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La bonne couleur, Yaël Hassan

vendredi 12 mars 2010, par Greg

Liberté, j’écris ton nom

Dans un avenir indéterminé, le monde est soumis à la dictature, l’entraide est interdite, les livres et les films jugés subversifs ont été détruits. À l’école, les enfants portent un uniforme qui va du brun au violet, en passant par le vert et le rouge. Max, 15 ans, qui a été dénoncé par sa mère, Magda, porte un uniforme brun. Il est soumis aux humiliations et à l’exclusion. On apprend plus loin pourquoi Max en est arrivé là alors qu’il portait un uniforme rouge. Il a rencontré Félix, un vieil antiquaire qui habitait en dessous de chez lui. Félix était un insoumis, il regardait et lisait des films et des livres interdits. Toutes les nuits, Max allait chez Félix pour se renseigner sur le monde d’avant, qu’il trouvait beaucoup mieux. C’est là que Magda l’a surpris. Avant d’être arrêté, Félix a eu le temps de faire lire à Max, Seul dans Berlin de Hans Fallada sur la résistance allemande antinazie. Quelques mois plus tard, Jo, le père de Max, emprisonné 10 ans à cause de ses idées subversives, est libéré. Il reprend la tête du réseau de Félix et décide d’appliquer l’idée développée dans Seul dans Berlin, c’est-à-dire distribuer des tracts dans toute la ville pour appeler à la rébellion jusqu’à la victoire finale : le retour à la démocratie.
Le titre peut induire en erreur, on pense tout de suite à la couleur de la peau, alors qu’il s’agit de la couleur de l’uni­forme qui permet de différencier les écoliers selon leur mérite. Le personnage de Félix est intéressant : il accorde plus d’importance au savoir, à l’expérience qu’aux biens matériels. Il souhaite transmettre ses connaissances aux générations futures. Le thème de la transmission de la mémoire est déjà présent dans Le passeur de Lois Lowry paru en 1994 où une seule personne détient la connaissance du passé et est chargée de former un enfant pour assurer la suite.
La bonne couleur a obtenu le prix NRP des collèges 2006. Dans une interview à cette revue, l’auteur déclare avoir eu l’idée d’écrire ce livre au soir du premier tour des élections présidentielles de 2002. En tout cas, elle engage les jeunes générations à rester vigilantes dans une démocratie. Les libertés de penser, de s’exprimer, de s’aimer ne sont jamais acquises de façon définitive et c’est à chacun de veiller à ce qu’elles soient respectées. Le roman est facile à lire tout en étant bien écrit. On peut juste être un peu perdu avec les nombreux retours en arrière. A conseiller à partir de la 4e.

La bonne couleur, Yaël Hassan, Casterman, 2006, 119 p., 6,90 €.