Le saviez-vous ? La pré-rentrée sociale s’est déroulée le jeudi 27 août à Boissy-la-Rivière lors de la conférence plénière de l’Université d’été de la CFDT. Ce jour-là, François Chérèque, le secrétaire général de la CFDT, a convié Bernard Thibault, le secrétaire général de la CGT, à une rencontre au sommet. Dans une ambiance décontractée, les deux hommes ont affiché leurs convergences : ils ne tenteraient rien jusqu’à leurs congrès respectifs (en décembre pour Thibault ; en juin pour Chérèque). Alors que la grogne monte dans les rangs, que la paupérisation touche une part croissante de la population, les deux ectoplasmes n’en finissent plus de remuer la queue devant Maître Sarko.

Pourtant, cet été, l’esprit du syndicalisme révolutionnaire s’est manifesté bruyamment à deux reprises. Ce sont d’abord les déclarations fracassantes de Xavier Mathieu, délégué CGT de l’usine Continental Clairoix, qui ont défrayé la chronique. Celui-ci a d’abord qualifié Bernard Thibault de « racaille » puis de « parasite ». Ce sont moins ces noms d’oiseaux qui nous importent que le message que fait passer ce syndicaliste. Écoutons-le un peu : « La fracture entre la base et les directions est générale. Pas seulement du côté de la CGT. C’est pareil à FO ou à la CFDT. Je ne regrette pas mon coup de colère. Quand le mec pour qui je paie mes timbres depuis 18 ans refuse de venir soutenir des ouvriers poursuivis au tribunal pour s’être battus, je n’ai pas de respect pour lui. Ce n’est pas parce qu’il est au-dessus de moi que je suis obligé de l’adorer. D’ailleurs, je vais arrêter de répondre là-dessus. J’ai juste un conseil à leur donner : c’est d’arrêter de penser que tous ceux qui sont en colère sont manipulés par l’extrême gauche. Ça, c’est le même discours que l’UMP. Et franchement, ce n’est pas très respectueux de la classe ouvrière, de penser que nous sommes des moutons incapables de nous battre tout seuls. » (Le Monde, 26 août). Leur usine étant promise à fermeture, les « Conti » ont tout de même arraché la somme de 50 000 euros chacun d’indemnités de licenciement. Même si la sauvegarde de l’emploi doit être la priorité, les salariés ont fait leur possible. Ils n’auraient certainement pas eu autant s’ils avaient confié leur destin aux barons des centrales institutionnelles. Une fois de plus, c’est l’action directe qui a payé.

Bien loin de là, en Kanaky, lors du procès en appel à Nouméa – le 25 août – des 26 syndicalistes de l’USTKE, le procureur a requis des peines encore plus lourdes qu’en première instance, demandant quinze mois de prison ferme contre le président de l’organisation Gérard Jodar pour entrave à la circulation d’un aéronef. Ici encore, il s’agit de museler par tous les moyens possibles, à l’aide de l’effarant arsenal législatif antiterroriste, un syndicaliste qui se bat au lieu de se coucher.

Pendant ce temps-là, à l’heure où Chérèque et Thibault prennent le thé, la police sarkozyste n’en finit plus de chasser le gibier militant, le gibier sans papiers, le gibier populaire. À Montreuil le 8 juillet, c’est notre camarade Joachim qui a été éborgné et défiguré à vie d’un coup de Flash-Ball, il est la cinquième « gueule cassée » répertoriée de l’année. Depuis, bien d’autres ont subi les violences de l’appareil répressif d’État, y compris un gamin de 7 ans !

On l’aura compris, la rentrée sociale s’annonce difficile. Le gouvernement flatte les banquiers (qu’il a pourtant renfloués, il y a quelques mois, avec nos impôts) mais fustige les instits désobéisseurs. L’arrogance des nantis s’affiche outrancièrement. Et pour la flicaille, la chasse est ouverte. Ce ne sont ni les raisons de se battre ni la volonté qui manque. Il faut juste comprendre qu’aujourd’hui plus qu’hier, nous n’aurons que ce nous prendrons.