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Refondation du capitalisme , selon Sarkosy

Le capitalisme fiancé du président :

dimanche 11 janvier 2009, par cnt66

Lors de sa récente intervention au Colloque « Nouveau monde, nouveau capitalisme » (sous-titre : « Ethique, développement, régulation »), qui s’est tenu à Paris, à l’initiative d’Eric Besson, en présence notamment de Michel Rocard, d’Angela Merkel et de Tony Blair, Nicolas Sarkozy a exposé la nouvelle philosophie politique qui l’inspire.
Il n’a pas osé la baptiser « Pour une morale de l’ambiguïté », car le titre était déjà pris, mais son discours (cliquer sur la date du 8 janvier), qu’il faut subir oralement a posteriori (on n’en trouve pas trace écrite intégrale) avec ses lapsus (« prostérité » au lieu de « prospérité », etc.), ses mots avalés ou prononcés de travers, ses clins d’œil appuyés en direction de Michel Rocard, sa lecture saccadée et sac à dos (celui de Guaino), est à la fois pénible et significatif de l’idéologie mise en place en catastrophe avec l’apparition de « la crise », un phénomène exogène et anxiogène.
« Parce que le monde change, nous devons changer ! » annonce fièrement le président de la République : signe d’un aveu d’impuissance alors que cette « crise » était déjà là, sous-latente, dès son élection, comme la neige camouflée dans les nuages plombés.

(Captures d’écran de PR TV le 8 janvier 2009.)

Quel est le grand responsable de tout ce qui nous est tombé dessus (après la chute du mur de Berlin et celle des Twin Towers) ? « Le capitalisme financier » ! Oui, mesdames et messieurs ! Non, ce n’est pas un pléonasme !
Car « le capitalisme financier a perverti la logique du capitalisme » ! Cette phrase est un véritable bijou : il existerait donc un capitalisme non financier (comme des SDF ayant des domiciles fixes, après avoir été dûment fichés, ou des congères de neige en sable sur une plage de Marseille) qui, suprême vilenie, aurait « perverti » (à l’image d’un pédophile en liberté) la « logique du capitalisme », qui n’est évidemment pas celle de s’occuper d’argent, de rentabilité, donc d’exploitation de l’homme par l’homme.
Vous allez dire : c’est quand même un peu gonflé ! Le capitalisme, c’est amasser du capital en faisant fructifier la plus-value retirée du salariat et des profits basés sur la circulation des marchandises. Mais non !
Car, nous assène le président de la République, « si on n’est pas d’accord sur ce constat-là, alors on n’est d’accord sur rien ! » On n’a pas le choix ! Autrement dit, vous tombez alors dans l’opposition et peut-être bientôt dans l’insurrection, gare à vous, mes gaillards !
« Le capitalisme financier donne la préférence aux signes de la richesse sur la richesse elle-même » (finalement ce serait le règne du paraître sur l’avoir, celui de la montre sur l’heure ?), clame notre orateur. « C’est un système d’irresponsabilité, je vais employer un mot fort, c’est un système amoral. »
Oui, tout le monde a bien entendu, il s’agit d’un système « amoral » ! Quelle accusation ! Quel imprécateur ! Ainsi le capitalisme (financier) avait été totalement dépourvu de « morale » jusqu’au 8 janvier 2009 (certes, Nicolas Sarkozy avait déjà annoncé à Toulon sa « refondation » au niveau mondial, mais la diatribe n’était pas allée si loin). Il était temps de le remettre sur les rails kantiens d’une morale aux mains pures !
Mais « la crise », alors ? Attention : « La crise du capitalisme financier n’est pas la crise du capitalisme. Le remède à la crise (Il est minuit, docteur Sarkozy !) que nous connaissons n’est pas l’anticapitalisme. L’anticapitalisme est une impasse. On doit moraliser le capitalisme, non pas le détruire. Il ne faut pas rompre avec le capitalisme, il faut le refonder. »
Si ce discours n’avait pas existé, il aurait fallu l’inventer.