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LA CHANSON DE CRAONNE

mercredi 10 novembre 2010, par cnt66

LA CHANSON DE CRAONNE

L’auteur des paroles de cette chanson est toujours demeuré anonyme. Lorsqu’en 1917, elle a commencé à circuler dans les tranchées, la légende veut que les autorités militaires aient offert la démobilisation immédiate et 1 million de franc-or à qui le dénoncerait, mais en vain.

La musique de Charles Sablon a été composée avant la guerre pour une chanson d’amour enregistrée par Emma Liebel en 1911, et qui s’intitule "Bonsoir m’amour". J’en ai mis un couplet et un refrain ainsi qu’un extrait musical, en bas de page, pour que vous puissiez mieux comprendre l’origine de cette chanson exceptionnelle.

Quand au bout d’huit jours le r’pos terminé

On va reprendr’ les tranchées

Notre place est si utile

Que sans nous on prend la pile

Mais c’est bien fini on en a assez

Personne ne veut plus marcher

Et le coeur bien gros comm’ dans un sanglot

On dit adieu aux civ’lots

Même sans tambour même sans trompette

On s’en va là haut en baissant la tête

REFRAIN

Adieu la vie adieu l’amour

Adieu toutes les femmes

C’est bien fini c’est pour toujours

De cette guerre infâme

C’est à Craonne sur le plateau

Qu’on doit laisser sa peau

Car nous sommes tous condamnés

Nous sommes les sacrifiés

Huit jours de tranchées huit jours de souffrance

Pourtant on a l’espérance

Que ce soir viendra la r’lève

Que nous attendons sans trêve

Soudain dans la nuit et dans le silence

On voit quelqu’un qui s’avance

C’est un officier de chasseurs à pied

Qui vient pour nous remplacer

Doucement dans l’ombre sous la pluie qui tombe

Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes

REFRAIN

C’est malheureux d’voir sur les grands boul’vards

Tous ces gros qui font leur foire

Si pour eux la vie est rose

Pour nous c’est pas la mêm’ chose

Au lieu de s’cacher tous ces embusqués

F’raient mieux d’monter aux tranchées

Pour défendr’ leurs biens car nous n’avons rien

Nous autr’s les pauvr’s purotins

Tous les camarades sont enterrés là

Pour défendr’ les biens de ces messieurs-là

DERNIER REFRAIN

Ceux qu’ont l’pognon ceux-là r’viendront

Car c’est pour eux qu’on crève

Mais c’est fini car les trouffions

Vont tous se mettre en grève

Ce s’ra votre tour messieurs les gros

D’monter sur le plateau

Car si vous voulez faire la guerre

Payez-la de votre peau

BONSOIR M’AMOUR

Paroles : Raoul LE PELTIER

Musique : Charles SABLON

Un joli teint frais de rose en bouton,

Les cheveux du plus beau blond,

Ouvrière humble et jolie,

Ell’ suivait tout droit sa vie,

Lorsqu’un jeune homm’ vint, comm’ dans un roman,

Qui l’avait vue en passant,

Et qui, s’efforçant de la rencontrer,

S’était mis à l’adorer.

Et, timide, un soir que la nuit tombait,

Avec un sourire il lui murmurait :

REFRAIN

« Bonsoir m’amour, bonsoir ma fleur,

Bonsoir toute mon âme !

O toi qui tient tout mon bonheur

Dans ton regard de femme !

De ta beauté, de ton amour,

Si ma route est fleurie,

Je veux te jurer, ma jolie,

De t’aimer toujours ! »