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Collectif 66 des CUI de l’Éducation

Lettre à Mme Ségolène Neuville

mardi 7 octobre 2014, par Emile

Lettre à Mme Ségolène Neuville
Secrétaire d’État chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion

Lettre à Mme Ségolène Neuville
Secrétaire d’État chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion

Madame,

Nous nous adressons à vous à la fois en tant que secrétaire d’État au handicap et à l’exclusion et en tant que députée élue à Perpignan.

En effet, notre collectif, créé depuis maintenant 7 ans n’a de cesse de pointer auprès des administrations locales, les irrégularités et injustices que subissent les personnels employés en CUI ou AED et particulièrement dans l’Éducation Nationale puisque nous sommes des syndicats de travailleurs de l’Éducation. Il nous semble que les contrats CUI, contrats uniques d’insertion s’adressant à des personnes ayant perdu contact avec le monde du travail ou n’y étant encore jamais rentrées, devraient être des contrats offrant un enrichissement suffisant pour provoquer le retour ou passage à l’activité.

Or, même si les postes occupés sont parfois suffisamment intéressants, les formations dispensées sont rarement dignes de ce nom et se limitent la plupart du temps au retour à Pôle Emploi, à la confection d’un CV par exemple. Les personnes employées en CUI sont non seulement rendues responsables de leur formation, mais encore culpabilisées, quasiment menacées de les mener à bien. Leur remplacement n’est pas prévu. Elles doivent donc trouver des formations sur leurs plages de repos, s’inscrire elles mêmes sur Gaïa, et ne sont pas toujours indemnisées de leurs frais de déplacement.

Quant à la rémunération, elle n’est en aucun cas motivante, SMIC sur contrat de 24h la plupart du temps, 20h pour les AED, ce qui revient à 600 euros nets par mois !

Nous vous demandons de bien vouloir réexaminer cette situation, d’autant plus et d’autant mieux qu’une partie de ces personnes en situation de précarité, travaille auprès d’enfants eux-mêmes en insertion. Pour ces enfants en difficulté scolaire due à un handicap, des classes CLIS et ULIS ont été mises en place avec des professeurs spécialement formés mais les personnes qui les assistent dans leurs gestes quotidiens, qui les accompagnent dans leurs cours, ne sont quant à elles pas formées. Ces personnes qui se découvrent parfois une vocation sont extrêmement demandeuses de formation et souvent de manière pressante, s’interrogent sur les pathologies des enfants. Si on leur offre une séance de portrait chinois pour les aider à faire un CV, où est la formation professionnalisante répondant à leurs besoins, leurs questions de travailleurs ? Où est le tremplin vers l’activité, suffisamment extraordinaire et valorisant pour justifier que l’employeur ne paye pas sa part de charges, le salaire socialisé de l’employé ?

De plus, ces contrats précaires collent à des besoins pérennes, que ce soit à l’administration, en Vie scolaire, en CLIS et ULIS et le fait de faire tourner le personnel sur ces emplois est un gâchis d’énergie, de ressources, d’auto formation. Le gâchis est encore une fois plus évident chez les AVSI qui créent le rapport de confiance avec un enfant et doivent le quitter pour faire place à une autre personne à son tour non formée.

Les établissements spécialisés coûtent beaucoup plus chers que ne coûtent un professeur spécialisé et un AVS sous payé intégrés à une école ou un collège lambda.

Pour que les contrats « aidés » ne soient pas une aide uniquement pour l’employeur, pour que ce ne soit pas encore toujours les mêmes à qui on demande de faire des efforts, pour que les économies ne soient plus faites sur les mêmes citrons que l’on presse, pour vous préparer à nos refus des dérégularisations du travail de plus en plus offensives, s’il vous plaît, agissez. Mettez en chantier cette question des personnes, la plupart d’entre elles des femmes, qui sont employées sur des contrats honteux, dits « d’insertion », qui ne leur offrent qu’un salaire de survie les rendant dépendantes d’emprunts, qui ne leur offrent aucune formation tremplin, qui ne les soutiennent qu’une année, voire deux et qui leur fait l’aumône de plus si elles ont elles mêmes un handicap !

Si vous trouvez comme nous que ces conditions « d’emploi » ressemblent de plus en plus à de « l’esclavage », si vous avez honte d’essayer d’imaginer la vie de travailleurs précaires à 600 ou 800euros par mois que l’on culpabilise et que l’on rend responsables de leur malheur, des mauvais choix politiques et de société, faites-vous le lien au moins avec le Ministère de l’Éducation Nationale.

Certes le gouvernement a promis des CDIsations mais les annonces gouvernementales de l’été 2013 tardent toujours à se formaliser. Si l’accès à un CDI est prévu par le décret soumis au CTM de l’Éducation Nationale du 13 Mai dernier, les conditions sont tellement restrictives (6 ans d’ancienneté en contrat AED) qu’elles sont loin de permettre la pérennisation de ces emplois.
De plus, le nouveau métier d’AESH (accompagnement d’élèves en situation de handicap) reste à créer, alors que les personnels en attente de ce nouveau statut, pour certains depuis plus d’un an, ont démarré leur CDI en septembre.
A besoins pérennes, emplois pérennes. Nous demandons la formation et la titularisation des personnes déjà employées ainsi que la création de nouveaux postes.

L’ensemble de ce sujet nous paraît relever de votre charge gouvernementale, certes partagée avec le Ministère de la Santé. A ce titre, nous comptons sur vous. Nous en appelons de plus à vos engagements tant auprès des femmes que des personnes handicapées.

En espérant avoir été suffisamment convaincants, et disponibles pour une rencontre sur les Pyrénées Orientales, veuillez recevoir, Madame, nos salutations collectives.

Voir article : Le collectif AESH des Pyrénées-Orientales.

http://www.cnt-f.org/cnt66/spip.php?article954