La rentrée des classes est imminente et si le ministre de l’Éducation Nationale, serein, ne manquera pas lundi soir de se féliciter que « Tout s’est très bien passé », il est indéniable que cette réouverture des établissements se fait dans une atmosphère tendue pour les personnels.

Les larges suppressions de postes programmées au printemps dernier par l’institution vont produire leurs effets et alors que le nombre d’élèves scolarisés augmente de plusieurs milliers, ce seront 1500 classes qui ne rouvriront pas ce lundi. Alors que l’enseignement primaire manque déjà d’investissement, le dogme du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite promet encore d’envenimer la situation.

A cela s’ajoute les nouvelles suppressions de centaines de postes Rased qui priveront plusieurs dizaines de milliers d’élèves de l’apport d’enseignants spécialisés.

Dans le secondaire, là aussi les suppressions de postes se comptent par milliers, les classes se surchargent et les conditions d’enseignement se dégradent. Décidément Sarkozy pourra se vanter d’avoir été le Président du sabotage de l’Éducation Nationale.

La généralisation du système CLAIR est également dramatique. Sous couvert d’éducation prioritaire, elle remplace des moyens financiers et humains par l’attribution des pleins pouvoirs au chef d’établissement doublé de promesses sécuritaires. Comme dans le primaire, la caporalisation de la profession se généralise, empiétant une nouvelle fois sur le travail d’équipe et la liberté pédagogique.

Cette rentrée verra aussi de nouveaux professeurs débuter sans formation, dans des conditions relevant d’un véritable rite initiatique, confinant parfois à une forme de bizutage. Un peu comme si pour apprendre à skier on vous poussait dans le dos en haut d’une piste noire. Bien que cette réforme soit vivement critiquée par l’ensemble de la communauté éducative, les grandes lignes restent inchangées afin de grappiller quelques postes par rapport à un système qui aurait permis une formation initiale correcte. Pour compenser le manque d’enseignants, le ministère, après une campagne mensongère qui parlait de la belle vocation de professeur, va recruter des vacataires et des contractuels qui ne connaîtront de l’enseignement que la précarité des conditions de travail. Que dire des Emplois Vie Scolaire soumis au droit privé qui aident, sans formation, les élèves en difficulté et qui peuvent être remerciés sans aucune raison.

La récente crise des dettes nous promet de nouvelles mesures d’austérité qui ne manqueront pas de toucher l’Éducation Nationale tandis que les profits et les plus riches seront une nouvelle fois épargnés par le gouvernement. Il apparaît urgent de défendre le service public et les droits de ses travailleurs, à l’heure où en Europe (notamment en Grèce, Espagne et en France) le statut des fonctionnaires est sérieusement remis en question.

Pourtant nous gardons de l’espoir en cette rentrée. Les luttes récentes dans de nombreux pays nous montrent que les peuples sont toujours capables de se soulever et parfois de renverser leur gouvernement, comme cela vient de se passer dans des pays du Maghreb. C’est pourquoi une nouvelle fois, les syndicats CNT de la Fédération des Travailleurs de l’Éducation feront tout leur possible pour tracer d’autres chemins, que ce soit au niveau syndical ou au niveau pédagogique.