Secrétariat international de la CNT

Palestine – Israël : Témoignages des Anarchistes contre le mur en provenance d’une zone de guerre

Publié le lundi 5 janvier 2009

L'assaut le plus brutal d'Israël contre Gaza depuis 1967 – sous le nom de
code "Opération Plomb Chargé" – qui a commence le samedi 27 décembre et a
tué 250 palestiniens dès le premier jour, a rencontré une condamnation
généralisée partout dans le monde, et des protestations en Israël aussi.
Les protestations avaient déjà commencé le jour précédent l'offensive
aérienne israélienne « choc et crainte », quand des activistes ont
manifesté dans le cœur de Tel Aviv, pour avertir contre l'escalade des
menaces et l'appel à des pour-parler de paix avec les officiels
démocratiquement élus de Gaza. Cette manifestation, appelée par la
Coalition contre le siège de Gaza, a été virtuellement ignorée par les
principaux médias israéliens.

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Le samedi 27 décembre, alors que nous apprenions le carnage et la
dévastation cause par les avions de guerre israéliens infligés au matin
sur une population gazaouie assiégé et déjà souffrante, les activistes des
Anarchistes contre le mur (ACM) ont rejoint une centaine de manifestants
en colère dans une manifestations spontanée dans la ville de Jaffa
(beaucoup d'habitants locaux ont de la famille dans la bande de Gaza,
étant donné qu'une grande part de la population de Jaffa a été forcée de
fuir vers Gaza en 1948)

Au même moment, des manifestations ont explosé dans une douzaine de villes
et de village de Cisjordanie, ainsi qu'à Jérusalem est, la plupart du fait
d'affrontements entre de jeunes Palestiniens et les troupes Israéliennes.
Plus tard dans l'après-midi, les ACM ont participé avec des membres
d'autres organisations, dans une marche de protestation de plus d'un
millier de juifs et d'arabes dans les rues de Tel Aviv. Les manifestants
ont mené une marché énergique et chargée d'émotion du square de la
Cinémathèque jusqu'au ministère de la défense, en criant « l'occupation
est du terrorisme » et portant des pancartes « les ministres israéliens
sont des criminels de guerre ». En cours de route, les manifestants ont
été attaqués sans raison par une Unité spéciale de patrouille soutenue par
des membres de la police montée agressifs. D'autres affrontements ont eu
lieu par la suite devant le Ministère de la défense, quand des anarchistes
ont mis à bas la barrière de sécurité et ont essayé de bloqué la
circulation sur la rue Kaplan. Six manifestants ont été arrêtés, qui ont
ensuite été relachés par un juge le lendemain.

Le dimanche 28, alors que le nombre de morts à Gaza s'approchait de 300
pour le second jour de l'attaque israélienne, les activistes d'ACM ont
rejoint une manifestation dans le village de Ni'ilin contre les crimes de
guerre d'Israel à Gaza. Les forces israéliennes ont ouvert le feu sur les
jeunes qui lançaient des pierres, tuant un des manifestants et en en
laissant un second dans une situation critique. Arafat Rateb Khawaja, 22
ans, a été tué d'une balle tirée dans le dos, qui est mort dans l'après
midi à l'hôpital de Ramallah. Mohammed Kasim Khawaja, 20 ans, a reçu une
balle dans le front tirée à proximité, et est toujours dans un état de
mort clinique à l'hôpital de Ramallah.

Le dimanche soir, ACM a pris part à une nouvelle manifestation survoltée
dans le centre de Tel Aviv, où des douzaines de personnes ont appelé la
population la fin des opérations militaires en cours à Gaza, et de
l'occupation en général. Les protestataires portaient des pancartes disant
« Intervention internationale maintenant » et « les Israéliens et les
Palestiniens sont contre la guerre ».

Le Lundi 29, les funérailles à Ni'ilin ont été extrêmement chargées en
émotion, puis suivies par une journée d'affrontement avec l'armée, alors
que des centaines d'étudiants faisaient entendre leur opposition sur les
campus de Tel Aviv, de Haifa et de Jerusalem – manifestations qui ont tous
donné lieu à des d'affrontements avec la police et ou des
contre-manifestants fascistes, ainsi que des arrestations violentes.
Plus tard dans la journée, des manifestants se sont rassemblés devant
l'Ambassade égyptienne de Tel Aviv, pour protester contre le silence et la
collaboration égyptienne avec l'offensive israélienne. Les manifestants
ont fait face à un extrêmement impressionnant contingent de police anti
émeutes et de gardes frontières qui, incités par la foule enflammée des
passants, a utilisé une violence extrême pour disperser la manifestation..
Six participants ont été arrêtés, tous des palestiniens citoyens
israéliens.

Plus tard dans l'après-midi, des members d'ACM ont rejoint une
protestation d'arabes et d'israéliens contre les atrocités à Gaza qui
avait lieu à Jaffa. Plusieurs centaines de personnes ont hissé des
drapeaux palestiniens et ont lancé des slogans de solidarité avec la
population de Gaza et de soutien à l'Intifada. L'évènement à culminé avec
une marche bruyante et désordonnée dans les rues de Jaffa, bloquant
parfois la circulation, qui s'est ensuite dispersée sans violence après
une confrontation avec un fort contingent de renforts de police anti
éméute et de gardes frontières.

Le mardi 30, une nouvelle manifestation enragée de quelques 200 personnes
s'est ruée dans le centre de Tel Aviv. Malgré une forte présence
policière, des œufs et des bouteilles vides ont été lancé sur les
manifestants.

Le Vendredi 2 janvier, une vingtaine de membres d'ACM ont surpris les
services de renseignements de la police en organisant à 6 heures du matin
un « die in » à l'entrée de la base aérienne Sde Dov de Tel Aviv. Ils se
sont allongés sur la route, feignants d'être morts en portant des
combinaisons et des masques couverts de sang, devant l'entrée de cet
aéroport où les pilotes se rendent pour prendre leur taxi aérien qui les
amènera sur les bases aériennes. Au bout de 10 minutes, les 21
participants ont été arrêtés. A la demande de la police, honteuse de
n'avoir pu empêcher préventivement l'action, clamant que les personnes
arrêtés mettaient en danger la paix en temps de guerre, le juge a ordonné
de les maintenir en prison le temps du week end [et ainsi les empêcher de
rejoindre les manifestations prévues ce week end …]. Ayala, l'un des
activistes : notre geste est destiné à « montrer aux pilotes de l'armée
de l'air israélienne le résultat de leurs actions à gaza. A des milliers de
mètre d'altitude, le pilote qui cible puis appuie sur un bouton peut
ignorer, oublier ou être incapable de comprendre qu'en ce faisant il tue
des personnes innocentes. Nous sommes venus ici pour leur rappeler cela.»
Depuis le début de cette guerre, les forces aériennes ont bombardé Gaza
plus de 300 fois. Ils ont tué plus de 400 palestiniennes, des centaines de
civils. Il est impossible d'être contre les bombardement de civils sur
Sdérot en Israël sans être en même temps contre les tueries massives de
civils à Gaza.

Les lois internationales de la guerre obligent d'éviter au maximum tout
dommage contre les civils. Les bombardements de l'armée de l'air
israélienne sur la bande de Gaza qui est très densément peuplée ne peuvent
que toucher les civils, et sont des crimes de guerre. Chaque pilote qui
bombarde Gaza bombarde une population civile et est un criminel de guerre.

(vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=WpeC7P-2LfU)

A cause de trop nombreuses arrestations de vendredi matin, les autres
membres d'ACM n'ont pu participer à la manifestation commune contre le mur
de séparation seulement dans le village de Jayyous – où de très nombreuses
grenades lacrymogènes ont été tirées, et à Bil'in – qui a encore été un
champ d'expérimentation pour « les moyens de contrôle de foule de basse
léthalité ». Ce vendredi à Bil'in, les forces de l'Etat ont fait un nouvel
essai de leur machine à bruit et de nouveaux projectiles… il semblerait
que leur principale tâche, en plus de ces expériences, était d'éviter de
nouveaux cisaillement de la barrière de sécurité comme cela avait été le
cas lors de la manifestation de dimanche contre la guerre à Gaza.

Pendant toute la semaine, nous avons distribué l'appel pour la
démonstration de samedi au nom de la Coalition des organisations contre la
guerre à Gaza, et dont les Anarchistes contre le mur sont partie prenante
 :

« Les massacres à Gaza continuent. Des centaines ont été tués, des
milliers blessés, les attaques aériennes ont causé des dévastations
totales et des familles entières sont maintenant laissées sans maisons.
Les civils dans le sud d'Israel sont les otages d'un gouvernement qui leur
ment et abuse d'eux. Les destructions et les morts à Gaza n'assureront par
leur future, mais au contraire conduiront à plus de violence et de morts.

Rejoignez nous dans la manifestation de ce samedi, nous appelons :

Arrêt des massacres !

Non au siège de Gaza !

Stop the Killing ! No to the Siege ! Yes to life for both peoples !

Oui à la vie pour les deux peuples !

Dans ces journées sombres, nous tenons à notre message : les juifs et les
arabes refusent d'être des ennemis !

Notre demande : une trêve complète et la levée du siège de Gaza MAINTENANT !

PS : depuis des dernières semaines, des arrestations massives ont été
opérées parmi les citoyens palestiniens d'Israël qui ne faisaient
qu'exercer leur droit démocratique de manifestation. Ce samedi, avant la
manifestation de Tel Aviv, une rassemblement de protestation est appelé à
Sakhnin par le Haut comité des arabes israéliens contre le massacre à
Gaza. Merci de faire un effort pour le rejoindre. Votre présence est
essentielle."

Le soir, après que la Haute Court ait interdit à la police d'interférer
dans le contenu de la manifestation, des milliers de personnes ont
convergé vers le square de la ville, y compris beaucoup de ceux qui
participaient plus tôt à la manifestation de Sakhnin au nord. Quelques
centaines de personnes ont participé au cortège anarchiste. Le cercle de
tambour a constitué le centre de ce cortège tout le long de la
manifestation. Les drapeaux, les bannières anarchistes ainsi que leur
chants ont été la cible pendant toute la manifestation de militants de
droite, qui ont échoué à causer des altercations.

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Témoignage

Traduction sommaire du rapport sur l'assassinat à Ni'ilin pendant la
manifestation de solidarité avec Gaza, le dimanche 26 décembre 2008, écrit
pour l'association Droits de l'Homme Btselem par un membre des anarchistes
contre le mur.

Le dimanche 28 décembre, il y avait à Ni'ilin une manifestation pour
protester contre le massacre à Gaza. Très rapidement, la manifestation a
dégénérée en confrontation à quelques endroits avec l'armée et les
gendarmes qui tiraient alors des balles entourée de caoutchouc et des gaz
lacrymogènes, les villageois lançant des pierres sur les forces de l'Etat.
Le principal point de confrontation était dans l'entrée principale du
village, près de l'intersection entre la route 446 et la route 4460, où
étaient concentrés beaucoup de gendarmes. Un second foyer était un peu
plus au sud ouest de la rue 4460 dans une plantation d'olive proche des
maisons du village. Le bâtiment le plus marginal, un poulailler, est au
milieu de la plantation et il ya des affrontements tout autour. Les
soldats sont d'un côté du poulailler et les manifestants, entre 15 et 30
jeunes villageois, de l'autre.

Je me trouvais proche du second foyer, à 30 ou 40 mètres des lanceurs de
pierre. Pendant longtemps les forces de l'Etat ont utilisé des gaz
lacrymogènes et des balles recouvertes de caoutchouc [qui sont beaucoup
moins léthales – NdT] Puis à un certain moment, le bruit des tirs à
changé : des balles réelles tirées d'un arme non automatique (selon ma
propre expérience de ce genre de chose). J'ai approché des lanceurs de
pierre pour les prévenir que les forces de l'Etat commençaient à tirer à
balle réelle.

A ce moment, les manifestants se sont mis derrière une grande pile de
pierres adjacentes au poulailler. 4 ou 5 soldats qui étaient à 20 mètres
d'eux marchaient librement sur une petit mur en terrasse.
Il était clair vu leur comportement qu'ils ne percevaient aucun danger
pour leur vie **. Le tir de balles réelles (qui n'était pas dirigé dans
les airs) a continue pour quelques minutes.

A cause du danger, après avoir alerté du danger quelques uns des jeunes
j'ai commencé à battre en retraite tout en regardant toujours vers la
confrontation. Après quelques 5 mètres de recul, un des manifestant a été
touché à la jambe. J'ai couru vers lui, et j'ai été le second à le
rejoindre. Nous l'avons transporté 15 mètres en arrière, vers une équipe
de premiers soins qui était là. Moins de 3à secondes après, nous entendons
des cris à propos d'un autre blessé. Je cours rejoindre les cris mais je
vois 4 personnes qui portent un corps sans vie, une personne qui a été
tirée dans le dos et semble morte. Plus tard j'appris qu'il s'agit de
Arafat Khawagha.

Je regardé vers l'endroit où les gens ont été tirés et je vois un autre
tir et un autre corps s'effondrer. Les gens autour de lui le portent et
crient qu'il a reçu une balle dans la tête. Plus tard j'appris qu'il
s'agissait de Muhamad Khawaga.

Le feu continue. La tête du blessé est couverte de sang qui coule dans un
large flot. Les personnes qui le portaient sont couvertes de son sang.
Je cours vers Arafat Khawaga et je remplace un de ceux qui le portent. Je
porte son épaule gauche et sa tête en évitant qu'elle soit secouée. Ma
main qui le soutien est recouverte de sang. Un des jeunes me remplace
alors. Il n'y avait pas d'ambulance sur place à ce moment et il est évacué
dans la voiture d'un des villageois. L'ambulance arrive quelques minutes
plus tard et évacue trois autres blessés vers l'hôpital de Ramallah.
Je voudrai insister encore sur le fait que l'utilisation de balles réelles
n'a pas été sur un court laps de temps et qu'elle n'es t pas due à un
sentiment de détresse des soldats qui auraient pu croire que leur vie
était en danger.**

Les tirs ont duré le long de plusieurs minutes pendant lesquelles les
soldats étaient à couvert avec une possibilité de sortie. En plus, a une
courte distance d'eux il y avait un bien plus grande force – des dizaines
de gardes frontières, de gendarmes, qui ne sont pas venus pour « sauver
leur camarades », prouvant qu'aucun danger n'était ressenti ici par les
soldats.

Il faut ajouter que Arafat Khawaga a été tire dans le dos, ce qui veut
dire qu'il tournait le dos aux soldats pendant qu'ils tiraient. Il n'y
avait aucune menace contre eux.

** Le porte parole de l'armée israélienne déclare chaque fois que les
forces de l'Etat assassinent un palestinien que "les soldats ont dû se
protéger contre une menace à leur vie … »

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