Julien (16 ans) s’est suicidé samedi 2 février à l’EPM (établissement pénitentiaire pour mineurs) de Meyzieu (région lyonnaise). Il avait déjà tenté de se suicider deux fois depuis son incarcération en décembre 2007. Les EPM sont des prisons, dans lesquelles l’État a choisi d’enfermer des enfants dès 13 ans.

Les EPM ont été présentés comme devant devenir des lieux d’éducation avec enseignants, éducateurs et psychologues, offrant des conditions de détention présentées comme idéales (chambres individuelles, salle de sport…). Outre les matières scolaires, l’accent était mis sur les activités nombreuses et variées. C’était oublier que l’action éducative est incompatible avec l’enfermement, comme l’avaient dénoncé les syndicats des éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse, qui ont refusé en masse de servir de caution à ces établissement voués à l’échec. Le recours à la précarité – très importante dans ce secteur – a permis à ce projet d’aboutir (les intervenants en EPM sont contractuels ou viennent d’obtenir leur concours). Outre le fait d’être sous-payés, ils n’ont pas la formation adaptée à la gestion d’enfants en souffrance, accentuée par l’enfermement. Parmi les enseignants qui ont accepté de collaborer, certains ont déjà démissionné ou sont en arrêt maladie. La psychologue qui intervient à Meyzieu n’a même pas de bureau pour recevoir les détenus. Ce vernis pédagogique et éducatif a déjà disparu laissant place à une prison dans toute son inhumanité.

La violence et la contrainte d’une prison En taule, afin de contraindre les prisonniers à se soumettre à la règle et à l’ordre, les enfermés peuvent être punis d’isolement dans des quartiers disciplinaires. Malgré les décrets interdisant de telles pratiques en EPM, dans les faits, des unités de relégation voient le jour. Les prisonniers peuvent également être privés de parloir (c’était le cas de Julien). À la demande du directeur de la prison, les Eris (équipes régionales d’intervention et de sécurité, des matons cagoulés) peuvent intervenir en EPM. Ils sont chargés d’intervenir en cas de problème de discipline dans une prison. Ces interventions sont musclées et violentes. Afin que les jeunes de l’EPM de Meyzieu comprennent où ils se trouvent, les Eris sont intervenus dans les quinze premiers jours ! Toutes ces sanctions sont prises par l’administration pénitentiaire sans concertation ni dialogue avec les éducateurs, enseignants ou personnels de santé. Et, comme dans toutes les taules, les rapports de violence et de domination s’exercent aussi entre détenus, alors que les EPM regroupent des jeunes de 13 à 18 ans.

Une volonté étatique : la punition Dans la pratique, ces établissements permettent de multiplier le nombre de places en taule, car certains quartiers de mineurs des prisons n’ont pas été fermés. Ceci n’a rien d’étonnant, vu la loi sur les peines planchers qui conduira toujours plus de mineurs en prison plutôt que de chercher de véritables solutions à leur problème. Julien, comme d’autres, était un adolescent en souffrance à qui il était indispensable de proposer des soins et une véritable prise en charge. Les moyens consacrés à la construction de ces EPM le sont bien entendu au détriment de l’éducatif et de la prévention, dont les budgets ne cessent de diminuer. Que ce soit dans le cas de Julien ou dans ceux d’élèves de 13 ans, l’État dénie toute humanité à ces jeunes et est prêt à leur imposer une vie atroce. Poursuivant ainsi sa politique répressive, il choisit la criminalisation des jeunes, bien souvent issus des classes populaires, passant sous silence les causes profondes et réelles des problèmes : la précarité et l’insécurité sociale. La ministre de la Justice a défendu et défendra ces lieux indignes, car ils font partie de l’arsenal répressif visant à faire taire la jeunesse. Cette logique est responsable de la mort de ce jeune, mais nos gouvernants continuent leur politique, au risque que de tels drames se multiplient.

État Assassin. Ni oubli, ni pardon.

Mickaël CNT Éducation 69


Le 10 décembre 2007 comparaissaient les inculpés majeurs de l’occupation de l’annexe du ministère de l’Éducation nationale en 2005, lors de la lutte des lycéens contre la loi Fillon. Le verdict est tombé le 22 janvier dernier. Pour David (enseignant), coupable avec une peine légère pour les faits reprochés : 800 € d’amende, 700 € solidairement pour les parties civiles et 390 € de frais de justice. Pour Laure, qui plaidait coupable : 40 heures de TIG, 800 € d’amende et 600 € pour les parties civiles. Pas d’inscription au casier pour David et Laure. Pour Thomas, qui ne s’est pas présenté : grosse amende (15 000 €) et surtout deux mois avec sursis. Enfin, Samuel et Matthieu sont relaxés. La salle était comble, l’accusation s’est couverte de ridicule, et le procureur a fait son boulot en demandant des peines assez lourdes mais grotesques face à l’accusation de « violence en réunion » !