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Du Mexique à Longjumeau : s’engager, penser, agir..

samedi 10 novembre 2012, par Greg

Ouvrir l’école sur le territoire, le quartier. Pratiquer les conseils d’enfants, les assemblées populaires. Rétablir la valeur pédagogique et créatrice des espaces publics. Créer des structures éducatives autogérées.

L’association CACTUS, au Mexique, a mis en place deux lycées autogérés dans des communautés rurales mixtèques. Elle les maintient grâce à l’aide de volontaires et au soutien des communautés. Sa pédagogie centrée sur l’autonomie s’appuie sur des outils d’éducation populaire : en étant en recherche sur des problématiques territoriales (comme les violences machistes, ou l’implantation d’une concession minière par exemple), les élèves alimentent le débat politique local. L’apprentissage du collectif se fait à travers les assemblées hebdomadaires (régulation du fonctionnement interne, répartition des tâches, discussion des programmes…) et des productions communautaires (potager, création artistique…).

Plus proche, l’association Intermèdes - Robinson anime des ateliers de rue en banlieue parisienne, aux pieds des immeubles ou dans un camp rom. Elle occupe par une action éducative émancipatrice les hors-temps scolaires1, en semant dans les interstices des espaces publics et des friches péri-urbaines des graines de convivialité. Il ne s’agit pas du chainon manquant entre les institutions et leur « public » (même s’il lui arrive d’apprendre à lire aussi à ceux à qui l’école demande de remplir un formulaire pour inscrire leurs enfants), mais elle se propose comme un cadre favorisant l’expression de l’autonomie. Celle-ci prend corps aussi bien dans la rue, lors des ateliers (cuisine, jardinage, réparation de vélos…) et des conseils d’enfants, que dans les jardins collectifs (potager, verger, plantes médicinales, ruches).

On reconnaît souvent la pertinence d’une action à la résistance que le pouvoir lui oppose, même lorsqu’elle ne s’attaque pas directement à lui.

Bety Carino, présidente de CACTUS, et Jyri Jaakkola, volontaire finlandais, ont été assassinés par des paramilitaires en avril 2010, alors qu’ils participaient à une caravane humanitaire en solidarité avec la communauté autonome de San Juan Copala.
L’association Intermèdes se heurte aujourd’hui à l’inertie de la mairie de Longjumeau (menée par Nathalie Kosciuszko-Morizet) dans son projet d’ouverture de crèche. Celle-ci préfère placer le quartier sud sous vidéo-surveillance, en installant ses caméras à grands renforts de CRS.

Les échelles et les méthodes sont sans comparaison, la nature répressive est la même.

Mais on reconnaît aussi la valeur d’une action aux échos qu’elle rencontre. L’association TRACES à Belleville, le GPAS2 en Bretagne et en Pologne, mènent un travail de rue proche de celui de l’association Intermèdes, avec qui elles partagent leurs pratiques lors des chantiers de pédagogie sociale.

L’école Vitruve, le Lycée Autogéré de Paris et de Saint-Nazaire, ou encore les écoles zapatises, et l’université indigène Uni-tierra au Mexique, proposent des alternatives au système scolaire conventionnel.

Ce sont des exemples parmi d’autres : mais qu’il s’agisse d’ouvrir l’école depuis l’intérieur sur son contexte social et politique, ou de faire des espaces publics et de travail des lieux d’éducation, la finalité de ces actions pourrait bien être d’en finir avec l’Ecole en tant qu’institution fermée.

Robin, cultivateur de rue, éducateur de jardin

1 ces temps « libres », qui sont des temps de découverte fondamentaux, mais deviennent pour les personnes (et en particulier les enfants) en situation d’isolement ou de précarité extrême des « hors-temps » souvent destructeurs.

2 Groupe de Pédagogie et d’Action Sociale