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Les camps de prisonniers espagnols, 1939- 1945

ODYSSÉE POUR LA LIBERTÉ

A PARAÎTRE mi août 2014

dimanche 27 juillet 2014, par Emile

ODYSSÉE POUR LA LIBERTÉ

Les camps de prisonniers espagnols, 1939- 1945

Marie-Claude Rafaneau-Boj

342 pages + un cahier photos / 20 €

Originaire du Sud-Ouest, licenciée ès lettres, Marie-Claude Rafaneau-Boj a baigné depuis son plus jeune âge dans la culture hispanique. Odyssée pour la liberté est la première étude complète sur le drame des républicains espagnols.

« L’Espagne n’est plus l’Espagne, dit tristement le poète Miguel Hernandez, les larmes aux yeux ; c’est une fosse commune, un cimetière immense, tout rouge et bombardé. C’est ainsi que l’ont voulu les barbares. »

Fuyant la guerre civile, 500 000 Espagnols déferlent sur la France, entre le 27 janvier et le 12 février 1939, pour y trouver refuge... Terre d’asile, la France reste fidèle à la tradition. Mais le pays d’accueil prend vite l’aspect d’un pays concentrationnaire.

Ciel, mer, sable, fil de fer barbelé, troupes coloniales allaient être désormais l’horizon de ces réfugiés, la souffrance et l’humiliation leur calvaire quotidien...

Sept décennies plus tard, qui s’en souvient ? Personne, ou presque. Il est alors urgent de leur rendre justice...

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Lorsque le livre de Marie-Claude Rafaneau-Boj est sorti, en 1993, il était parmi les premiers à paraître, en France et en langue française, sur les premières années de l’exil politique espagnol, situées en prolongement des années de guerre et de révolution en Espagne. Jusque-là, il existait peu d’études historiques proprement dites sur l’exil espagnol en France, alors qu’en Espagne les travaux avaient commencé à être publiés au milieu des années 1970.

Dans le pays où les républicains espagnols s’étaient réfugiés en 1939, c’est essentiellement au tournant des années 1989-1990 que des recherches émergent, dans des ouvrages collectifs publiés quasi simultanément. La quasi-totalité des écrits sur l’exil émanaient alors des exilés eux-mêmes, parus en nombre depuis les années 1960 et portant notamment sur l’expérience des camps français, en métropole ou en Algérie, sur les camps nazis et sur l’ensemble des années de la Seconde Guerre mondiale, marquées par la difficile arrivée en France, le travail forcé dans les Compagnies de travailleurs étrangers, la guerre dans des unités militaires françaises, l’engagement dans la Résistance ou la déportation.

Marie-Claude Rafaneau-Boj a entrepris de reprendre, compléter et développer son mémoire de maîtrise présenté à l’université Paris-7 en 1979, en s’appuyant sur les archives alors disponibles, sur la presse française contemporaine des événements, sur les nombreux témoignages écrits et les entretiens qu’elle a réalisés elle-même. Et elle retrace la longue odyssée qui commence avec la révolution manquée en
Espagne et se poursuit en France jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Une première partie rappelle les différentes vagues de réfugiés espagnols venus en France tout au long de la guerre d’Espagne, en fonction de l’évolution des fronts. Un retour en arrière permet de comprendre l’évolution politique de l’Espagne depuis la proclamation de la République en 1931 et l’importance de l’enjeu espagnol dans les relations internationales d’une période marquée par la montée en puissance des fascismes.

Les troisième et quatrième parties abordent les conditions de l’arrivée des réfugiés en France, l’univers de type carcéral des camps, les brimades et les épidémies, mais aussi le travail dans les Compagnies et Groupements de travailleurs étrangers ou l’enrôlement dans la Légion étrangère ou dans l’organisation Todt. L’auteur suit les parcours des internés depuis les camps – encore plus répressifs sous le régime de Vichy – jusqu’aux maquis de la Résistance, aux réseaux de passage clandestins des
Pyrénées ou dans les rangs de la 2e division blindée, au sein de la Nueve, compagnie longtemps oubliée lors des commémorations ultérieures de la libération de Paris.

Même si des recherches postérieures ont pu préciser différents aspects de cette histoire, de cette « odyssée », notamment diverses monographies portant sur des camps précis, le livre – qui ne fait pas mystère de son caractère engagé – est complet, agréable à lire, et marque, sans doute possible, une étape dans cette redécouverte progressive d’une page d’histoire douloureuse longtemps occultée.

Geneviève Dreyfus-Armand