Secrétariat international de la CNT

Brésil : Communiqué de soutien aux travailleur-ses en lutte de Petrobras

Publié le lundi 2 mars 2020

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Le Secrétariat International de la Confédération Nationale du Travail apporte tout son soutien aux travailleur-ses en lutte de l'entreprise brésilienne Petrobras, qui a mené avec succès une grève de plus de trois semaines.

En effet, cette entreprise nationale de pétrole et de gaz est menacée de privatisation par le gouvernement de Bolsonaro : suite à une baisse de sa croissance économique due à une crise de tout le secteur pétrolier, son dirigeant a démissionné en janvier et le gouvernement veut à nouveau privatiser l'entreprise, ce qui signifie des licenciements massifs (plus de 400 emplois supprimés avec la fermeture de la filiale Araucaria Nitrogenados, ANSA), mais aussi une considérable hausse des prix des combustibles, aussi bien le gaz pour cuisiner que le pétrole pour se déplacer, pour l'ensemble de la population brésilienne.

Depuis la dictature militaire de 1964, les travailleuses et travailleurs de Petrobras a une longue histoire de lutte contre le fascisme et le capitalisme des banques et des intérêts privés. Dès sa naissance, elle a toujours été menacée de privatisation et la dernière grande action a eu lieu en 1995, lors d'une grève historique. Le monopole de l'entreprise dans le secteur pétrolier et gazier a alors pris fin, ouvrant le marché intérieur à la concurrence, ce qui a fragilisé les conditions de travail. Sous tous les gouvernements, socialistes comme libéraux, Petrobras a représenté un enjeu considérable, symbolique et social. Pour cette raison, la victoire des syndicats en février 2020 est particulièrement importante, même si elle reste encore fragile.

De nombreuses actions, à travers le pays, ont paralysé les négociations : la FUP, qui regroupe plus de 14 syndicats, a mené des blocages dans les raffineries, les plateformes d'extraction, les ports, les transports en mobilisant jusqu'à 21 000 travailleur-ses pour empêcher cette nouvelle offensive libérale d'appauvrir les travailleur-ses et la population, tributaire de l'extractivisme. Déclarée illégale par le gouverneur Ivan Gandra Martins Filho, cette grève n'a pas cédé aux menaces a été difficile à mener et accroître, car les travailleur-ses ont été menacés de lourdes pertes de salaire et de licenciement, dans un contexte économique particulièrement tendu. Les grévistes n'ont pas cédé et ont même réussi à gagner à leur cause une large partie de la population, en réussissant à ne pas stopper la production et en vendant à demi-tarif à la population le gaz nécessaire au quotidien, alors que les matières premières nécessaires au commerce et au transport international atteignaient des prix qui, de fait, bloquaient l'économie et ont obligé le gouvernement à reculer. L'entreprise reste nationale et les grévistes n'ont finalement pas subi les sanctions annoncées par Ivan Gandra.

A travers ces événements, les droits des travailleur-ses doivent être défendus par l'ensemble des syndicats à l'échelle internationale, car partout, le droit de grève est menacé, voire interdit, et avec lui toute action directe contre l'exploitation des salarié-es. Par ailleurs, si la CNT tient une position sceptique quant à l'extractivisme et à l'usage des énergies fossiles, comme vis-à-vis des entreprises dirigées par un Etat, toujours aux ordres des investisseurs et des banquiers, nous défendons avec force les luttes locales des populations contre l'appauvrissement, la dépendance à des puissances financières et patronales. La victoire des travailleur-ses de Petrobras est la preuve de la puissance de tous les travailleurs contre un Etat capitaliste, qui vend ses ressources et les profits au plus offrant, et la mobilisation massive que les syndicats ont réussi à entraîner montre avec évidence que le Brésil n'est pas prêt à céder ses ressources à une élite riche, corrompue, qui s'enrichit sans cesse du travail de sa population, et des sacrifices qu'elle endure au nom de la "croissance" et de la mondialisation.

Pour toutes ces raisons, la CNT envoie tout son soutien à la lutte des travailleur-ses de Petrobras et de tout le pays engagé-es dans un combat courageux contre le capitalisme et le gouvernement fasciste de Bolsonaro.

Vive la grève générale.
Vive la lutte contre le capitalisme sous toutes ses formes, car seule la lutte paie.

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