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Éduquer et former, Martine Fournier (sous la direction de)

lundi 29 août 2011, par Greg

Dans un magasin FNAC, je vois à la table Education le dernier pamphlet réactionnaire à la Brighelli, et, dans un rayonnage situé sous la table, Éduquer et former. Les pamphlets se vendent, les ouvrages de réflexion ont plus de mal.

Celui-ci devrait (dans les deux sens du terme) cependant être un succès : cette réédition présente sous une forme condensée l’essentiel de ce qu’il faut savoir en la matière : résumés, tableaux, articles sur de très nombreux aspects, que les thématiques soit psychologiques, sociologiques, historiques. Interviews ou articles des « grandes pointures » (Meirieu, Dubet, Debardieux), qui ne se contentent pas de répéter leur message mais qui y ajoutent des éléments (Debarbieux sur l’anti-pédagogisme comme source de violence – je résumé à l’excès-, ça vaut le coup !), mise au point très claire sur les sciences cognitives que nous connaissons généralement mal, grande diversité des points de vue ( y compris le point de vue « instructionniste » qui affirme que « le militantisme pédagogique nuit à l’analyse rigoureuse » !), informations nombreuses qui vont des Universités populaires à l’inévitable Finlande et du classement de Shanghaï à la formation professionnelle, des méthodes de lecture à une description impressionniste mais très juste des « nouveaux profs ».

L’accent est mis sur le fait que la France n’est pas le seul pays au monde, réalité peu présente à la conscience des acteurs de l’Education, rivés que nous sommes à nos indécrottables manies nationales (redoublement, Grandes écoles, agrégation etc) : on appréciera l’article de deux profs de sciences de l’Education québecquois sur les raisons de l’immobilisme pédagogique.
Une critique toutefois : l’estime de soi, la question de l’adolescence, en général tous les aspects « psy » en dehors de ceux qui touchent les mécanismes d’apprentissages sont plutôt faibles (Catheline bien vague, Tarpinian intéressant mais bien général).

Terminons sur une interrogation, suggérée par l’excellent article de Rayou sur la formation des enseignants : comment faire passer le message, quand la plus grande part des futurs profs considèrent que la théorie ne sert à rien, et qu’il faut (vite, vite) des recettes immédiatement applicables, comme s’il en existait ? La presse pédagogique (non signalée, c’est dommage), s’y emploie, mais son public est restreint. La recherche universitaire est active, mais n’atteint pas les salles des profs (une expérience de rayon pédagogique dans un établissement : sur cinq ans, un ouvrage emprunté...par le chef d’établissement !). Souhaitons donc que Éduquer et former connaisse l’audience qu’il mérite.

Martine Fournier (sous la direction de), Éduquer et former, Sciences humaines, 2011, 25 €.