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DE RETOUR DE GRÈVES : à Grandpuits...

vendredi 14 janvier 2011, par Greg

Les raffineurs de Grandpuits étaient en grève reconductible depuis le 12 octobre. Dans les trois jours qui ont suivi, la totalité des 12 raffineries françaises étaient fermées. Du jamais vu depuis 1968. Dans la semaine du 18 au 22 octobre, de nombreux soutiens sont venus sur le site. Malgré la position (apparemment minoritaire) des quelques délégués CGT de Grandpuits de ne pas accepter tout le monde à la raffinerie (méfiance vis à vis des étudiants et des anarcho-syndicalistes), nous nous sommes retrouvés auprès du feu, dans une ambiance de chaleureuse camaraderie, certains jours, jusqu’à 400. Des grévistes de divers secteurs (RATP, territoriaux, énergie, éducation...) et des cars entiers (Villejuif, St Denis, Bobigny...) ont ainsi renforcé la dynamique interprofessionnelle de la grève.
Quand l’économie est touchée, l’État déploie son caractère oligarchique et sa violence. Peu importe, alors, le droit de grève, les décisions de justice, qui sont bafoués sans vergogne. Le préfet de Seine et Marne a ainsi, avec la complicité de Total, réquisitionné 169 des salariés de Grandpuits (tous sauf les délégués du personnel) ce qui devait permettre un fonctionnement « normal » de la raffinerie. Des gendarmes sont venus déloger, par la force, les grévistes, certains ont été piétinés et trois ont été hospitalisés.

Le vendredi 22 octobre, par un référé liberté, la réquisition du Préfet a été suspendue. La juge lui reprochait son caractère économique en pointant que les stocks de bitume et des produits pétrochimiques n’avaient aucun rapport avec la continuité des services publics (hopitaux...). Le soir même, s’asseyant sur ce référé, le préfet a écrit une nouvelle réquisition : comme dans un mauvais Dallas, la seule chose qui compte c’est que le pétrole coule.

Évidemment, cela n’a pas suffit à entamer la détermination sur place. Les soutiens ont continué à converger, et ce en déjouant le barrage policier barrant l’accès au site. La caisse de grève est redevenue une réelle arme de lutte : chaque jour des contributions allant de 10 à plusieurs milliers d’euros l’ont alimentée. Pour casser la grève, le gouvernement et certains médias n’ont cessé de montrer le ravitaillement des camions citernes à Grandpuits. Le pipeline qui arrive à la raffinerie était alimenté par les stocks stratégiques. Aussi, le mercredi 27 octobre, à l’aide de renforts, les camions citernes ont été bloqués pendant une heure (voir la très bonne vidéo des mutins de pangée : www.lesmutins.org).

Convergences interprofessionnelles, caisses de grève et actions de blocage sont revenues sur le devant de la scène sociale. Pour ne pas capituler face au capital, il ne reste plus qu’à les multiplier.

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