De la maternelle à l’université, défendre l’école telle que nous la concevons, c’est défendre les intérêts de ceux et celles qui y travaillent, mais c’est aussi construire une autre école, qui œuvre dans l’intérêt de toutes et tous, élèves comme parents.

Ce n’est pas la poignée de postes ouverts cette rentrée qui va changer le quotidien des élèves, ni les conditions de travail des collègues. Et en ce début septembre, la France pointe ainsi toujours aux plus mauvaises places des taux d’encadrement, sans même parler de la rémunération des personnels. Et le changement ?

Pourtant, avec l’accumulation de vacataires et de contractuels laissés par les anciens ministères, le gouvernement tenait là un vivier d’enseignants aptes à augmenter la présence auprès des élèves. La titularisation de ces personnels est bien sûr une priorité ! Mais pas de changement en vue.

En attendant, le ministre joue la diversion avec un nouvel aménagement des rythmes scolaires. S’il est évident que la situation actuelle n’est pas satisfaisante, il est illusoire de croire que cette simple réforme puisse être réellement déterminante. Quel sera son effet sur des enfants accueillis en garderie parfois dès 7h du matin et jusqu’à 19h ? Plus que le simple rythme scolaire c’est bien la question du rythme de vie de l’enfant et de sa famille qui se pose. D’ailleurs si le ministre veut s’attaquer aux rythmes scolaires, il nous paraît important qu’il clarifie ce que sera le rythme dans la classe même.
Pour l’instant, il ne semble pas vouloir remettre en cause le système de compétences construit par ses prédécesseurs. Pourtant celles-ci, en découpant chaque activité en micro-domaines, induisent le bachotage, empêchent la prise en compte de l’apprentissage dans sa globalité et ne permettent pas aux enfants d’apprendre en s’épanouissant. Alors que nombre de pays qui, il y a 20 ans, s’étaient engagés dans cette direction, en reviennent aujourd’hui, le nouveau ministre va-t-il continuer à réduire la notion d’éducation à des statistiques déconnectées de toute réalité ? Oser changer de pédagogie, ce serait bien là un véritable changement dans le rythme des enfants !

Malgré un constat d’échec, peu d’annonces concernant l’éducation prioritaire si ce n’est l’évocation d’une refondation ultérieure. En attendant, le dispositif Éclair, ayant simplement vocation à être « repensé », reste en place et ses règles actuelles sont maintenues à la rentrée ! La suppression de ce dispositif managérial et dérégulateur, reste pourtant un préalable incontournable. Le changement, ça viendra !

Du côté de la formation, le ministère ne semble pas non plus vouloir revenir sur la masterisation des concours de l’enseignement et on ne peut compter sur les quelques milliers d’emplois d’avenir promis pour réellement ouvrir, à tous, les possibilités de poursuites d’études jusqu’à bac + 4. Par ce statu quo, il entérine l’écrémage social dans le recrutement enseignant. Et ça, ça n’est pas près de changer !

Le flou est tout à fait artistique aussi sur l’accompagnement des élèves handicapés. Les EVS et AVS ne savent toujours pas quel sort leur sera réservé à moyen terme. Ces personnels qui, pour certains, ont développé leur savoir-faire pendant 5 ans, se retrouvent sans rien du jour au lendemain, laissant les élèves et les équipes enseignantes face au bon-vouloir des administrations locales. Là aussi, ces véritables besoins doivent donner lieu à des créations de postes statutaires. Le changement c’est pour quand ?

Et si on parlait des changements attendus par les AED, victimes d’une hiérarchie omnipotente ? Ou de l’arrêt du fichage généralisé des élèves et des personnels ? Et même, soyons réalistes, exigeons une école qui enseigne des savoirs polytechniques dans un esprit de coopération ! Une école ouverte sur les familles et les quartiers !

Nous avons dû trop souvent combattre l’an passé dans nos établissements, en réunion syndicale ou ailleurs, un attentisme bienveillant de nombreux collègues vis à vis de cette alternance électorale. Désormais, les choses sont claires, nous n’obtiendrons rien sans efforts ni rapport de force. Et ça, ça ne changera jamais !