Jamais à l’ordre du jour, mais pourtant toujours d’actualité, le rattachement prévisible de l’Enseignement agricole public à l’Éducation nationale, présenté comme la solution globale aux restrictions budgétaires imposées aux EPLEA ne fait qu’esquiver en définitive les questions essentielles liées à la ruralité, à l’agriculture et à leur enseignement.

Non, l’école n’est pas une marchandise

En n’utilisant que des critères économico-quantifiables pour juger de la validité de l’existence de telle ou telle filière de formation, ce gouvernement cherche en réalité à détruire le service public. Jamais l’école n’aura subi autant d’attaques de la part de ceux-là même qui devraient la soutenir. Le démantèlement des lycées agricoles (et par la suite des CFA et CFPPA) au nom d’une prétendue nécessité de rentabilité, n’est qu’une étape de plus dans la réduction du champ de l’enseignement public au profit de celui — mercantile, confessionnal, pro-industriel — de structures privées.

À des savoirs fondamentaux de plus en plus restreints enseignés sous surveillance et contraintes budgétaires par l’enseignement public s’opposera toute liberté donnée à l’enseignement privé pour délivrer des diplômes pseudo-qualifiants à ceux qui pourront payer pour cela.

Le projet de l’Enseignement agricole public doit être modifié pour aller de l’avant

En voulant transformer l’Enseignement agricole public en de rares pôles d’adaptation rapide aux métiers restants de la technologie agricole, le ministère de l’Agriculture réduit la ruralité à son seul aspect productiviste. Pourtant, jamais autant d’envies, de besoins et de nouveaux comportements n’avaient émergé autour de l’idée de la nature et de la ruralité : agriculture biologique, retour à la campagne, protection de l’environnement, vie communautaire, éco-habitat… Le projet des EPLEA doit désormais s’orienter vers ces nouvelles attentes et la promotion d’une agriculture saine. La création d’établissements de la nature et de la ruralité peut aider à la quête de sens d’une partie de la jeunesse dans ce monde désemparé et en faire les acteurs ruraux de demain.

Pour une éducation émancipatrice

L’histoire de l’Enseignement agricole public est celle d’une recherche de nouvelles pratiques pédagogiques centrées sur l’apprenant et remarquables dans un contexte étatique. Chacun sait qu’il n’en est pas de même au sein de l’Éducation nationale où les rares tentatives (ex. : TPE) se sont éteintes rapidement. La recherche d’économies à grande échelle et l’homogénéisation des pratiques au sein d’un supra-ministère éducatif réduira l’innovation pédagogique à une peau de chagrin faite de souvenirs de pluridisciplinarité, de pédagogie de projets et d’individualisation des parcours, enfermés que nous serons dans des classes multi-filières de 40 élèves…

Pour une transformation des EPLEA en des structures valorisantes de mixité sociale et d’apprentissage en commun

Les EPLEA ont vécu dans leurs formes actuelles parcourues de déchirures corporatistes. Les exploitations doivent cesser d’être des centres de profits pour retrouver leur unique valeur pédagogique en termes d’agriculture exemplaire. Les CFA et CFPPA ne doivent plus être des lieux d’apprentissages entre formateurs depuis trop longtemps précaires et apprentis-stagiaires dévalorisés. La CNT-FTE milite pour un corps unique de la maternelle à l’université, pour la titularisation de tout le personnel, pour la prise en compte de tous autour d’un projet pédagogique appartenant à tous. L’école doit redevenir le lieu d’apprentissage du « projet de vie commune ».

Pour des établissements autogérés à taille humaine et ancrés dans les territoires

Combien de réformes inapplicables notifiées par note de service devons-nous gérer au quotidien ? Combien de nécessités locales ne peuvent trouver leur place dans le carcan administratif ministériel ? L’enseignement agricole puise toute sa force dans son lien au local. Celui-ci doit être renforcé, non pas avec un nouveau pouvoir régional ou féodal mais par l’autogestion et la confiance dans les équipes des établissements volontaires et impliquées dans leur projet. En nous rattachant à l’Éducation nationale, on nous propose le modèle inverse : de devenir à terme des caissières anonymes esseulées dans les hypermarchés du savoir que sont en train de devenir les établissements scolaires…

La Fédération des Travailleuses/eurs de l’Éducation (FTE) est au sein de la Confédération nationale du Travail la structure qui regroupe les syndicats de l’Éducation. C’est un syndicat de combat, autogestionnaire, porteur d’un projet éducatif et pédagogique. La CNT-FTE croit que le syndicalisme doit redevenir ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : révolutionnaire, c’est-à-dire porteur d’un projet pour une société plus juste, plus égalitaire, plus libre…

La Fédération des Travailleuses/eurs de la Terre et de l’Environnement (FTTE) au sein de la Confédération nationale du Travail lutte contre les accapareurs et les spéculateurs fonciers, conteste les normes industrielles, recherche l’autonomie vis à vis des banquiers et des techniciens, refuse le parasitisme des structures para-agricoles, construit des réseaux de solidarité (entraides, coopératives…) pour construire une véritable alternative à l’industrialisation de l’agriculture.

Télécharger le communiqué commun FTE-FTTE