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Edito du Combat Syndicaliste n° 337( mars 2009)

Vers un printemps des luttes ?

lundi 2 mars 2009, par cnt66

Un des enjeux du mouvement social actuel est de poursuivre la mobilisation du jeudi 29 janvier 2009. Le 29 janvier, dans toute la France, plus de deux millions de travailleurs et de travailleuses se sont mis en grève et ont manifesté. Dans toutes les grandes villes, mais aussi dans nombre de moyennes et petites villes, des manifestations monstres ont défilé dans les rues

La question est donc de savoir quelle suite donner à cette réussite ? Quelles perspectives donner à cette journée de grève interprofessionnelle au-delà d’un simple avertissement au gouvernement et au patronat, au-delà d’un chèque en blanc donné aux bureaucraties syndicales pour aller parler en notre nom ? Après la réussite d’une telle journée, ce n’est ni dans les urnes, ni autour d’une quelconque table de négociation que les suites auront lieu, mais c’est dans la rue que ça se passe !

Il y a urgence !

Urgence, car la fameuse « crise du capitalisme », qui n’est en réalité pour lui qu’une phase de réajustement, s’est très vite transformée en une crise sociale dont les salarié-e-s en sont les premières victimes et en payent les frais ! Alors, non, ils ne nous feront pas payer leur crise ! Dans le privé des milliers de travailleurs sont victimes de licenciements et se retrouvent à la rue. Dans tous les secteurs professionnels, la précarité ne cesse d’augmenter. Dans la fonction publique, les suppressions de postes vont bon train. L’État prévoie la suppression de 30 000 postes en 2009, dont 13 500 rien que dans l’Éducation nationale. Plus généralement, les services publics connaissent dans leur ensemble de nombreuses attaques qui s’apparentent à un véritable démantèlement. Cela va indéniablement dégrader nos conditions de vie, que nous soyons salariés de la fonction publique ou encore plus simples usagers. Les services publics sont pourtant indispensables pour répondre aux besoins de notre société et de la population. Et nous savons que les premières victimes de la dégradation des services publics sont les classes populaires. Le développement des services publics par la défense de leur qualité et de l’emploi constitue donc une question centrale. Enfin, pour tous, salariés du public comme du privé, c’est la baisse du pouvoir d’achat, dans une société pourtant de plus en plus riche, qui rend pour beaucoup, les fins de mois difficiles. Le passage à l’euro, le « gel » des salaires dans la fonction publique et l’inflation ont provoqué une baisse du pouvoir d’achat et une augmentation des inégalités. Cela reflète plus généralement une augmentation croissante des inégalités au niveau du partage des richesses produites. Alors il est temps que la mobilisation prenne de l’ampleur pour faire que la peur change de camp.

Des mobilisations, il y en a !

Telle celle, par exemple, des aides-soignant-e-s et infirmier-e-s du pavillon N des urgences de l’hôpital Édouard Herriot à Lyon, en grève reconductible durant 55 jours pour défendre leurs conditions de travail et plus largement un service public de santé digne et de qualité ; celle des personnels du secteur social qui s’opposent aux attaques sur leur convention collective et plus largement sur la remise en cause des objectifs de leur métier où la logique est encore la même, moins d’accompagnement et plus de contrôle social et de répression ; celle encore des personnels de l’Éducation nationale, qui partout en France, depuis la grève massive du 20 novembre 2008, multiplient, en commun avec les parents d’élèves, les actions pour la défense d’un service public de qualité ; et puis celles, ici ou là, des travailleurs du privé qui se battent pour éviter les plans sociaux, contre les pressions à travailler le dimanche ou encore pour obtenir des augmentations de salaires.

Face à toutes ses revendications, on nous répond que c’est la crise, qu’il faut se serrer la ceinture... pourtant de l’argent, il y en a dans les caisses du patronat ! Et dans les caisses de l’État aussi, qui n’hésite pas à accorder un plan de relance de 26 milliards d’euros pour les banques et les entreprises alors que cela fait des années qu’on nous fait pleurer avec un « trou de la sécu » prétendument de 20 milliards ! La question est donc celle des choix, choix de répartition des richesses, choix de société. Soit on privilégie les profits et les bénéfices des classes dirigeantes, soit on améliore les conditions de vie de tous par un plus grand accès aux richesses produites et à des services publics de qualité. Cela passe par l’instauration d’un véritable rapport de force social avec l’État et le patronat. La grève générale massive du 29 janvier peut en être un point de départ. Attendre par contre le 19 mars pour lancer une nouvelle journée de mobilisation, comme l’a décidé l’intersyndicale nationale préférant privilégier la rencontre et les négociations avec le chef de l’État le 18 février prochain, est bien trop tardif. On doit battre le fer tant qu’il est chaud ! On l’a déjà dit, ce n’est pas dans les salons du pouvoir qu’on obtiendra satisfaction mais en luttant dans la rue, dans nos quartiers, nos entreprises, services et administrations. Alors, que ce soit face aux bureaucraties syndicales, à l’État ou au patronat, foutons-leur la pression. Multiplions les actions et mobilisations à la base, continuons à étendre le mouvement afin que les prochaines grèves nationales soient encore plus imposantes.

À terme, la CNT sait et milite pour en finir avec ce système économique inégalitaire et pour en finir avec l’ordre social en place. Face au système capitaliste inégalitaire, répressif et destructeur, la CNT construit un rapport de force syndical et social dont la grève générale reconductible apparaît comme un moyen apte à imposer l’émancipation des travailleurs et travailleuses. La CNT répondra donc à l’indécence capitaliste par la lutte ! Pour la fin de la course aux profits sur le dos des travailleurs, pour la redistribution des richesses, la CNT travaille à la transformation révolutionnaire de cette société !

David CNT éduc 69
Publié le 2 mars