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SOIREE JEAN JAURES

Jaurès

samedi 2 août 2014, par Emile

Jaurès

énigme de l’Histoire
Jaurès
toi qu’on salue partout comme le chantre de la paix
ta mort déclencha la guerre
et quelle guerre !
la plus sale
la plus meurtrière
Jaurès
paradoxe encore
issu d’une humble famille de petite bourgeoisie rurale
tu devins
l’emblème des grandes luttes sociales
des grands enjeux politiques et idéologiques de ton temps

un de ces hommes qui comptent
dans la mémoire des peuples

C’est que Jaurès
était de cette trempe d’homme
dont on fait des enfants

cet enfant qui courait dans les champs et les bois
de la Fédial
la ferme des brebis
enfant paysan
enfant méritant
parcours universitaire
intello-paysan
déjà la parole comme porte-flambeau
déjà l’orateur des causes perdues
des causes à gagner
faisant vibrer sa terre
sa langue son pays
l’ossature d’un rêve
celui d’un socialisme agraire
rassemblant les héros de la misère

paysans journaliers métayers
mineurs ouvriers
grévistes de toute origine
Il fallait être enfant
pour oser l’utopie
pour croire à un socialisme à visage humain
penser l’évolution de la société
sans passer par la casse

la prémonition de la guerre
ne l’empêchait pas de vouloir la paix
comme une logique de liberté

Il fallait être enfant
de la plus belle espèce
pour traverser
tous les sortilèges de l’ Affaire
sans perdre le fil de la justice

Jaurès aurait voulu rallier toutes les contradictions
dépasser les conflits

il parvint toutefois
à rassembler toutes les tendances du socialisme
à unifier une classe ouvrière
en lutte contre l’oppression capitaliste

Insurgés
ils avaient contre eux le sabre et le goupillon

Ils étaient pourtant la noblesse des peuples
révoltés mineurs de Carmaux
verriers d’ Albi
créant leur propre structure autogérée

gens de barricades de meetings gigantesques
il ne leur manquait qu’un Jaurès
tribun des campagnes
orateur d’ Assemblées
il tirait la puissance des mots
d’une juste analyse politique
et de cette passion qui anime les indignés
ceux qui pensent
qu’en tout homme
veille le genre humain
Il fallait être enfant
pour voir la paix au bout de ce tunnel d’injustices
de manigances politiques
de reniements du Droit

Il fallait être enfant
pour parvenir à évoluer
dans ce chemin de haine
dans cette frénésie de pouvoir
que donne le leurre de l’argent

Jaurès à travers le dédale de l’ Affaire Dreyfus
recherchant les preuves de l’innocence
bousculant ses propres préjugés
biaisés au laminoir
des projections de classe
pour ne plus voir dans cet officier
que cet homme meurtri
trahi déchu
"qu’un homme dépouillé
réduit à la plus humble humanité"

Jaurès artisan avec Briand
d’une loi de compromis sur la laïcité
qui s’avère encore aujourd’hui
être un socle infaillible

Jaurès
créateur de l’ Humanité
emblème d’unification du Mouvement Socialiste
se battant
pour le droit d’accès du monde ouvrier à la vie politique

je vous salue Mr Calvignac !

Jaurès
se battant pour la liberté de conscience
faire de chacun l’artisan d’une démocratie

Jaurès enfin
se battant viscéralement contre les injustices
et le racisme
s’engageant avec passion contre la guerre
comme en ce jour du 31 juillet 1914
prêt à enchaîner sur un nouveau "J’accuse"

Jaurès
brutalement assassiné par la haine nationaliste
au café du Croissant
rue de Montparnasse
dégustant une glace à la fraise entre amis

sa mort
laissant libre cours à la guerre
au grand massacre de 14-18

Jaurès
comme un cri de colère
dans une prémonition du temps des tranchées

colère
face à l’insupportable des "gémissements étouffés"
à la clameur des "révoltes muettes"

Jaurès
cet homme
qui croyait en l’Homme
comme y croient les enfants

qui pensait l’ Homme de demain
comme un enfant de la Terre

Jo Falieu

16 07 2014

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Vers la Paix

Combien de fois en avons-nous rêvé
combien de fois
à voir se massacrer les hommes
à voir tant de misères et d’injustices
au mépris de l’être humain
la paix
bien sûr il ne suffit pas d’en rêver
il faut la vouloir avec hargne
avec passion
en allant puiser au fond de soi son plus profond courage
en bousculant des montagnes d’ignorance
des abysses de peur enfouies
Pour la paix il faut du cœur
de la bravoure de l’audace
du doute aussi des incertitudes
et pourtant la ténacité
celle de porter la fleur au fusil
de crier son désespoir
de dire sa détermination
les vérités qui vont au cœur des choses
et battent le tambour dans la jungle des tricheurs

la paix se gagne par le cœur, par le respect
par une haute idée de l’autre
par cette ouverture
qui fait bouger les spectres de la peur
et qui donne l’audace de vivre
dans la clarté
dans l’empathie dans la certitude du vrai

Fleur d’œillet au canon fleur de joie à la boutonnière
jasmin
un cortège de roses
et l’espoir...
il faut marcher
dans le silence et dans la nuit pour voir s’ouvrir le ciel
pour voir planer
l’oiseau de paix
la colombe de Picasso sur un rond de sardane.

marcher
dans la lumière et sentir battre le cœur des foules
le cœur des peuples qui cogne
dans le ventre des enfants qui souffrent
des femmes qui pleurent pour un amour perdu
et qui se battent aussi
pour que vienne la paix
La paix
ce long chemin
face à l’iniquité au cynisme
à la fureur
à ce désir de puissance qui berce le tragique

Je hurlerai devant vos murs qui sont le signe de la haine
devant vos châtiments
et le désordre d’une logique de fer
qui cisaille la vie
La paix comme une tâche immense
démesurée
comme un combat sans fin
comme un tunnel
qui n’en finit jamais
mais qui chante l’espoir
Écoute dans ta solitude
comme s’allument les étoiles
avec ce sourire hors du temps
qui fait décrocher les spirales interdites
dans un ciel de feu
faire claquer les portes de la conscience
dans les déserts de soufre
dans les forêts de l’ombre
dans les larmes folles du vent
lorsque s’inclinent les arabesques de la haine

Écoute comme se forment les serments
pour qu’un cœur gonflé d’amour étouffe les silences
Pas à pas dans la nuit des hommes
s’émargeront les degrés de l’espoir
comme une marche inéluctable
vers la Paix

Jo Falieu

21 02 2012