Les masques sont tombés. Tant pis pour ceux qui entretenaient encore quelques illusions sur les auxiliaires du capitalisme arrivés au pouvoir en mai. Il aura donc fallu attendre quelques mois avant que le gouvernement ne déclenche vraiment les hostilités, avec les annonces de la rentrée et le discours présidentiel du 18 septembre dernier. Fini le discours pseudo-social qui flattait dans le sens du poil les « espoirs du peuple », comme la loi sur le pouvoir d’achat, avec la disparition des droits de succession ou la défiscalisation des heures supplémentaires, qui apparaissent sous leur vrai jour, des cadeaux destinés en fait à enrichir les riches.

La cible est maintenant bien définie, les promesses électorales seront tenues. En collaboration étroite avec le patronat de choc, qui applaudit à l’annonce de la future dépénalisation de ses délits, les nouvelles lois et propositions ont un objectif bien clair : disparition progressive du droit de grève, remise en cause systématique des 35 heures, du contrat de travail garantissant un minimum de droits, des conventions collectives, allongement du temps de travail et de la durée de cotisation. Sans parler du matraquage médiatique dénonçant ces salauds de fonctionnaires, parasites surpayés qui, bien sûr, pèsent tant sur le budget de l’État, sur nos impôts donc. Diminuer le nombre de fonctionnaires, instaurer le salaire au mérite, et acheter le départ de certains en les alléchant avec une prime. Pourquoi ne pas les inciter au suicide… Et sans oublier non plus le renforcement toujours plus totalitaire de la législation contre les étrangers, la chasse aux clandestins, les contrôles d’empreintes ADN.

Pour l’instant, la pilule passe, dans l’agitation médiatique et l’occupation du terrain tous azimuts, où la pipolisation en tant que mode de gouvernement remplace l’analyse et la réflexion. Quand les seules perspectives d’explications résident dans le sort inhumain… des pauvres ministres qui souffrent tant pour tenir les engagements. De la détresse de ceux qui en souffrent réellement, dans leur chair et dans leur tête, pas un mot, les victimes sont forcément coupables. Comme le sont sans doute les chômeurs licenciés sur l’autel du profit, et qui s’engraissent lâchement avec les aides octroyées généreusement par les Assedic.

Et, par-dessus tout cela, le sport qui joue son rôle d’étouffoir social, d’opium du peuple, avec la sacralisation des valeurs réactionnaires de l’effort et le culte du drapeau. On se soucie plus des aléas du sélectionneur, ci-devant futur secrétaire d’État, que d’une femme qui passe par la fenêtre parce que la police est devant la porte !

On aurait même pu espérer que l’attaque frontale contre les régimes spéciaux de retraite allait agir comme le chiffon rouge sous le nez du taureau. Tant la ficelle est grosse. Il faut croire que les syndicats de cheminots ont envie de se hâter avec lenteur, sans doute pour ne pas prendre la coupe du monde en otage… Sans doute les enjeux de la représentativité sont-ils plus importants que la défense des droits. N’empêche que la riposte doit être à la hauteur des coups reçus. Il n’est même plus question de troisième tour social, mais réellement de la guerre sociale, qui, restée un certain temps en sommeil, doit se réveiller. Il faut chasser ce gouvernement qui organise la misère, la soumission de plus en plus grande au patronat, qui instille la peur, qui veut diviser encore plus les travailleurs pour qu’ils s’opposent les uns aux autres plutôt que lutter contre l’ennemi commun. Ils nous déclarent la guerre, sachons leur répondre en rendant coup pour coup. Nous n’avons pas besoin d’eux, ils ne peuvent se passer de nous !

Jean Giskan CNT Éducation 75