Secrétariat international de la CNT

Quand deux impérialismes s’affrontent, les fascistes ukrainiens s’agitent

Article paru dans le Combat syndicaliste de mars 2014

Publié le mercredi 2 avril 2014

Il s’agit bien d’une resucée de la Guerre froide. L’Ukraine a acquis son “indépendance” par rapport à l’URSS en 1991, lors du délitement total de celle-ci ; les guillemets sont de rigueur, car si l’URSS n’existe plus, l’Ukraine reste très proche de la Russie. La sphère d’influence du Kremlin existe toujours, non pas désormais dans un cadre politique rigide mais par des accords commerciaux ou bilatéraux.

IMG/jpg/kiev_jlori.jpgLa mafia y a remplacé le bolchévisme, mais c'est toujours la même réalité sociale faite d'autoritarisme et de corruption. Le mouvement actuel n'est pas un hasard. “Les protestataires disent naturellement qu'ils veulent un vrai État démocratique (bourgeois) où règne la loi, etc. Ils croient que la seule chose qui les sépare de cet idéal est Victor Ianoukovitch [l'actuel président contesté, NdT]. Et ils sont convaincus qu'être membre de l'UE est synonyme de démocratie, de prospérité et de plein d'autres bonnes choses. L'UE est un mythe concentrant tous les espoirs, alors que la Russie est un pays de Mordor, dans cette vision mythologique du monde” (http://r-a-b-m.blogspot.fr/2014/01/euromaidan-we-support-your-struggle-but.html).

L'extrême droite en force dans la lutte contre le gouvernement...

En 2004 avait eu lieu la “Révolution orange” qui visait aussi à s'affranchir du joug russe. Ce fut un échec, et ce malgré - semble-t-il - l'apport financier officieux de différentes officines américaines ou européennes. Ce qui pose problème aujourd'hui, c'est l'investissement militant des nationalistes et autres fascistes ukrainiens du côté des indépendantistes. “Le parti Svoboda est la force politique d'extrême droite la plus organisée parmi les trois qui essaient de contrôler le mouvement de protestation. Il est le seul parti à avoir des cellules actives dans plusieurs régions, véritable base activiste. (…) Outre Svoboda il y a une coalition de groupes néonazis appelée Right Sector. Ils se sont formé au début des protestations et ont réussi à obtenir une énorme notoriété et à acquérir des sympathies chez les apolitiques et les libéraux. Ils sont principalement connus pour leur militantisme et des agressions démonstratives, et le public ne voit rien de mal dans ces jeunes et mignons patriotes. Récemment, le même schéma s'est répété dans d'autres régions où des hooligans néonazis sont devenus la principale force d'assaut contre le police et les gros bras du gouvernement. (…) La victoire de Ianoukovitch signifierait que la moitié du pays seraient devenus de fervents soutiens de l'extrême droite, qui passe pour être la seule force politique radicale apte à s'opposer au dictateur” (Op. Cit.). La meilleure forme de soutien pourrait être des slogans tels que “Nous soutenons votre mouvement, pas vos fascistes !”, toujours selon le même blog.

… mais il dit la même chose qu’elle !

“L'idéologie du régime au pouvoir est un mélange de nationalisme à la Poutine, de théories du complot et de la conviction qu'ils ont le droit, en tant qu'élite, de diriger une populace stupide. Les groupes de soutien au Berkut (la principale force de police anti-émeutes) sur les réseaux sociaux sont pleins d'articles antisémites qui prétendent que les dirigeants de l'opposition seraient des Juifs qui veulent vicier la population en légalisant le mariage homosexuel. Il n'y a guère de différence avec la rhétorique de l'extrême-droite ukrainienne. Mais ces derniers jours, ce n'est pas seulement l'extrême-droite qui affronte le gouvernement, c'est aussi des gens plus modérés. Et ces derniers constituent la majeure partie des manifestants. Ils sont nombreux parmi les manifestants à être indifférents ou opposés au nationalisme. Beaucoup d'entre eux ne soutiennent pas non plus l'intégration dans l'Union Européenne. Les gens descendent dans la rue pour protester contre la violence policière. (...) On peut souvent entendre que ces groupes d'extrême droite sont un “cheval de Troie” de Ianoukovitch et des services spéciaux afin de discréditer les manifestations. Il y aurait certainement plus d'habitants de Kiev dans les manifestations si on ne trouvait pas dans les rues ces idiots utiles au gouvernement. Leur principale revendication est d'avoir un emploi au sein des Services de Sécurité d'Ukraine après leur “révolution victorieuse”, selon l'organisation anarcho-syndicaliste ukrainienne ACT - Autonomous Workers Union ( http://avtonomia.net/).

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