Depuis 2002, l’Etat Sécuritaire c’est 30 lois qui forgent et renforcent l’Etat Policier. Répression généralisée, criminalisation des contestataires, judiciarisation des conflits sociaux, politique xénophobe d’immigration : à l’Intérieur ou à l’Elysée, Sarkozy et ses collaborateurs ont verrouillé le pays avec les vieilles recettes idéologiques de la Droite. L’UMP peut alors appliquer son régime de classe, en faveur des possédants contre les travailleurs, sans le moindre contre-pouvoir !

Déferlement sécuritaire : contrôle, surveillance et répression

D’abord quelques exemples, concernant 10 des textes ayant participé de cette dérive consommée :
- LOPSI 1 (2002) : généralisation des flash-balls, accès policiers aux fichiers informatiques avec possibilité de croisements.
- Perben 1 (2002) : extension des comparutions immédiates et détentions provisoires à partir de 13 ans, création de centres éducatifs fermés, abolition de la loi sur la « présomption d’innocence ».
- LSI (2003) : politique d’incarcération, allongement des peines existantes et création de nouveaux délits (racolage, halls d’immeuble, outrage à l’hymne et au drapeau, etc.).
- Perben 2 (2004) : pose de micros et caméras dans les domiciles, infiltration policières, perquisition de nuit, allongement des gardes à vues à 4 jours (même pour les mineurs), aggravation des peines pour délits en « bande organisée » (notion floue).
- Antirécidive (2005) : aggravation des lois précédentes, restriction du pouvoir des juges, prison obligatoire, limitation du sursis avec mise à l’épreuve et des réductions de peine.
- Antiterrorisme (2006) : multiplication de la vidéosurveillance, accès des sections antiterroristes aux données privées et à l’ensemble des fichiers, augmentation des contrôles d’identité, fichage automatisé avec croisement de ceux existants, extension des actes concernés, alourdissement des peines et allongement des gardes à vues.
- « Prévention de la délinquance » (2007) : pouvoirs policiers accrus pour les maires, création de nouveaux fichiers et délits (embuscade, guet-apens), aggravation des peines pour rébellion.
- Antirécidive (2007) : peines planchers, systématisation des incarcérations.
- « Rétention de sûreté » (2008) : enfermement hors décision judiciaire après l’exécution d’une peine supérieure à 15 ans, par un comité scientifique évaluant le pré-crime.
- Décret anticagoules (2009) : interdiction de dissimuler son visage dans ou autour d’une manifestation, pour permettre le fichage et la reconnaissance biométrique.

Plus qu’un traitement de la délinquance ou du sentiment d’insécurité, cette accumulation sécuritaire a aussi instauré la présomption de culpabilité où chaque citoyen est un suspect à surveiller et à contrôler. Surtout pour les contestataires qui s’opposent, les syndicalistes qui agissent, les travailleurs qui luttent, ou les altermondialistes qui fauchent de l’OGM. « Dormez braves gens » : l’Etat-patronal protége les belles vitrines du capitalisme. Une trentaine de lois sécuritaires, donc, qui n’empêchent pourtant pas Hortefeux d’en demander toujours plus. Car bien qu’incomplète, la liste précédente ne s’arrête malheureusement pas là. Le dimanche 18 octobre, Sarkozy et Hortefeux valident par décret 2 nouveaux fichiers policiers (+70% en 3 ans de leur nombre !). Après « Edvige », l’un d’eux veut ficher dés 13 ans les membres de « bandes » et « groupuscules subversifs » selon des critères géographiques, avec possibilité de recueillir les appartenances ou activités politiques, philosophiques, religieuses et syndicales. Le pré-crime par la pensée, les délits d’opinion et de fréquentations s’installent !

De nouveaux textes sont également en préparation :
- Loi « contre les violences de groupes » : réactivation de la « loi anticasseurs » (1970, abolie en 1981) avec condamnation d’appartenance et « responsabilité pénale collective ». Les cibles sont les banlieusards, les altermondialistes, les syndicalistes et les manifestants.
- LOPSI 2 : renforcement des outils policiers et durcissement des mesures contre les « violences collectives »
- Enième « réforme de la justice des mineurs » accentuant encore le répressif, suppression du juge d’instruction avec transmission du pouvoir aux procureurs sous l’autorité du ministère…

Des grognes sociales aux frondes contestataires

Le « gouvernement de la peur » veille et surveille. Mais l’escalade répressive est aussi forte que la montée quotidienne des colères sociales. Pas de mystère : le sécuritaire est le bras armé du Capital comme de la politique qui le sert. Car le ras-le-bol s’étend et concerne en effet bon nombre de catégories, des classes les plus pauvres aux classes moyennes, parmi les salariés et les chômeurs dont les combats se radicalisent souvent ou disparaissent devant l’autisme d’un Pouvoir tout-puissant.

Derrière le 25e drame de France Télécom (privatisation et management par le stress) c’est un suicide tous les 2 jours qui est lié au salariat. Des conditions de vie et de travail dégradées et aliénantes, un chômage de masse et les licenciements qui explosent, des salaires et indemnisations en baisse, le tout allant du déclassement à la paupérisation : les travailleurs sont saignés jusqu’à l’indécence. Le système par répartition et les services publics sont brisés à coup de « réformes », d’assèchement économique et de « guerre d’usure ». Pendant qu’une poignée en haut de la pyramide s’en met plein les poches : bonus records pour traders, indemnités chapeaux pour banquiers, bénéfices colossaux pour la finance et les multinationales, royalties exceptionnelles pour grands patrons, exonérations de cotisations et subventions massives pour entreprises, niches et boucliers fiscaux pour privilégiés… Le refrain se répète et s’aggrave, mais ce n’est pourtant que l’urgence d’un constat.

Les profondes inégalités sociales creusées depuis bientôt 40 ans sont aujourd’hui des « tranchées de classe », avec des miradors policiers pour protéger les puissants des révoltes populaires. Les conflits sociaux se multiplient inévitablement et se durcissent devant le cri des injustices, du public au privé, des ouvriers aux cadres, des jeunes aux plus âgés. Hommes et femmes d’horizons divers étant violemment touchés par l’accaparation bourgeoise des richesses, face à la cohérence d’une logique capitaliste qui détruit la planète autant que l’humain.

Alors à tous les orphelins d’Utopie, aux travailleurs désespérés par l’avenir et aux résistants qui s’organisent dans le désert médiatique : c’est ensemble fédérés que nous gardons le seul espoir de renverser les pouvoirs qui nous oppriment ! De façon autogérée et solidaire, anti-autoritaire et libertaire : il est plus que temps pour les prolétaires de se rassembler et de passer à l’action.
- Rejoignez les organisations, associations et syndicats qui luttent ;
- Reconstruisons ensemble les liens sociaux perdus et les armes égalitaires de la Solidarité ;
- Réinvestissons sans hiérarchie nos lieux de vie et de travail, occupons les rues et les bâtiments stratégiques, et inventons collectivement la société émancipée de demain.

Puisque nos existences nous appartiennent, demain est notre affaire à tous.

http://cntbesancon.wordpress.com/2009/11/02/des-injustices-bien-vivantes%E2%80%A6la-lutte-des-classes-n%E2%80%99est-pas-morte%C2%A0/