« Nous ne sommes plus des moutons mais des lions ». Prononcées pas Xavier Mathieu, délégué syndical CGT de Continental, ces paroles sont représentatives des luttes actuelles des travailleurs, du public comme du privé, de Molex, Caterpillar, FM Logistic, Scapa, Sony, 3M et autres Faurecia, des hôpitaux aux universités, de tous ceux et celles qui doivent faire face à la violence des attaques de l’État et du patronat.

Aujourd’hui il n’existe pas un secteur épargné par les licenciements, la remise en cause des acquis sociaux, la course à la rentabilité, ou la répression à l’encontre des « contestataires ». Il n’existe pas un droit qui ne soit pas battu en brèche par ceux qui nous dirigent politiquement comme économiquement. Et la réponse à cette vague de violence sociale est à la mesure : piquets de grèves, occupations, actions « coups de poings », séquestrations de dirigeants... Derrière la colère c’est la haine de classe qui ressurgit. Mais du côté des bureaucraties syndicales (CGT, CFDT, etc.) on se contente de soutenir du bout des lèvres ces salariés « trop agités », en évitant les débordements, chacun dans son coin, isolé et affaibli dans des luttes au cas par cas. Cette volonté des grosses centrales de ne pas jouer leur rôle de coordination et de fédération des luttes au niveau interprofessionnel est un frein manifeste à l’action radicale des « lions » de la base et empêche toute avancée concrète au-delà de ce qui est arraché localement... Effectivement, après les journées de grève sans suites immédiates de janvier et mars, la journée d’action décentralisée de fin mai couplée à une manif nationale un samedi en juin, sont la cerise sur le gâteau d’une stratégie perdante qui mènera les salariés vers l’été sans que rien ne change ni s’améliore. Les licenciements continuent de se succéder, les salaires stagnent, les conditions de travail se détériorent, les libertés sont bafouées, les immigrés sont traqués, le système de santé écrasé, l’éducation déstructurée...

Alors l’enjeu n’est plus de nous défendre, de savoir si on recule d’un pas ou de deux, mais de reprendre l’offensive. Il nous faut imposer enfin ce rapport de force qui nous permettra de mettre au pas le capitalisme et sa logique d’exploitation et de destruction. Pourquoi ceux qui produisent chaque jour les richesses que s’accaparent quelques-uns devraient continuer de céder ou de fléchir ? Sans les travailleurs, les patrons et l’État ne sont rien. Ils ne sont que des sangsues, des parasites qui s’engraissent sur notre dos et nous jettent quelques miettes à la figure pour nous faire patienter. Fini le dialogue social de sourd, fini les rencontres à l’Élysée et les négociations au rabais avec le Medef, la CGPME et consorts. Mais pour que cela soit vraiment possible il faudra faire prendre au mouvement syndical un virage à 180° et en faire ce qu’il n’aurait jamais du cesser d’être : un outil formidable de lutte et d’émancipation pour le monde du travail… Même si elle montre les crocs et est de plus en plus présente dans les luttes syndicales et sociales, notre confédération reste encore trop faible numériquement pour imposer seule ce changement. Du coté des syndiqués de base des grandes centrales aspirant à la radicalisation, c’est l’épuisement face au pouvoir de nuisance d’appareils qui risquent d’être encore plus hégémoniques avec les recompositions qui s’annoncent. L’heure est venue de s’unir sur des bases claires et radicales, telles que les propose la CNT. Nous qui assumons le choix d’un syndicalisme minoritaire mais authentique, ainsi que les syndiqués de base des centrales ou les salariés toujours plus nombreux ne se syndiquant plus, nous nous retrouvons déjà tous dans les luttes et dans certaines pratiques au sein de collectifs, coordinations, intersyndicales de boîtes ou de services... Il est temps pour nous tous qui animons concrètement les luttes et refusons un syndicalisme de « dialogue social » de nous regrouper pour faire force ! L’heure est à un syndicalisme de lutte de classe, révolutionnaire, autogestionnaire et offensif.

Construisons-le ensemble pour que la peur change de camp !