28 mars 1871 : il y a 150 ans la proclamation de la Commune de Paris

28 mars 1871 : il y a 150 ans la proclamation de la Commune de Paris. Paroles de communeuses, de communeux. Paroles croisées.

« La proclamation de la Commune fut splendide ; ce n’était pas la fête du pouvoir, mais la pompe du sacrifice : on sentait les élus prêts pour la mort.

L’après-midi du 28 mars par un clair soleil rappelant l’aube du 18 mars, le 7 germinal an 79 de la République, le peuple de Paris qui, le 26, avait élu sa Commune inaugura son entrée à l’Hôtel de ville.

Un océan humain sous les armes, les baïonnettes pressées comme les épis d’un champ, les cuivres déchirant l’air, les tambours battant sourdement et entre tous l’inimitable frappement des deux grands tambours de Montmartre, ceux qui la nuit de l’entrée des Prussiens et le matin du 18 mars éveillaient Paris de leurs baguettes spectrales (…) Paris entier est debout (…) » Louise Michel.

« Devant l’Hôtel de Ville, une estrade avait été dressée pour les membres de la Commune ; au milieu de la foule endimanchée qui les acclamait, les bataillons défilaient, descendant musique en tête. Au premier rang, les élus des arrondissements, conduits à l’Hôtel de Ville par les électeurs fédérés.

Cette fête était magnifique, grandiose. Nous eûmes quelques heures d’émotion ; à la tête des bataillons au repos, des cantinières en costumes différents s’accoudent aux mitrailleuses ; la foule est compacte, silencieuse, recueillie devant l’estrade, autel de la Patrie, adossée au temple de la révolution ! Trois coups de canon tirés à blanc retentissent. Le silence se fait.  Victorine Brocher.

« Les membres du Comité Central et de la Commune, l’écharpe rouge en sautoir, viennent d’apparaître sur l’estrade, Ranvier : « Le Comité central remet ses pouvoirs à la Commune. Citoyens, j’ai  le cœur trop plein de joie pour prononcer un discours. Permettez-moi seulement de glorifier le peuple de Paris pour le grand exemple qu’il vient de donner au monde (…) Au nom du peuple, la Commune est proclamée ! » P.O. Lissagaray.

« La Commune vient d’être proclamée sur la place de l’Hôtel de Ville, aux cris cent et cent mille fois répétés de : Vive la République ! vive la Commune ! vive la Sociale !

La place, la rue de Rivoli, les quais sont couverts de gardes nationaux fédérés, dont les baïonnettes sont ornées d’un petit ruban écarlate qui leur donne un aspect indéfinissable et des plus saisissants.

Grande et belle journée pour notre histoire révolutionnaire ! » Gustave Lefrançais.

«  Quelle journée ! Ce soleil tiède et clair qui dore la gueule des canons, cette odeur de bouquets, le frisson des drapeaux ! le murmure de cette Révolution qui passe tranquille et belle comme une rivière bleue ; ces tressaillements, ces lueurs, ces fanfares de cuivre, ces reflets de bronze, ces flambées d’espoir, ce parfum d’honneur, il y a là de quoi griser d’orgueil et de joie l’armée victorieuse des républicains (…) O grand Paris ! (…) bivouac de la Révolution ! Quoi qu’il arrive, dussions-nous être de nouveau vaincus et mourir demain, notre génération est consolée ! Nous sommes payés de vingt ans de défaites et d’angoisses. » Jules Vallès.

 Louise MichelLa Commune (page 199),  éditions La Découverte /Poche. Nouvelle édition établie et présentée par Eric Fournier et Claude Rétat, 2015.

Victorine BrocherSouvenirs d’une morte vivante. Une femme dans la Commune de 1871 (page 186),  éditions Libertalia, 2019

Prosper-Olivier LissagarayHistoire de la Commune de 1871 (page 153), La Découverte / Poche

Gustave Lefrançais, Souvenirs d’un révolutionnaires, de juin 1848 à la Commune (page 410),  éditions La fabrique, 2013

Jules Vallès, L’insurgé, folio classique (p.255)

Pour en savoir beaucoup plus :

– Sur l’actualité des 150 ans de la Commune : nouvelles publications,  spectacles, débats, actions, manifs… : https://faisonsvivrelacommune.org/

–  Le blog de Michèle Audin : https://macommunedeparis.com/

  • Paris 1871, l’Histoire en marche. 21 circuits pédestres sur les traces de la Commune :