vendredi, 13 mai 2011|

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Instruire pour révolter, la revue de presse

« INSTRUIRE POUR RÉVOLTER »
F. Pelloutier et l’éducation, Vers une pédagogie
d’action directe
G. Chambat, Éditions CNT-
RP, 2005, 68 p, 6 euros.

Pelloutier et l’éducation : il ne s’agit pas simplement d’un rappel
historique, quoique celui-ci soit utile (sur celui qu’on peut appeler
le créateur du syndicalisme révolutionnaire, il n’existe que la biographie de Jacques Juillard, écrite avant que celui-ci se transforme en polémiste réac’ du Nouvel
Observateur
 ; cet ouvrage reste utile, mais ne traite pas spécifiquement de l’éducation).

L’intérêt de « Instruire pour révolter » est dans le ressource-
ment auquel sa lecture nous incite : l’éducation, pour Pelloutier, c’est cet effort de connaissance qui permet d’être plus conscient
de sa vie – et, d’abord, de ses activités professionnelles, puis de son
état social ; il est logique qu’on en acquière les bases : « lire, écrire »... réfléchir ! – dans l’enfance, logique aussi qu’on poursuive
« tout au long de la vie ». Pour Pelloutier, l’ouvrier (il précise : le
prolétaire en général, tout travailleur qui n’est pas maître de
son travail) doit connaître d’abord le fonctionnement de sa machine,
de son entreprise, de la branche économique dans laquelle elle se
situe et... tout le reste, tant il est vrai que la « culture passionnée de soi-même » ne connaît pas de limites.

Or aujourd’hui ni l’école de base ni l’enseignement professionnel
ni la formation continue n’ont globalement comme fonction de
donner aux élèves la maîtrise de leur existence, professionnelle ou
personnelle ; on pourra objecter qu’il y a des clairières, et chacun
en fera sa liste : une classe d’école maternelle, un cours d’arts plastiques, une course d’endurance, une pure joie mathématique...
Mais au total ? De jeunes adultes amers et résignés, ou, pire, des
« battants », des « professionnels » sans autonomie autre que la
marge qui leur est laissée par les entreprises, des « citoyens » qui
savent qu’il faut ramasser les crottes de chiens ou trier des déchets
(sans le faire), mais qui ne savent pas qu’on peut réagir face à l’injustice... Malgré les efforts de quelques-uns, l’école n’est pas un
lieu d’émancipation. Pour qu’elle le soit, il faudrait qu’elle soit
explicitement orientée dans ce sens. D’ailleurs le terme d’école
n’agréerait sans doute pas à Pelloutier : pour lui, le syndicat,
la Bourse du travail sont des lieux d’éducation également importants, et l’éducation ne s’arrête pas à la porte de l’école.

La brochure est divisée en deux parties : une réflexion en forme de lien entre l’œuvre de Pelloutier et nos questionnements, puis les
textes que Pelloutier a écrits, textes de circonstance, parfois datés, mais dont l’inspiration reste la nôtre. Car si on n’enseigne pas
pour donner les instruments de la liberté (personnelle et collective),
franchement, à quoi bon ?

Les pages que Grégory Chambat consacre au fondateur des
Bourses du travail (avec des aspects non évoqués dans cette
critique) nous ramènent à l’essentiel.

Jean-Pierre Fournier

 
A propos de éditions CNT-RP
Michel Bakounine, présentation de Frank Mintz, 2006, 72 pages. Ce court livre, le second de la collection « Classiques » des Éditions CNT, rassemble deux textes essentiels de Bakounine, « La politique de l’Internationale » (paru en 1868 dans L’Égalité) et « Organisation de l’Internationale » (publié (...)
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