-ce qu’ils subissent entièrement quand ils croient subir ?

« Penser les choix scolaires », Revue Française de
Pédagogie, Recherches en éducation,
n° 175 – avril-mai-juin 2011.