Au printemps 2006, le gouvernement UMP de De Villepin tentait d’imposer à la jeunesse et aux travailleurs.euses le CPE (Contrat de Première Embauche), véritable outil de précarisation et de flexibilité du travail, énième réforme destinée à assouvir les velléités de profits du patronat.
Cette année là le mouvement de protestation n’avait pas tergiversé. Au départ des grands campus universitaires, le mouvement s’était rapidement étendu à l’immense majorité des universités du pays, avant que les lycées eux aussi, ne se mobilisent dans la grève, et les blocages. Mais très vite, ce sont les salarié-e-s et les organisations ouvrières qui avaient rejoint la rue pour combattre cette réforme antisociale. Travailleurs et travailleuses en grève, parfois reconductible, dans le privé comme le public, avaient alors mené une lutte acharnée, multipliant pendant des mois manifestations, piquets de grève, et actions de blocage économique.

Le 30 Mars, suite à une action émanant de l’Assemblée Générale du campus du Saulcy à Metz environ 1 000 personnes (étudiant·e·s, lycéen·ne·s, salarié·e·s) avaient occupé, durant plus de deux heures, les voies de la gare SNCF. Malgré la totale réussite, et l’aspect pacifique de cette action, et alors que le cortège s’était retiré de la gare sans violences ni dégradations, le préfet de Moselle avait ordonné une violente charge policière contre les manifestants. Toujours sur ordre du préfet, une seule et unique interpellation avait eu lieu : celle d’un militant de la section universitaire de la CNT de Metz, Fouad.

En janvier 2012, la Cour d’appel de Metz le condamnait définitivement, au pénal, à 500€ d’amendes plus 500€ de frais de justice ; sous prétexte d’avoir été « le meneur de la bande » ! Au delà de cette insulte faite aux étudiant-e-s en lutte, dans le cadre du procès à venir au civil, c’est près de 40 000€ que réclame aujourd’hui la SNCF à notre camarade ! Pourtant, le retrait de ce projet de loi, quelques jours plus tard alors que les actions des travailleurs et des travailleuses se multipliaient partout dans le pays, était venu acter la justesse et la légitimité de ce combat contre la précarité et la casse sociale qui visait en premier lieu la jeunesse.

Il ne fait aucun doute à nos yeux que cette condamnation et les poursuites toujours en cours à l’égard de notre camarade s’apparente à une inadmissible répression du mouvement social et syndical. En effet, si la CNT l’a subie ce jour là à Metz, c’est bien l’ensemble des organisations syndicales et des travailleurs.euses en lutte qui - en cette année 2006 comme lors de tous les combats pour la justice sociale ces dernières années (LMD, LRU, réforme des retraites, destruction des services publics et notamment de l’Éducation...) - a subi une répression judiciaire ou hiérarchique insupportable : mutations forcées, licenciements, mise à pieds, amendes, prison.. Tandis que le PS se targuait d’être l’opposition aux réformes de la droite, ce sont bien les travailleurs.euses en lutte qui ont payé le prix de leur engagement !

Aujourd’hui au pouvoir il est temps pour Hollande et son parti « socialiste » d’assumer !

La CNT-FTE appelle l’ensemble des organisations et des individus, syndiqués ou non, attachés à la défense de nos valeurs de justice sociale, de solidarité et de liberté à apporter leur soutien à notre camarade Fouad Harjane, et à appuyer la légitime revendication d’une amnistie généralisée, et rétroactive sur 10 ans, de tou-te-s les condamné-e-s du mouvement social.

A ce titre elle rappelle également à la ministre et candidate PS de la 1re circonscription de Moselle, Aurélie Fillipetti qu’elle s’est engagée auprès des militants de la CNT Moselle, qui l’ont interpellée vendredi denier à l’occasion de son meeting de campagne, à se « renseigner » auprès du conseil des ministres au sujet de cette revendication.

CNT- Fédération des Travailleurs-euses de l’Éducation