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Sur le front des Antilles !

Martinique ,jeudi 5 mars 29e jour de grève générale !

vendredi 6 mars 2009, par cnt66

Après la grande manifestation de lundi 2 mars, je n’ai pas noté d’évènements susceptibles de modifier la situation. L’élan populaire, que l’on pouvait croire amoindri, est resté intact même si de toutes évidences la vie quotidienne devient chaque jour plus difficile. Il y a chez la plupart la rage de vaincre (« cé pou la vikwa nou kalé » ) , de ne pas céder un pouce sur les revendications, surtout après un mois de grève fait de sacrifice.

L’état des négociations

Certes il y a des avancées concernant par exemple les familles de produits de premières nécessités. Et sur les salaires, un accord sur l’augmentation des bas salaires de 200 euros a bien failli avoir lieu. Sauf qu’à chaque fois, au dernier moment, la partie patronale tente de finasser grossièrement en avançant une contre proposition qui compromet tout accord. Ainsi cette augmentation de 200 euros exclurait selon la partie patronale, plusieurs secteurs professionnels. Les « couyonnades » de ceux qui prétendent représenter les employeurs ne font qu’attiser la colère populaire et rendre encore plus radicale la détermination des manifestants. Le porte-parole du Collectif, Michel MONROSE a rappelé, sous les vivats, que l’ensemble des revendications devra avoir fait l’objet de négociations et d’accords avant que l’on puisse envisager une levée de la grève.

Ce jeudi, on a appris après 44 jours de grève la fin du conflit en Guadeloupe. Le LKP a été assez intelligent pour faire reconnaître une commission de suivi qui veillera à l’application de l’accord. Ici en Martinique, on se dit qu’on a fait que 29 jours et que par conséquent il faudrait faire encore durer la grève si l’on veut obtenir la même victoire que nos camarades guadeloupéens.

On apprend aussi que les manifestation et la grève à la Réunion ont commencé, pris en mains par le PCR

L’attitude des représentants du patronat

Visiblement il a peu l’habitude de telles négociations. Il a tout d’abord refuser de sièger et il a fallu l’intervention du Préfet pour qu’il s’installe sérieusement à la table des négociations. Un exemple de cette irresponsabilité : lors de l’évocation d’un sujet comme la téléphonie, le représentant d’une société, après un assez long tour de table, déclara ne pas avoir mandat pour discuter de telles questions ! Et là encore le Préfet lui demanda de partir et de revenir avec un mandat de négociateur…

Revenu au bout d’une semaine de grève à la table des négociations, la partie patronale n’eut de cesse de tergiverser, de tenter de ferrer le poisson en misant sur sa lassitude. Mal lui en a pris. Devant les émeutes que provoquaient ses finasseries, ce sont les élus et même le Préfet qui le mirent devant ses responsabilités.

Même devant des faits et des demandes concrètes, le représentant de France Télécom à qui l’on parle tarifs, évoque, lui, « la bonne couverture de la Martinique » par rapport à certains département de métropole.

La question de l’eau, qui est une manne pour de grandes compagnies, et sur laquelle celles-ci refusent pratiquement toute concession sur les abonnements et les tarifs, risque de perdurer car le Collectif a réussi à obtenir de l’Etat l’établissement d’une commission d’étude et d’enquête sur la qualité et le coût de l’eau.

Encore une « affaire » digne de celle de la SARA, actuellement objet d’une enquête, qui va sans nulle doute, faire scandale.

Le patronat - ou ses prétendus représentants - en Martinique ? L’art de la situation intenable pour finalement se tirer une balle dans le pied….

Comment peut-on vivre en béké dans cette île ? Comment font-ils pour supporter tant de haine, être autant insultés et méprisés ?

Barrages et piquets de grève.

Mardi et surtout Mercredi des appels ont été faits, à la Maison des Syndicats, pour renforcer ou relever les piquets de grève établis derrière les barrages qui ferment les accès aux zones commerciales. L’appel a été fait par noms de barrages et différents groupes se formaient donc pour aller à tel ou tel barrage. C’est une majorité de femmes qui se sont portées volontaires. Cela allait de la ménagère, à l’étudiante, à la retraitée en tee shirt rouge du Collectif jusqu’à la dame élégante, chapeau, sac à mains et lunettes noires.

A Champigny sur la commune de Ducos, plusieurs véhicules de police et leurs passagers étant arrivés, sans doute pour tenter de faire déguerpir les piquets mais plus probablement pour tater le terrain, font face à de nombreuse femmes qui les toisent et sont prêtes à en découdre.

J’ai toujours pensé que, dans une grève ou des manifestations, la présence des femmes est déterminante, montre de toutes façons la gravité d’un conflit. Et quand elles sont en tête comme cela, rien ne peut les arrêter. Les gendarmes en chemisettes se sont cantonnés à l’autre bout du rond-point, arborant un pauvre sourire de circonstance…

Vie quotidienne (suite)

Mercredi, ayant pu faire enfin le plein d’essence, je me suis permis une baignade à la plage où je n’avais pas remis les pieds depuis près d’un mois. J’étais au milieu des touristes, tous blancs. Reposant. « Riri, viens prendre ton goûter », « Tu as encore oublié la crème solaire, mais c’est pas vrai ! » etc. Un peu bruyant quand même quand ils s’interpellent d‘une serviette de plage à l‘autre : « J’existe ! » « Moi, aussi ! » etc.

Oui c’est bien gentil tout ça. Mais moi, n’ayant pas un forfait hôtel-restaurant, il me faut trouver quelque chose à manger. Comme tous les magasins de la grande distribution sont bloqués et qu’il n’y plus rien ou presque dans les petites épiceries, le régime est plutôt végétarien. Pas de viande, ni œufs, ni fromage, ni farine, ni riz.Quant au poisson on peut tenter sa chance en guettant le retour d’une barque de pêcheur. Et on prend ce qu’il y a, sans choisir, bien sûr.

Mercredi j’ai trouvé un petit morceau de porc au marché du Lamentin au prix convenable de 8,25 euros le kg. Jeudi je suis allé cherché du lait à la coopérative laitière Du François. 1,50 euro le litre contre 1,80 euro d’habitude. C’est quand même un prix anormalement élevé. A revoir.

Demain vendredi je vais tenter d’acheter du poisson aux Anses d’Arlets. Le vendredi c’est le jour du poisson, non ?

A la maison il reste un kilo de riz, deux kilos de pâtes et des fruits et légumes de toute sorte. Un régime de bananes en face la maison tarde à murir. Des haricots verts « kilomètre » couvrent une tonnelle mais ne donnent qu’une poignée de gousses tous les deux jours. Pas de giraumon en ce moment. Et peu d’œufs des poules. Il reste dans le jardin les plantes condimentaires : coriandre, basilic, aneth, oignons-pays… et les fruits de la passion.
Nemo 36 37