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Édito II

samedi 10 novembre 2012, par Greg

Enfance, couleurs, plein air : les premières impressions au feuilletage de ce numéro. La lecture nous permet d’entrer dans le bouillonnement collectif, et de passer aux attitudes fondamentales, communes à toutes ces expériences : disponibilité, souplesse, confiance.

De notre point de vue de salariés de l’éducation, tenus par des contraintes institutionnelles souvent lourdes et improductives, ça fait rêver… Ça interroge aussi : comment ces expériences peuvent-elles s’articuler avec le commun, le majoritaire ? Ce commun, ce majoritaire inclut la plupart des enseignants du premier et du second degré et des éducateurs (centre de loisirs, clubs sportifs), la majeure partie du temps de la journée et de la semaine, une grande part des préoccupations des familles : on ne peut pas faire comme si cette énorme part n’existait pas. Nous ne pouvons pas tourner le dos.
Et nous ne voulons pas non plus : ce serait jouer la carte de l’isolement, alors que nous sommes dans le collectif, avec nos collègues, comme ils sont, avec toute la gamme des positionnements possibles… comme nos élèves.

Alors quelle articulation entre cette « pédagogie sociale », entre cette liberté créatrice des marges, et les épaisseurs qui contribuent à laisser libre cours à l’échec, à la méfiance, à la compétition, à la violence ? Quels liens à tisser ? Le libre esquif peut-il adresser des signaux au Titanic de l’Éducation nationale ou du moins à ses matelots ?

Il y aurait d’autres questions à adresser à la pédagogie sociale, et notamment autour de l’apprendre (quoi, comment, sachant qu’on ne peut se passer de savoirs spécialisés et de longs apprentissages). Contentons-nous de cette question qui est celle que tous les révolutionnaires du quotidien sont amenés à se poser : quel essaimage penser pour que les petites graines poussées au pied des tours puissent voler jusqu’aux cours, voire aux salles de classe ?

Mais que ces interrogations ne nous empêchent pas de dire notre satisfaction : depuis maintenant dix ans, la revue N’Autre école veut esquisser les contours d’une pédagogie que nous rêvons « émancipatrice ». Nous l’avions baptisée – « faute de mieux » comme il était écrit dans un texte du n° 8/9 – « pédagogie socialement critique » sans nous douter que d’autres travaillaient aussi de leur côté à une « pédagogie sociale ». Nos chemins se croisent maintenant : c’est que le pari de N’Autre école est d’être un lieu d’échanges où la patience et les hasards guidés conduisent aux rencontres.

■ Le comité de rédaction de N’Autre école