Serge Morisset, qui vient de mourir à 67 ans, aurait pu faire une carrière de photographe de mode. Il a choisi d’être tantôt berger tantôt postier. Mais toujours engagé pour l’émancipation humaine et le jardinage.
Certains « prennent » la lumière ; d’autres la produisent. Il était des seconds.
Dès son arrivée dans la CNT renaissante des années 80 et jusqu’au bout, il a apporté aux tâches communes son dévouement et sa constance : ainsi Le Braséro, que publie encore la Fédération PTT ; sa contribution, parfois décisive, dans le combat syndical contre les sociétés de nettoyage ; la diffusion et le renouvellement de la pensée écologique dans la confédération…
Son engagement vital, il l’avait exprimé dans le message transmis lors de l’hommage à l’exil confédéral espagnol organisé par la CNT parisienne en février 2009 :
En définitive on choisit toujours sa famille sans qu’il soit besoin, jamais, de renier celle qui vous a fait naître. J’ai donc choisi la mienne, indéfectiblement. À vous tous vieux compagnons, vieux lutteurs qui nous ont montré les chemins, non pas comme des statues figées avec des bras de fer mais avec des mains tendues vers des utopies vivantes, merci. Vous les avez fait vivre. Comment pourrions-nous envisager un autre futur en nous contentant de bouffer l’héritage. Nous trouverons bien d’autres bras et encore d’autres pour pousser la pierre et elle tombera ; elle tombera. Les mauvais jours finiront, demain matin ou dans cent ans, il faudra bien que le malheur succombe. Après les vôtres, de toutes nos luttes, malgré les embûches, la répression, les licenciements, les gardes à vue, les sanctions, les reconduites aux frontières, les internements, la misère ou les privations, l’insurrection viendra et tous les pauvres s’y mettront. De vous, les antimilitaristes qui pourtant prirent les armes tant d’années, nous sommes armés bien au-delà de nos fusils rouillés. Après vous qui n’aspiriez à rien tant d’autre qu’à la douceur de vivre, dans le glacis du monde, ce désespoir qui fige nos enfants, devant ce mur qui nous enferme, on arrive. On arrive.
Nous partageons la peine de sa compagne Isabelle, de ses enfants, de ses amis et de tous ses proches. Nous n’oublierons pas notre camarade Serge Morisset.
En tête d’article : Photo prise en avril 1996. Des cénétistes de banlieue dans la forêt de Fontainebleau. Serge est debout à gauche.
Le communiqué disponible en pdf :